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En Chantier n°6: Vive le slam ! Un projet pour écrire, lire et dire ensemble

Un article d'Antoine Cicocella, école Alsace, Lunéville (Meurthe et Moselle) CE2-CM1

 

D’où vient le mot slam ?

Ce mot vient de l’anglais «claquer». Le slam, c’est de la poésie ouverte à tous. Elle claque quand on la dit en rime et en rythme. Le slam est né dans les années 80 aux États-Unis. Un écrivain de Chicago, Marc Smith a organisé le premier des compétitions de poésie dans un bar, à la manière d’un combat de mots. Ce mouvement s’inspire de la contestation littéraire des années 70.
Pour en savoir plus, une «fiche d’invitation à la recherche documentaire» est disponible sur le site de l’ICEM (titre : le slam)


Et dans notre école

Un jour de mars, Monique Cailloux, ancien professeur de français, débarque à l’école pour nous proposer un atelier slam. De mon côté, je suis ravi, car j’ai envie depuis un bout de temps de me lancer avec les élèves dans la création poétique.
On se met d’accord pour organiser des groupes par demi classe, par séance de 45 minutes. Puis on se lance dans l’aventure intérieure : écrire pour plonger dans son âme.


Slamer …. pour quoi faire ?

Le slam permet à chacun d’apprendre à écrire un texte libre et personnel ; d’apprendre à développer l’imaginaire, l’humour, la créativité par la recherche de rimes ; d’apprendre la confiance en soi à l’oral comme à l’écrit et l’entraide ; et d’apprendre à prendre la parole de façon rythmée pour dire un texte dont on est fier d’être l’auteur.


Comment faire ?

Première séance : les premiers pas

Dans un premier temps Monique propose de travailler l’expression corporelle : dire «Je m’appelle» avec les mains, les yeux, le corps et la voix. Ensuite, nous nous plaçons en cercle pour jouer à «l’association d’idées». Cela permet d’apprendre à être attentif aux mots et aux idées de chaque camarade. Par exemple : Jean-Michel dit : «Je m’appelle Jean-Michel, j’aime la moto». Le voisin dit ce que le mot «la moto» évoque pour lui : «vitesse». Les autres camarades ajoutent chacun leur tour un mot qu’ils associent au même mot. On fait ainsi un tour complet, en rythme.

Dans un deuxième temps, le 2ème voisin dit sa phrase de présentation «Je m’appelle Sitti, j’aime ma maman». Les autres disent à leur tour ce que le mot «maman» évoque pour eux.
On peut varier la prise de parole : debout, assis, avancer d’un pas à l’intérieur du cercle pour dire son mot et reculer ensuite d’un pas…

Ensuite, dans un troisième temps, on passe à table pour… écrire. La situation de présentation aide les enfants à écrire le premier slam. Chacun se remémore sa phrase de présentation. La consigne est : «Ecrire 4 vers en rime en respectant le même nombre de pieds pour chaque vers». C’est alors que tout le groupe se met à compter en tapotant de ses doigts sur la table pour trouver le nombre de pieds suffisant ! Une gestuelle naturelle qui fait claquer les doigts, les langues, qui libère la parole et qui nous fait tous rire !

Monique et moi, nous passons auprès de chaque enfant afin d’aider à rédiger, à imaginer une rime en «EL» pour Emmanuel ou en «ANE» pour Carolan. Le plaisir d’écrire, de raconter sa vie ou d’inventer des rimes est palpable dans la salle. Les 45 minutes déjà terminées, nous proposons aux volontaires de venir dire leur slam devant la classe.


Deuxième séance : écrire un petit livre

La semaine suivante, chaque élève recopie au propre son slam puis le saisit sur ordinateur. Le but est triple : garder une trace de son slam, le présenter de façon agréable sous la forme d’un petit livre et le publier aux éditions Célestines sur le site www.petitslivres.free.fr créé par l’école Fédérico Garcia Lorca de Vaulx-en-Velin. Ainsi, l’objet fabriqué valorise le travail écrit. De plus, chacun motive l’autre et se prépare à prendre le micro.

La deuxième séance arrive.
Monique propose cette fois de travailler la prise de parole. Au cours de la séance, chacun est invité à monter sur une estrade ressortie de la cave pour l’occasion (!) et à saisir le micro pour prendre la parole devant toute la classe. Mise au point sur la manière de parler en public, de débuter et de finir son slam. A la fin, chacun commente et donne ses conseils dans le souci d’améliorer la prise de parole.


