Recherche générale : 20/01/2011

Célestin Freinet, l'ICEM, un choix pédagogique, un engagement social et politique...

« C’est la forme même – sociale et humaine – de l’École qu’il nous faut reconsidérer.
L’école traditionnelle emploie des techniques de rédaction, de calcul, de dessin ou de musique qui apparaissent comme des mécanismes minutieusement montés pour tourner en milieu scolaire, mais qui sont sans liaison avec le comportement des individus et les exigences sociales en milieu non scolaire. Il en résulte une fausse culture qui n’est jamais intégrée à la vie des hommes et qui constitue de ce fait une erreur sociale et une fausse manoeuvre humaine.
C’est cette intégration des techniques à la vie, la suppression de ce hiatus entre l’école et le milieu, que nous prétendons réaliser. »

Avec Célestin et Élise Freinet, et après eux, des milliers de classes de tous niveaux, de milieux très divers, égrenées un peu partout dans le
monde, comme un « véritable laboratoire vivant », ainsi que Freinet aimait à le répéter, ont confirmé aux praticiens « qu’il ne peut y avoir
de clivage dans le processus d’acquisition entre les apprentissages que l’enfant fait (ou ferait) dans son milieu naturel et ceux qu’il fait dans le milieu scolaire. » C’est en ce sens que nous pouvons définir une manière naturelle d’apprendre.

Plutôt que de proposer une bibliogra­phie importante comprenant nombre d'ouvrages anciens et difficiles, si­non impossibles à se procurer, nous avons pris le parti de ne retenir que peu de livres ou de brochures récents et de les présenter.

Méthode naturelle et apprentissages

Même si la syntaxe et le vocabulaire de la charte de l’École moderne datent un peu (1968) et semblent désuets, sa philosophie reste tout à fait d’actualité. Elle constitue un texte de base auquel les membres de l’ICEM et ceux de la FIMEM (Fédération internationale des mouvements de l’École moderne) adhèrent toujours.

Après la Première Guerre mondiale, nombreux sont les enseignants pacifistes marqués dans leur chair et dans leur conscience. Syndicalistes
révolutionnaires regroupés dans la Fédération des Membres de l’enseignement, ils luttent pour que ne se reproduise plus la tuerie de
14/18, pour mettre fin à l’exploitation capitaliste et construire une société plus juste et plus humaine. Au sein de la commission pédagogique et dans leur revue L’École émancipée ils réfléchissent aux moyens  de  promouvoir  une  pédagogie  populaire  par «  l’École active  » et « les centres d’intérêt »...

En découvrant le village natal de Freinet, lors de son inhumation, ceux qui avaient bien connu l’homme prirent encore davantage conscience de l’empreinte profonde qu’il avait reçue de son milieu. A chaque pas, on croyait se déplacer dans son oeuvre. 
Récemment, François Goalec qui avait rejoint des amis à Gars, fut fasciné par le caractère du lieu dont il ramena des photographies. Nous avons pensé que des citations de Freinet, en contrepoint de ces images, rappelleraient à quel point l’éducateur resta toute sa vie un enfant de Gars. Ces extraits, volontairement limités pour inciter le lecteur à reprendre la totalité des textes, voudraient porter un double regard sur l’homme et sur son milieu natal où il avait tenu à revenir lorsque serait refermée la boucle de son destin.
Michel Barré