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Libre expression en Allemand

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Juin 1979
 

La part aidante du maître...

 

 

LIBRE EXPRESSION EN ALLEMAND

 

 
La libre expression de l'enfant est au centre de toute l'œuvre de FREINET. Promouvoir la pédagogie Freinet en 1979 passe sans doute encore par cette démarche fondamentale, même si nous avons de plus en plus de mal à ce qu'elle soit perçue comme une finalité constructive des apprentissages en même temps que de la personne.
 
Mais nous présentons trop souvent des aboutissements de cette démarche, des productions littéraires, mathématiques, scientifiques, sans trop nous interroger sur le processus de ces productions. Nous sommes toujours un peu émerveillés de voir cette multiplication invariante des productions, pouvons assurer les gens nouveaux qui emploieront ces techniques d'un foisonnement probable d'œuvres à venir, mais nous ne sommes pas souvent capables de leur dire, avec assez de précision communicable, ce que nous avons fait AVANT , PENDANT, APRES CETTE EXPRESSION LIBRE JAILLIE, POUR LA MULTIPLIER, LA DYNAMISER, LA FECONDER, EN FAIRE LE MOTEUR D'UNE OEUVRE EDUCATIVE EN PROFONDEUR.
Un des objectifs de notre chantier sur la part aidante du maître pourrait être cette approche à la fois analytique dans l'observation, synthétique dans les invariants dégagés de l'observation, des techniques de libre expression. Nous pourrions cerner un peu plus objectivement entre nous ce que nous faisons en lettres, maths, sciences, langues, expression corporelle, expression artistique pour que jaillisse cette libre expression, donc comment nous préparons le terrain; quel est notre comportement, quelles sont nos interventions au cours de cette naissance d'expression individuelle ou de groupe, de sa communication; puis observer ensuite comment nous permettons, 'provoquons des prolongements nécessaires à cette expression non pas pour la canaliser par souci unique de rentabilité, mais pour déjà amorcer une fécondation pour un nouveau dépassement, pour l'intégrer à une éducation du travail.
 
Il faudrait donc que chacun de nous, dès aujourd'hui, réfléchisse, à partir de son vécu quotidien sur les questions suivantes :
 
1, Comment préparons-nous le terrain pour que naisse la libre expression dans notre discipline ? ~ psychologiquement, - matériellement.
2. Comment se manifeste cette libre expression ? Quelles sont nos interventions au moment de cette manifestation ?
3. Quels désirs avons-nous d'exploitation à court terme et à long terme de cette libre expression ? Dans les faits, quels prolongements donnons-nous à cette libre expression ? Pourquoi ?
Si, comme je le suppose, nous refusons d'être le leader exclusif dans cette part aidante, situons avec précision le rôle des autres membres du petit groupe, du groupe-classe dans les étapes précédentes.
 
Pour amorcer la réflexion et appliquer déjà entre nous ce que nous vivons en classe quand nous voulons susciter des productions, des points de vue complémentaires, d'autres éclairages d'un problème choisi par un individu ou un groupe, nous proposons le compte rendu d'expérience de Dietlinde Baillet à partir du canevas précédent.
 
“ Libre expression en allemand : la part du maître ”.
 
 

PREPARATION DU TERRAIN - MATERIELLEMENT

 

 
- Je propose en début d'année de travailler d'une manière non traditionnelle, c'est-à-dire sans manuel.
Pour les élèves en général cela ne veut pas dire grand chose. Alors nous cherchons ensemble toutes les possibilités de travail et les inscrivons au tableau (chacun recopie la liste sur son classeur pour pouvoir y puiser des idées le moment venu). Cette liste, même si elle est incomplète, suffit pour leur donner envie de tenter l'expérience.
 
- Presque tout ce que nous faisons en classe - débats, sketches libres, textes d'auteurs à étudier, textes libres, commentaires d'images, enquêtes... - est choisi et introduit par les élèves.
 
- Ce qui est introduit par moi a pour but essentiel de débloquer l'imagination : jeux de déblocage écrit (en groupes), textes collectifs, travail à partir d'incitants (structures, fiches-guides, sujets possibles pour sketches et textes), travail sur des structures de poème ou de texte etc.
 
- Je veille à laisser suffisamment de temps aux initiatives personnelles. (En 4e première langue p.ex., deux heures des cinq heures hebdomadaires - trois heures réglementaires et deux heures d'allemand renforcé - sont réservées au travail libre).
Je mets à la disposition de la classe du matériel permettant un déblocage des idées : fiches-textes, fiches-images, revues de jeunes en langue allemande, etc.
 
 

PSYCHOLOGIQUEMENT

 

Il me semble important :
- De donner aux enfants la responsabilité de ce qui se passe pendant les cours.
- De faire comprendre qu'il n'y a pas de tabou : dans les débats, lors la représentation de sketches libres ou la lecture de textes...
- D'essayer de créer un climat accueillant : bonne ambiance dans la classe, écoute des autres (cette dernière est souvent défaillante et il faut la développer , apprendre aux enfants à écouter leurs camarades).
- De valoriser les créations : oralement, par affichage, par publication (journal, envoi aux correspondants) etc.
 
 

Où et quand y a-t-il expression libre ?

 

 

Quelles sont mes interventions ?

 

- Dans le choix des sujets de débat.
      J'aide à préparer la présentation du problème.
- Dans les opinions personnelles exprimées lors d'un débat.
 

