
Entre vérité cachée et légendes, qu'est-ce qu'un alchimiste ? Un chercheur pré-scientifique, un mystique en quête de perfection, un escroc?
Qu’est-ce qu'un alchimiste ?Il n’existe pas vraiment de définition précise de l’alchimie. L’alchimiste peut être regardé comme un chercheur engagé à la fois sur les voies de la science physique, chimique, métallurgique, astronomique, et sur les voies de la quête de Dieu, de la perfection, certains ont dit de l’absolu. L’alchimie a intéressé aussi bien les Européens, les Chinois, les Indiens et les Arabes, entre le VI° siècle avant notre ère et le XVI° siècle. Pour le grand public, elle demeure étroitement liée à la transmutation des métaux, notamment des métaux «vils» en or, à la guérison des maladies, à la quête de l’éternelle jeunesse: richesse, santé, immortalité sont les vieux rêves de toute l’humanité, auxquels l’alchimie et les alchimistes déclaraient apporter des réponses. En France vécurent de nombreuses personnes, seigneurs, membres du clergé, bourgeois, qui s’en réclamaient*. |
* Nicolas Flamel fut de ceux-ci. Qui était-il? quelle fut son œuvre ? qu’était vraiment l’alchimie? |
On a vu devenir alchimistes des gens du peuple, des religieux et des laïcs, des hommes et des femmes, des châtelains et des paysans, des gens de toutes confessions. Ce fut le cas de Nicolas Flamel : Nicolas Flamel avait acquis en 1357 un très grand et très ancien manuscrit, enrichi d’enluminures, de «Abraham le Juif, prêtre et prince, astrologue et philosophe». Ce manuscrit comportait des textes, des signes et des illustrations qu’il ne parvenait pas à comprendre. Pendant plus de vingt ans, il essaiera, mais sans succès, de trouver quelqu’un qui pourrait l’aider à déchiffrer l’ouvrage. Maître Canches connaît les clés qui permettent d’accéder à la compréhension du manuscrit. Il accepte d’accompagner Nicolas Flamel à Paris. Malheureusement, âgé et malade, il meurt en cours de voyage, à Orléans. Mais Flamel en sait maintenant assez pour entreprendre des recherches en partant des indications portées dans le manuscrit. |
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Des règles très strictesLes règles de l'alchimie ont été édictées par Albert le Grand, maître de l’Université de Paris (vers 1193 -1280). Elles se résument ainsi : - L'alchimiste sera discret et silencieux. Il ne révélera à personne le résultat de ses opérations.
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Dans la basilique romane de Saint Jacques de Compostelle. |
L’alchimie à travers l'histoireEn Chine, l’alchimie trouve ses sources dans le savoir de la métallurgie : l’athanor est le descendant du fourneau du forgeron. L’alchimie, en tant que telle, y est attestée dès le IV° siècle avant notre ère. La quête de la pierre philosophale permet de devenir un dieu ou de s’en approcher. L’immortalité en fait un but principal. L’Inde a également connu une alchimie liée davantage à des pratiques spirituelles et corporelles individuelles qu’à des expérimentations physiques ou chimiques de laboratoire. En Egypte, à Alexandrie, au III° siècle avant notre ère, la société grecque développe des croyances alchimiques dont les origines peu claires pourraient découler de contacts avec des communautés alchimiques orientales, indiennes par exemple. Les auteurs se réfèrent au monde des dieux et des héros antiques : Hermès, Thot, Isis, Orphée sont porteurs d’expériences et d’aventures alchimiques. Plus récemment, vers la fin du VIII° siècle, apparaît l’alchimie arabe*. |
* alchimie est un mot d’origine arabe pouvant signifier, selon les auteurs, la fusion ou la terre noire
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De grands nomsQuelques grandes figures scientifiques du Moyen-âge, théologiens, médecins, astronomes, philosophes, s’intéressent à l’alchimie. Parmi ceux-ci, citons : Geber (voir ci-dessus) grand savant né vers 720, décédé vers 800 (ou 815), tenta de mettre les mathématiques au service de l'astronomie. Il découvrit un certain nombre de corps chimiques : l'acide sulfurique, l'acide nitrique, l'eau régale*. Ses travaux figurent dans plus de 300 manuscrits. Albert le Grand ( 1193-1280) fut évêque, savant et philosophe. On lui a décerné le titre de "Docteur universel". Esprit rigoureux, doté d'une grande curiosité, son activité fut très importante. Il étudia les sciences de la nature, descendit dans les mines pour connaître les minéraux, publia un traité sur les végétaux dans lequel il décrivait plus de 400 espèces. Il publia également des ouvrages tels que "De la vie et de la mort", "De l'esprit vital et de la respiration", "Du sommeil et de la veille". Roger Bacon (1212-1294) fut l'un des plus grands savants de son époque. Il portait un très grand intérêt aux recherches expérimentales et s'intéressait à la transmutation des métaux. Arnaud de Villeneuve (1245-1313). Avec ce chercheur l'alchimie devient philosophie. Il affirme que les astres jouent un rôle très important dans le déroulement des expériences. Raymond Lulle (1235-1315). On l'a surnommé "le Docteur illuminé". Il cherchait à convertir à la religion catholique le plus grand nombre possible d'infidèles. Il a écrit un très grand nombre d'ouvrages et en particulier traitant de la pierre philosophale. |
* Eau régale : constitué de deux parties d’acide nitrique et d’une partie d’acide chlorhydrique, ce produit est capable de dissoudre l’or. |
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minerai de cuivre (Chessy-les-Mines) |
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Le texte intégral de la BT 1138 en documentaire téléchargeable : "Nicolas Flamel, alchimiste "