Depuis dix ans déjà, Phil FM émet une semaine par an, au printemps,et fait entendre à 30 km à la ronde les petites voix de l’école élémentaire Jean Giraudoux et les voix un peu plus grosses du collège Philippe de Commynes, deux établissements d’un quartier sensible de Tours.
C’est curieux comme on nous demande plus de comptes à nous, enseignants Freinet, qu’aux autres. Que nous mettions en place d’autres règles de vie ou des espaces de responsabilité et de liberté à l’école, et immédiatement on va nous demander de répondre de tout. Des enfants agités dans un cadre traditionnel sont des enfants victimes de la démission de leurs parents ; s’ils font ne serait-ce qu’un peu de
bruit dans un groupe coopératif, et c’est la faute de l’incurie de l’enseignant.
Nous avons tous débuté un jour ; les occasions ne manquent pas. Si l’on s’en souvient, ces « débuts » restent de vraies phases de rupture ; le tâtonnement et la perfectibilité leurs sont étroitement liés.
Commencer, c’est donc bien rompre, lâcher ses peurs, prendre confiance, trouver de nouvelles sécurités !
Antoine Cicolella est professeur des écoles depuis septembre 2001, à Lunéville à l’école élémentaire Alsace. Il a rencontré la pédagogie Freinet au sein du groupe départemental 54 et malgré sa courte expérience du métier, il a déjà une pratique très structurée de la classe coopérative. Il a choisi de démarrer par l’organisation de la classe, la mise en place des techniques et de quelques outils ; sans précipitation, Antoine a planté le décor.
D’une rencontre entre PE2 et instits Freinet au salon des apprentissages de Nantes,en 2001,est née l’envie de construire un espace où les nouveaux instits pourraient se former en pédagogie Freinet pour accueillir à leur tour les PE2.S’est créé alors le groupe « Vie coopé pratiques».
Et pourtant, la tâche paraît insurmontable : Démarrer une école Freinet dans une « grosse » structure, avec seize jeunes instits, novices en pédagogie Freinet (et pas particulièrement motivés au départ),dans un quartier réputé difficile… ça casse les représentations d’une pédagogie « ringarde » associée à la ruralité et c’est un défi que Véronique Decker et l’équipe de Marie-Curie ont bien l’intention de relever.
