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Les cellules école-milieu au Sénégal

Décembre 1997

L’Association Sénégalaise de l’Ecole Moderne (ASEM) regroupe au Sénégal des enseignants qui pratiquent une pédagogie coopérative s’inspirant des idées de C.Freinet et de l’I.C.E.M. Elle travaille en écoles publiques, dans le cadre de la réforme de l’Education au Sénégal. Depuis plusieurs années, des liens ont été tissés entre des militants de l’ICEM et de l’ASEM ainsi que de la Coordination Africaine de l’Ecole Moderne (CAMEM). Ces relations se tissent au sein de la FIMEM. Dans le cadre de la réforme de l’enseignement au Sénégal, des Cellules Ecole - Milieu (CEM) ont été conçues, elles permettent des échanges entre les enfants dans l’école et le village.

 
 
L’expérience de Diawar dans la région de Saint-Louis est à ce titre exemplaire. Un plan de développement d’école a été élaboré, plan dont les axes forts sont:
-le jardin scolaire,
-la formation pratique, qui permet à l’école de mettre en place des activités comme les tresses traditionnelles, la couture, le tricotage,l’éducation artistique...grâce à la participation des habitants du village.
 
                Sans vouloir transférer ceci en France par exemple, il me semble que l’on se rapproche des Réseaux d’Echanges de Savoirs (RES) et de l’utilisation pratique des compétences de chacun dans le milieu existant. En voici un compte-rendu sommaire.
 
Le jardin 
 
                L’école dispose d’un terrain de 6 400 m2.L’école ne pouvant à elle seule exploiter cette surface, les tâches ont été partagées entre la coopérative scolaire gérée par les élèves, l’équipe pédagogique et la cellule école-milieu.
                La coopérative scolaire assure la gestion des finances et achats de semis, matériels... Les enfants veillent à ce que les délais des travaux soient respectés. Ils mettent en pépinières, repiquent, désherbent. Ils assurent aussi la propreté du jardin et nettoient les alentours.
                L’exécution de toutes les phases sont annoncées à l’école et sont gérées avec les enfants par une commission “maraîchage” de la coopérative d’école.
                L’équipe pédagogique qui comprend les 6 maîtres de l’école (y compris le directeur) choisit après l’assemblée générale de la coopérative de suivre les différentes commissions que les enfants ont souhaité mettre en place. Ainsi :
- la commission boutique scolaire est “supervisée” par M.Seck,
- la commission théâtre par M.Fall,
- les commissions maraîchage et journal par M.Hanne et ainsi de suite... L’équipe pédagogique peut remplir son rôle de co-gestion et de suivi des commissions et permettre une mise en relation avec les personnes -ressource du milieu, comme le maraîcher, le commerçant, les sportifs, l’agent d’hygiène, l’artisan, la matrone, le chef de village, les notables, l’agriculteur ou l’éleveur ...
                La Cellule Ecole-Milieu est elle composée de toutes les personnes et structures sociales : union de paysans, comité des femmes, etc. Elle apporte la part du milieu à l’éducation des enfants.
                La C.E.M. participe à la gestion de l’école, à son extension, son équipement et à l’amélioration des conditions de vie des enfants.
                Il se trouve alors que le savoir n’est plus uniquement dans les “mains” de l’instituteur, que l’insertion de l’enfant dans son milieu passe par une meilleure connaissance de celui-ci.
                Les enseignants membres de l'ASEM retrouvent aussi l’importance que prend la correspondance inter scolaire qui a “relié” l’école de Ragon (près de Nantes) à partir de 1987/88 puis avec Lille et Courcelles les Lens (Pas de Calais) depuis 1991. Des correspondances entre parents et adultes de France et du Sénégal ont même vu le jour. Des constitutions d’”albums de vie” par les enfants en France et au Sénégal se sont échangés et ont beaucoup enrichi les courriers respectifs.
 
                Des actions communes coopérative scolaire - cellule école-milieu ont pu élargir les ouvertures de l’école vers le milieu et la prise en compte des activités scolaires par le village. Citons par exemple le nettoyage de l’école et du village et un apprentissage de la gestion des déchets chaque vendredi à 10 h 30 ... ou également la cooptation par les enfants de personnes-ressource dans le village afin de pouvoir repiquer des légumes, désherber et savoir quels sont les produits phytosanitaires les mieux indiqués...
 
                Le “faire ensemble”, le “chercher ensemble” a jeté dans le village des ponts entre des mondes qui parfois ne faisaient que co-habiter.
                “Notre petite expérience est importante par les réussites qu’elles entraînent dans l’école et dans le village. Les prestations des enfants aux différentes journées portes ouvertes et forums ont impressionné beaucoup de gens” soulignent Papa Meïssa Hanne et Cheikh Makhfousse Seck, enseignants de l’école de Diawar et membres de l’ASEM.
 
Propos recueillis par Sylvain Hannebique auprès de P.M.Hanne (école moderne de DIAWAR - B.P.12 Ross Béthio - SENEGAL).