Classe de CP/CE1 - Ecole publique de Mellac (Finistère)
Rencontre avec le peintre Henri Girard
lors de la visite de son exposition la chapelle des Ursulines de Quimperlé.
A la fin février, je remplace une enseignante en congé de maternité, j’y resterai jusqu’à la fin de l’année scolaire. Ayant découvert et apprécié à Quimperlé, ville voisine, une exposition de peinture "Au four et au moulin" d’Henri Girard, je prends contact avec le service culturel afin que les enfants la découvrent également. Le responsable me propose alors de visiter l’exposition en présence de l’artiste.
Je choisis, afin de ne pas orienter le regard, la perception des élèves, de ne pas préparer cette visite avec eux ; je leur donne simplement des consignes pour être bien attentif, ouvrir les yeux, fermer la bouche !

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Vous avez regardé les tableaux, les objets. Avez-vous des questions à me poser ?
Pourquoi tu as fait tous ces tableaux ? J’ai découvert par hasard les couches à pain, ce sont des bandes de toile sur lesquelles la pâte gonfle avant de passer au four. Au bout de quelques années, les pâtons laissent des traces. Quand je les découvre, elles sont pleines de farine, de toiles d’araignées etc… Je les nettoie à grande eau puis doucement avec un grattoir et j’essaie de traduire leur histoire sur ou à côté de la toile.
Quand ? J’ai commencé à peindre à l’huile à 11 ans, j’habitais à Lesconil, c’est un port. Qu’est ce que j’ai peint d’après vous ? Des bateaux. Oui, j’ai peint des bateaux, des poissons, des pêcheurs au travail; j’ai dessiné. Dès la sixième, j’ai suivi les cours de l’école des Beaux-Arts, le jeudi après-midi à Quimper. Plus tard, je suis devenu professeur de dessin.
Quel âge as-tu ? D’après toi ?
Est-ce que vous aimez ce travail ? Tu as raison d’utiliser le mot travail. Le matin, je vais dans mon atelier, je prépare mes pinceaux, mes couleurs et je travaille tous les jours de 7 h à 12/13 heures. L’après-midi, je sors, j’ai toujours des carnets de croquis et je prends des notes pendant mes promenades. J’ai des tiroirs pleins de ces carnets.
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Comment avez-vous fait «ça» ? (triptyque sacs papier) J’ai trouvé ces sacs de farine dans le moulin, j’ai collé des papiers puis dessiné au brou de noix. Pourquoi la peinture blanche, d’après vous? comme la farine. Là, (panneau du fond), ce sont des sacs très anciens, il y a la date : 1959, ils étaient dans le grenier, ils sont intéressants parce que «c’est écrit», parfois je recouvre l’écriture, parfois, je la laisse en partie.
C’est quoi ? de la toile, comme des petits sacs, avec de petites oreilles, comme sur les sacs de farine, pour les porter.
Regardez ce qui est collé. (grand disque sur sacs de toile) Qu’est-ce que c’est ? du carton, comme un pain.
Et le rond pour vous que représente-t-il ? une lune multicolore, une bille, un ballon. Quelle impression cela donne-t-il ? ça tourne. Comme une grande roue.
Qui est entré dans un moulin ? Il y a des machines, des roues, les rouages du moulin, les courroies qui les relient sont en perpétuel mouvement. La musique que vous avez entendue au début, c’est le bruit, le chant du moulin. Dans l’autre salle, vous voyez les partitions, celle du musicien et la mienne : j’ai recouvert la partition du musicien avec du calque et, avec des couleurs, j’ai peint ma partition en protégeant celle du musicien ; les deux se superposent.
Combien y a-t-il de sortes de moulin ? à vent, à moteur, les ailes, c’est pour le moulin à vent, il y a aussi les moulins à eau, aujourd’hui ils fonctionnent à l’électricité.
Il y a 3 grands panneaux, un blanc, un rouge, un noir mais c’est une seule peinture, un triptyque. Il y a du carton coloré et collé sur le blanc et le noir, un peu sur le rouge, c’est ce qui relie les 3 parties. Que voit-on sur le dessus du pain ? des traces. Ce sont les marques du boulanger, chaque boulanger a sa marque personnelle. Il y a du carton mais que voyez-vous encore ? des morceaux de ficelle. Pourquoi d’après vous ? des fenêtres accrochées, ce sont des reprises. Autrefois les boulangers reprisaient leurs sacs. Les fils vont d’une reprise à une autre comme un ruisseau, un chemin, d’un enclos à un autre, pour se promener dans la toile.
Les petites taches, ce sont des moutons ? , non, c’est le chant du moulin, les notes de musique colorées (Henri Girard «chante le moulin»), et les coutures, pour l’assemblage des sacs, c’est ma femme qui les réalise, elle collabore avec moi.
Notes prises pendant la rencontre le Jeudi 30 avril 2009
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