Troisième séance : prendre la parole

Mardi suivant, les petits livres ressemblent à une œuvre collective. Nous avons publié deux petits livres aux éditions Célestines et la joie s’empare de la classe. Je suis admiratif de constater avec quel plaisir et quelle motivation chaque enfant s’empresse d’écrire avec envie, utilisant des outils comme le dictionnaire, le répertoire orthographique. Tout le monde s’investit pour se corriger, chercher le mot qui manque pour trouver la bonne rime, aider le camarade en panne de rime. Un bonheur partagé !
Monique propose à nouveau de repousser les limites de nos petits slameurs et slameuses : elle les invite à écrire non pas 4 mais 8 vers. A nouveau, on se triture les méninges, on sue du bocal, on est à l’affût de la bonne rime, on aiguise nos stylos, on cherche l’orthographe de tel ou tel mot et la conjugaison de tel ou tel verbe.
En guise de conclusion, nous proposons de reprendre le micro mais en s’enregistrant cette fois-ci : fous rires garantis. Avant de terminer l’atelier slam, nous envisageons d’organiser un goûter slam pour révéler aux parents, aux voisins de l’école et aux enfants des petites classes nos talents cachés ! L’euphorie et le bonheur d’écrire ensemble me poussent même à écrire un soir deux slams pour le plaisir.

Quatrième séance : le goûter-slam où tout le monde prend le micro

Jeudi après-midi, parents et voisins de l’école invités pour l’occasion sont bien là !
La scène est montée dans le gymnase reconverti pour l’occasion en scène ouverte au slam. Pendant une demi-heure, le micro passe de main en main pour une dernière répétition générale. Plus loin dans le préau, un autre groupe prépare des tables pour le goûter qui accueillera tout ce beau monde après le spectacle. Les tables se remplissent de gâteaux et de boissons.
Puis, la musique invite le public à s’installer. Le spectacle va commencer. Un tableau blanc permet à chaque slameur de s’inscrire avant de monter sur la scène. Avec Monique, je me transforme en maître de cérémonie, le temps de présenter le projet, les partenaires et les petits livres.

Monique déclare la scène ouverte : c’est avec jubilation et appétit que chaque slameur, chaque slameuse un peu fébrile devant le public, monte sur la scène, attrape le micro et se lance fièrement dans son slam. Ils jouent tous le jeu. Ils font tout simplement plaisir à voir et à entendre. Le micro passe de main en main, presque sans interruption. Il y a Nasma, de sa voix fluette, qui raconte sa vie : elle adore travailler et nous tend un sourire éclatant ; elle, qui, il y a deux mois quittait Castres pour débarquer à l’école. Quel changement et quel plaisir de la vouloir radieuse et sans complexe ! Il y a aussi Akif, dont les copains se moquent. Il force le respect avec son slam énergique et courageux car il passe le premier. Et tant d’autres slameurs et slameuses heureux d’être montés sur scène pour quelques minutes de fraîcheur, de vérité et de reconnaissance.
Au bout d’une heure, la parole s’est libérée, la peur de se présenter face au public a disparu, la joie de slamer s’est répandue comme un parfum d’encens sur l’assemblée. Monique clôture la scène par un slam d’hommage aux enfants. Je la rejoins sur scène pour un dernier slam.

Le slam a conquis le cœur des petits et des grands. On a goûté au slam, maintenant on va goûter pour de vrai aux délices apportés par tous !

Rendez-vous est pris après les vacances pour écrire d’autres slams vers d’autres publics. Pourquoi pas vers les personnes âgées de la maison de retraite du centre ville ?

Je m’appelle Adeline
J’aime la pêche à la ligne

Attraper des sardine
Avec Lise ma copine

J’aime aussi la piscine
Et Esther ma cousine

Et j’ai une belle machine
Pour faire de la cuisine

Adeline 10 ans


Je m’appelle Elias
Et je suis un as
J’aime l’ananas
Avec de la glace

J’aime aussi le foot
Quand je joue en aôut
J’ suis numéro sept
J’enfile mes chaussettes

Et je veux jouer
Car je veux gagner !

Elias 9 ans

Ce travail a été réalisé par le groupe Doc2d (Recherche documentaire au second degré)
Pour nous contacter : bt[arobase]icem-freinet.org
Pour en savoir plus sur notre groupe :  cliquez ici!

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