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Dialogue intime avec une boîte de couture

Mai 2006

 

 

 

J’ai également eu envie de faire le tri dans les interprétations de ceux de l’atelier qui regardaient mon travail. Les encres réalisées à partir du cintre avaient quelque chose de morbide, de métallique, de radioscopique et de chirurgical qui me renvoyait à mon intimité. J’ai ressenti le besoin de m’éloigner de cette représentation et j’ai voulu revenir au thème de la mode en introduisant dans mes compositions des silhouettes. Le mode d’encrage utilisé pour l’impression fait que ces silhouettes apparaissent selon deux modes de présence : ce que l’on est et ce que l’on donne à voir de soi. Fille d’immigrés, j’ai été élevée selon le principe impérieux du bien faire, principe éducatif de base pour une bonne intégration. Et c’est vrai que pour exister en tant qu’adulte, j’ai dû me détacher de ce principe plus ou moins imposé, pour apprendre à accepter de « faire » tout simplement ! Par exemple, avant de me lancer dans la linogravure, j’ai éprouvé le besoin de faire un détour par le modelage en terre d’une série de petites bonnes femmes. Après quoi, je les ai dessinées et gravées avec des traits fins sur du plexiglas. Ensuite, je les ai utilisées pour des tirages sur papier de soie destinés à de nouvelles compositions.

 

Il était important à ce moment-là que je les tienne dans la main. Certaines se débattent et, à travers elles, je me débats moi-même contre mes cauchemars. Elles évoquent pour moi le refus de l’image d’une femme modèle, enfermée dans certains carcans. Je les ai associées aux indications de papier de patrons comme:« plier ici » - se plier à cette mode ou, au contraire, ne pas se conformer, refuser d’entrer dans un vêtement lorsque l’enveloppe ne convient pas.

 

                     

                               


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