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logo ressource btn L'alchimie et l'Eglise catholique

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Dans :  Histoire-Géo › 
Mai 2002

A la recherche de la perfection divine, l'alchimiste a pu plaire à l'Église - tant que ses hypothèses ne menaçaient pas les bases de la religion - ou ses finances !

L'alchimiste et l'Église catholique      

L'Église n'est pas systématiquement hostile à l'alchimie et aux alchimistes.
La plupart d'entre eux sont de bons chrétiens et considèrent leur science comme un art sacré. Ils font référence à Dieu dans leur conduite personnelle et au cours de leurs expériences.
Dieu est souvent cité dans leurs œuvres :
"C'est donc de Feu et de Terre que Dieu doit former l'univers" peut-on lire par exemple dans un traité d'alchimie.
"Tout ce qui existe et vit possède une âme. Qu'est ce que l'âme, sinon une partie de l'âme divine" proclame Paracelse, qui ajoute :
"La transmutation est une régénération de l'âme humaine. Grâce au feu, elle permet de passer de l'imperfection à la perfection. C'est là le but suprême de l'alchimie : la purification de l'âme,  les métamorphoses de l'esprit. Ainsi, l'alchimiste doit-il être un croyant sincère, il doit vivre harmonieusement, s'affranchir du mensonge, être dépourvu d'ambition, ne jamais tremper dans aucune entreprise coupable".

La régénération de l'âme s'opère par la quête de la perfection, par la recherche d'un métal parfait.
L'Église prétend que depuis le Péché Originel, les âmes sont perverties et que l'homme est livré à la déchéance. Il faut donc rechercher la pureté pour se rapprocher de Dieu.
Les opérations de l'alchimiste ne sont que les différentes étapes de la purification de l'âme humaine.
Ainsi, l'alchimiste apparaît-il comme celui qui transforme le mal en bien. 

Le pape Jean XXII condamne l'alchimie en 1317

 

La mesure peut paraître curieuse : ce pape aurait été lui-même un alchimiste.
On prétend qu'à sa mort, il aurait laissé la somme énorme de 25 millions de florins et un livre significatif: l'Élixir des Philosophes.

Sa condamnation vise en fait les "souffleurs", les faux alchimistes qui fabriquent une imitation d'or. Ce sont de vulgaires faussaires. Leur audace va trop loin car par ce moyen, ils fabriquent de la fausse monnaie et trompent le peuple.
La bulle du pape est explicite : "Nous ordonnons que ces hommes quittent pour toujours le pays, ainsi que ceux qui ont fait battre de l'or et de l'argent et qui sont convenus avec les trompeurs de leur payer cet or".

Des alchimistes pourchassés

Certains alchimistes sont inquiétés par l'Église pour leurs travaux.
Le tribunal de l'Inquisition s'en méfie. C'est que par leurs travaux, par leurs propos, ils peuvent mettre en cause les bases de la religion.
Ces recherches mystérieuses véhiculent parfois des idées qui peuvent conduire à douter de Dieu. Et les hommes d'Église sont prompts à voir l'action du diable dans ce qu'ils ne comprennent pas.

Nicolas Flamel, quant à lui, a toujours eu la sagesse de faire bénéficier de ses largesses l'Eglise et ses œuvres. Il se comporte en bon chrétien, donne généreusement aux pauvres, aux hôpitaux, aide à embellir les églises proches.
Il utilise de toute manière le langage de la foi chrétienne et semble animé d'une mystique toute religieuse.
"L'accomplissement du Grand Œuvre, écrit-il, rend l'homme bon, il arrache en lui les racines de tous les péchés, notamment l'avarice. L'homme devient alors généreux, doux, pieux, croyant et craignant Dieu. Car dorénavant, il sera de plus en plus pénétré de la Grâce et de la Miséricorde de Dieu ainsi que de la profondeur de son œuvre merveilleuse".

alchimie Eglise

Paisibles, des anges musiciens
veillent sur les entrées et sorties
de la maison de Nicolas Flamel

 

Source : 
BT 1138 "Nicolas Flamel, alchimiste" (mai 2002)
Crédit iconographique : 
photo : Catherine Chabrun