Recherche archives : CEL, mars 1972

Ce  numéro  inhabituel  de  l'Educateur  est  expérimental.  Il est  né  de  la volonté de  refuser le  marasme et le  ronron.  C'est  un  nouveau-né encore englué des notions qui préoccupent les instances de l'ICEM : orientation, recherche,  approfondissement.

La  vie  nous  impose  souvent  de  prendre  rapidement  position,  de  faire  des  choix sans  tergiverser.  Voyant fréquemment  des  camarades  agir  dans  le  même  sens  sans concertation  préalable,  malgré  des  réactions  superficielles  parfois  contradictoires, je  me  suis  demandé  quel  fil  d'Ariane  commun  nous  pouvions  bien  utiliser  et  si  cette  sorte  de  charte  intérieure  n'était  pas  l'acquis  essentiel  de  notre  compagnon-
nage  commun  avec  Freinet  (même  si  ce  compagnonnage  a  été  vécu,  pour  les  plus jeunes  d'entre  nous,  par personne  ou  par  groupe  interposé).

De plus en plus les  spécialistes de  la petite enfance parlent d'éducation pré-scolaire et  refusent  de  s'enfermer  sous  le  terme  d'« école  maternelle »,  récusant  le   mot « école»  qui  est  hélas  chargé  de  tout  un  contexte  contraignant  et  le  qualificatif « maternelle»  qui  institutionnalise   la  féminisation   du   corps   enseignant  alors que  tout  montre  la  nécessité  d'une présence  mixte  à tous  les  niveaux de  l'éducation.
C'est  bien  le  style  de  cette  éducation  préscolaire,  son  absence  de  programmes  rigides,  la  priorité  qu'elle  donne  aux  expériences  fondamentales  sur  les  apprentissages  formels,  c'est  tout  cela  qu'il  s'agit  de  revendiquer  avec  J.P.  Blanc.

Imaginons   une   ouverture   de   classe.
L'instituteur,  rodé  à  la  pratique  de  la  pédagogie   Freinet,  se  propose  d'apporter des   éléments  de   travail  qu'il  croit  indispensables.  .
D'un  seul  coup,  ou  petit  à  petit,  il  apporte  l'organisation  que  nous  connaissons: travail  individualisé,  journal  scolaire,   correspondance,  échanges,   ouverture   sur le  milieu,  conseils  de  classe,  recours  au  groupe,  libre  création  et  libre  recherche ...
Nous  pensons  que  cet  apport  de  l'adulte  est  nécessaire,  que  rien  ne  peut  se  faire dans  un désert,  que  l'on  ne peut construire  sans  matériaux.  C'est  un fait  sur lequel nous  ne  revenons  pas.