Recherche archives : Pour les enseignants, Célestin Freinet, revue, 1958

« Un des plus beaux Congrès de notre Mouvement, et, en tous cas, un des plus décisifs», écrivions-nous à cette même place, il y a un an, après le Congrès de Nantes. Et nous écrivions la même chose après le Congrès de Bordeaux, et après le Congrès d'Aix,

Pourvu que les scoliastes ne se saisissent pas, un jour prochain, de la Radio-Télévision Française !

Un camarade nous écrit :

J'ai lu ton dernier Dit de Mathieu et je suis profondément peiné de te voir attaquer ainsi tous les l. P. Tu ne fais pas un cas particulier, et, pour qui ne connait pas les ennuis que tu as à l'Ecole, tu les attaques tous en général. A mon avis, tu as eu tort et tu ne devrais pas ainsi nous les mettre tous à dos pour la bonne raison qu'ils ne le méritent pas tous ».

Nous sommes, les instituteurs, clans la situation peu enviable d'un berger qui serait condamné à garder son troupeau dans la même combe stérile où paissent depuis cent ans des générations de brebis : défense de laisser les bêtes s’aventurer vers la montagne, dans la réserve du reboisement que surveillent les gardes. A gauche, un champ de seigle que les brebis ne doivent pas piétiner.

Dans deux mois, notre Congrès battra son plein. Il sera ce que nous l'aurons fait par une préparation minutieuse, depuis longtemps commencée.

Si je veux que mon chevreau puisse devenir plus tard une bonne chèvre, apte à suivre le troupeau ou même à le diriger, capable d’affronter les défilés et les roches pour chercher les herbes qui lui sont spécifiques, susceptible de produire en son temps des chevreaux de bon rapport, je lui réserve une nourriture naturelle qui ne le fera point gros à souhait mais lui donnera vigueur et agilité.