Au moment où j'écris ces lignes se tiennent en France une quinzaine de stages de l’Ecole Moderne, organisés par les responsables de notre mouvement. Et, au même moment, nous reviennent du Canada vingt de nos meilleurs camarades qui ont assuré là-bas d'importants stages de formation à l'Ecole Moderne.
Dans tous les efforts que nous faisions pour diffuser notre pédagogie, nous commettions une erreur qui était sur le point de nous être fatale. Et en cela nous oubliions notre propre histoire.
L’article de Barré nous amène à faire référence à une étude sur l’aliénation, parue dans le numéro de décembre 65 de Esprit, sous la signature de J.M. Domenach.
— Oui, la pédagogie Freinet, nous voudrions bien la pratiquer, disent aujourd'hui une majorité d'éducateurs qui sentent, ne serait-ce qu'intuitivement, tout ce que la pédagogie traditionnelle comporte d'anachronique et d’inefficient...
On nous amène souvent en classe des enfants en apparence exceptionnellement doués qui, sortis de milieux aisés, se situent d'emblée au niveau des adultes : leurs préoccupations, leurs opinions, leurs projets les placent au- dessus du niveau des enfants de leur âge vivant dans les contingences limitatives de la vie prolétarienne.
...L'enfant a besoin de connaître, de savoir; il questionne sans cesse sur l’ordonnance et les mystères de la nature, et aussi sur les merveilles étonnantes de la machine et de la science. Ce désir participe de sa permanente soif de puissance et de conquête. L’enfant recherche la connaissance comme l'abeille le nectar, mais les matériaux de cette connaissance ne doivent pas rester nectar ; ils doivent passer automatiquement au service de la construction intime qui les transformera en miel.