      Je veille à ce qu'elles puissent être exprimées.

 

- Dans des sketches libres.
 

      J'accueille sans préjugés les réalisations et fais appel à une attitude critique des spectateurs.

 

- Dans des textes collectifs, personnels, poèmes etc.
 

      Je corrige les fautes et maladresses linguistiques, je donne des conseils concernant la structure des textes.

 

- Dans l'évocation des problèmes relationnels à l'intérieur de la classe (elle se fait souvent en français).
 

      J'appelle à l'écoute avant un échange sur le problème, j'essaie de faciliter une attitude critique mais objective qui respecte l'autre.

 

 
 

EXPLOITATION ET PROLONGEMENTS

 

Principalement préoccupée jusqu'à présent par les problèmes que posent l'éveil à l'expression libre et son accueil, je ne me suis guère encore posé la question de l'exploitation et du prolongement de celle-ci.
 
Cependant l'expression libre des enfants ne reste pas sans retentissement. D'une part, elle joue un rôle dans l'ouverture de la classe vers l'extérieur, par exemple à travers :
- Le journal (qui, bien qu'écrit en allemand, est facile à lire par un entourage essentiellement dialectophone).
 
 
 

- Cet inventaire de pistes de travail fait en commun prouve déjà aux adolescents qu'à tous, en ajoutant les idées de chacun, on peut trouver beaucoup. Cette liste sera un recours sécurisant très important au départ, en cours de route, au moment de creux - et il y en aura !

 

 

- Respecter les propositions des élèves, après échanges, discussions possibles, est une des garanties pour que le contrat de travail soit respecté.

 

 

- Dietlinde intègre à l'expression libre des provocations, des incitations. Elles ne sont pas premières, mais simultanées. Elles se fécondent réciproquement. Certains éléments recueillis font boule de neige et déclenchent la création libre. On a un exemple ici du couple connaissance-créativité.

 

 

- Laisser du temps dans le temps prévu officiellement est primordial. Là seulement tous les élèves peuvent faire appel au professeur disponible. La part aidante est essentielle quand on démarre.

 

 

- Un matériel provocateur d'idées, des recours pour les timides, les moins doués, les “peu” imaginatifs.

 

 

Voyons de près ce que font nos camarades avec le F. T .C. (fichier de travail coopératif).

 

 
 

L'idée des recours-barrières mérite qu'on s'y arrête un peu. Dans l''“Essai de Psychologie Sensible” Freinet précise : “Tout le secret, tout l'art, toute la science de la formation éducative résideront dans la fonction favorable de ce que nous nommerons les recours-barrières : pas trop loin pour que les enfants puissent s'y appuyer le cas échéant, pas trop près cependant afin que l'enfant garde malgré tout suffisamment de large pour se réaliser et s'épanouir... (p. 117). L'attitude aidante est la seule qui réponde aux besoins de l'enfant à la recherche de l'équilibre et de la puissance dans le sens de son torrent de vie”.

 

 

Il faudrait multiplier les documents montrant en détails la part aidante du groupe : incitations motivantes au départ pour un camarade à court d'idées - suggestions d'organisation du travail avant le lancement du chantier - aide dans le contenu, la méthodologie de chaque membre du groupe au cours d'un travail à plusieurs - l'apport de réflexions a posteriori s'il y a présentation, puis critique par la classe.

 

 

Dans une classe coopérative la part-aidante de chaque membre du groupe-classe est souvent bien plus importante que la part aidante du maître. Mais elle nous échappe car elle est faite d 'une mosaïque de mots, de réflexions, de gestes difficiles à fixer comme mémoire de la vie de classe quand on est soi-même impliqué dans l'action. Cette distanciation impossible nous empêchera toujours d'être pleinement objectifs dans l'analyse de ces complexes imbrications. Essayons cependant les uns et les autres d'en cerner certaines facettes.

 

 

L''intervention psychologique mise en lumière précédemment est en nuances très variées. Dietlinde met en relief, par son compte rendu, sa disponibilité intérieure, quand elle a fait ce qui lui était possible matériellement. Elle est exigeante dans la mise au point du travail écrit, oral, ce qui facilite, l'habitude prise, un épanouissement de l'expression, alors que si on laisse aller, sans rigueur, on court au désenchantement, à l'échec inhibiteur.

 

 
 

On n'insistera jamais assez, je crois, sur cette part-aidante psychologique, à savoir donner juste au moment où un adolescent est en attente... pour démarrer.

 

 

 Développée concrètement, voilà encore une courte relation d'expérience de cette part psychologique, de Karin Haddad, toujours en allemand.

 

 
 

“Isabelle et Sylvie sont passionnées de tennis et voudraient “faire quelque chose” à ce sujet. Mais quoi ? Un panneau ? Bof ! Un exposé ? Bof !

 

 

On commence par regarder ensemble des revues et par discuter tennis, coupes, Roland-Garros ; “tu as vu hier à la télé, machin ? Comme il est beau! ” Et pourquoi, à l'ère de l'audio-visuel, ne parlerait-on pas tennis de la même manière ? Qu'est-ce que c'est vraiment un match de tennis ? Deux joueurs qui se renvoient une balle ? Non, pas seulement; c'est surtout un spectacle : la balle qui bondit, vole, rebondit ; les raquettes qui frappent fort, haut, loin ; les spectateurs, dont le regard... etc... etc.