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Autour de Poliakoff

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Avril 2004

 

 

 

Retour réflexif sur les productions lors du décrochage

   

Les productions décrochées du mur sont étalées sur une table. Les enfants, installés autour, sont invités à exprimer ce qu’ils ont envie de dire.
Il fallait faire des formes et les peindre . Mélanie.
On a fait un tableau mais il n’y avait que des morceaux. Ludivine.
C’est des prés . Albin.
Les enfants n’ont pas retenu les lignes.

Deux productions déclenchent les réflexions, ils les aiment bien, surtout la plus vive, mais ne les commentent pas directement et passent à une troisième dont ils n’aiment pas les couleurs un peu «baveuses» mais se laissent guider par l’aspect subjectif de ce qu’elle représente: un immeuble, un bus, un train.

Puis ils ne tarissent pas de commenter une quatrième qui retient leur attention. Là encore c’est l’aspect subjectif qui permet de dénommer ce qu’elle représente.

 

Mais ils découvrent que selon le sens dans lequel on la regarde, en fonction de sa place autour de la table, on ne lit pas la même  chose:

C’est tour à tour un planeur parce qu’on imagine les ailes d’un avion ou une baleine avec son gros corps et sa nageoire, un sous marin qui coule, ou encore un bateau à voile (selon Léo qui fait du voilier et utilise ses référents).
Zélie, qui avait de sa place vu une croix, constate que quand tu tournes, tu vois autre chose, fait une nouvelle proposition:  maintenant c’est une montagne.
L’importance du regard singulier porté sur une œuvre et du sens de l’exposition d’une production sont ainsi posés.

Une cinquième production est abordée spontanément par la couleur : le vert qui représente la feuille d’arbre ou encore la présence d’un extra terrestre. Les enfants utilisent leurs référents culturels. Ils abordent le sens que peut prendre une représentation.

Andréa, elle, se fixe sur la forme : C’est rectangulaire ça fait penser à des prés ou des maisons.
Pour Albin, qui emprunte la même voie d’accès, c’est une porte.

A la réception de toutes ces propositions, on remarque que les portes d’accès sont multiples en fonction des sensibilités, des référents individuels. De la confrontation naît l’ouverture de nouveaux possibles pour tous. La lecture multiple doit être acceptée ; elle permet à chacun d’exprimer sa singularité.

 

 

En conclusion


Ce travail a permis la découverte des différentes sensibilités des enfants.
Il a permis de les exprimer et d’en prendre conscience pour soi et pour l’autre. Albin qui cherchait du figuratif dans toute production a entendu d’autres approches.
Cette expérience a activé d’autres moyens de représentation du réel que par le figuratif. Elle a donné quelques clés culturelles pour accéder aux œuvres d’arts quelles qu’elles soient et mieux comprendre le monde par des représentations diverses.

Après cette nouvelle expérience plastique, certains enfants utilisent spontanément de nouveaux moyens pour exprimer leur représentation du monde telle que ce soleil de Clément.

En effet il existe dans la classe, et avant tout, un atelier d’expression libre. C’est là, face à la libre expérience de l’enfant, qu’on peut constater le niveau de maîtrise des moyens, la sensibilité, les domaines d’intérêt, l’évolution de la pratique singulière de chacun.

Comme chez les artistes on peut parler d’une sortie des images figuratives précédentes. C’est un nouvel art, une nouvelle aventure picturale qui s’ouvre à l’enfant grâce à l’accès à l’abstraction. Laurine Rousse

  sommaire n° 111 - L'atelier de peinture  

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