N°247

 Éditorial

La correspondance est une des toutes premières « techniques Freinet », indissociablement liée à son nom. Une technique qui répondait à son désir d’ouverture de l’école sur la vie parce qu’elle repoussait les murs de la classe, et parce qu’elle faisait vivre la coopération : apprendre des autres et avec les autres.
Elle est toujours vivante aujourd’hui dans notre pédagogie. Échanges entre classes urbaines et rurales, échanges internationaux entre classes et écrivains voyageurs, échanges entre générations, vous trouverez leurs témoignages dans ce numéro.
Depuis l’envoi de lettres enluminées, de journaux et de colis jusqu’aux échanges via Internet, la forme a évolué avec les progrès de la technologie. Dès les débuts, la classe de Célestin Freinet échangeait des petits films avec celle de René Daniel dans le Finistère. Puis vinrent le téléphone, le fax, le Minitel et enfin la messagerie par Internet. Les sites et les blogues eux-mêmes offrirent une forme numérique au journal scolaire, les seconds ajoutant l’instantanéité dans les rapports entre les enfants. Ces différents moyens ne se sont pas exclus les uns les autres. Au contraire, ils ont enrichi la panoplie des outils mis à la disposition des élèves.
Gageons que les pionniers de ces nouvelles techniques ont été surpris par ce qu’elles apportaient : au début, une motivation aux échanges écrits, mais petit à petit, d’autres portes se sont ouvertes sur les mathématiques, l’étude du milieu, la découverte d’autres façons de vivre, etc. Et en filigrane, toujours, le relationnel, les émotions, le plaisir dans les échanges, toutes choses ignorées ou peu présentes dans le champ scolaire du temps de Freinet et encore si peu mises en valeur dans l’école d’aujourd’hui.
La corres’ illustre concrètement l’adage qui colle si bien à notre pédagogie : évolution des techniques, permanence des principes. Elle a gardé ses idéaux, sa philosophie d’ouverture aux autres, de découverte et de partage de savoirs. À notre époque d’individualisme, de méfiance et d’exclusion, elle permet encore de multiplier les occasions de rencontrer l’autre.

Le comité de rédaction