Recherche archives : billet d'humeur, 2003

C’est curieux comme on nous demande plus de comptes à nous, enseignants Freinet, qu’aux autres. Que nous mettions en place d’autres règles de vie ou des espaces de responsabilité et de liberté à l’école, et immédiatement on va nous demander de répondre de tout. Des enfants agités dans un cadre traditionnel sont des enfants victimes de la démission de leurs parents ; s’ils font ne serait-ce qu’un peu de
bruit dans un groupe coopératif, et c’est la faute de l’incurie de l’enseignant.

Le mouvement pour une rentrée sans marques a réussi  son  coup  de  rentrée. France-Inter, France Culture, Libération (au moins…) se sont fait l’écho de ce que les petits veinards présents au Larzac savaient déjà : la pub ne passera pas les portes de l’école ! Les « casseurs de pubs » veillent et Paul Ariès, politologue à l’université de Lyon II, n’est pas le dernier à monter la barricade.

Il y a peu, des parents d’élèves me demandaient pourquoi il n’y avait pas de caméra de surveillance dans notre cour de récréation. Cette demande, aussi incroyable soit elle, n’est pourtant pas unique ; elle est de plus en plus exprimée par des parents d’élèves inquiets et angoissés.
Au départ, la question m’a complètement sidéré, mais c’était sans m’attendre… à ce que M. Darcos lui-même ne verse aussi dans ce genre d’éducation/fiction.

Au fond, ce qui dérange tout le monde dans la pédagogie en général (on croule littéralement sous les articles ou les prises de position qui s’en prennent aux pédagogues) et dans la pédagogie Freinet, en particulier, c’est le plaisir d’éduquer que nous cachons si mal ! Pire, ce plaisir de travailler avec nos élèves, il s’exprime, et transpire en dehors même de nos classes.