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logo ressource btn Les exclus du Quart-Monde dans le piège d'une société du Profit

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Septembre 1997

Sécurité? Violence? Les persécutions d’une société marchande qui se prétend «moderne et réaliste » contre les exclus du Quart-Monde*… en France. 

Les administrations ont leurs règles. Adapter les règlements aux cas particuliers n’est pas… la règle. Selon les secteurs, et malgré des lois trop facilement contournées, la sanction tombe, parfois totalement disproportionnée.     

Idée lumineuse... à l'E.D.F.

Une idée lumineuse
"La loi interdit de couper l'électricité entre la Toussaint et mars. Alors, dans certaines cités, l'EDF a trouvé la solution: chaque famille a un quota à respecter; dès qu'elle dépasse la consommation de KW autorisée, le compteur "saute". Il faut s'éclairer à la bougie et on risque l'incendie."

Cité Balzac, Saint-Brieuc, 16-2-96.
Protestation recueillie dans la rue par une alliée ATD

* Quart-Monde : pour définir ce mot, voir
Les exclus du Quart-Monde en France

 

 

 

 

A noter : les incendies à la bougie sont fréquents.

2007- Cesser de fournir de l’électricité à qui ne paie plus sa facture est parfaitement logique… dans une perspective strictement marchande.
Mais dans notre société, peut-on se passer d’électricité? La question a été posée vigoureusement quand EDF a été partiellement privatisée en 2006, et la fourniture d’électricité ouverte à la concurrence en juillet 2007: l’entreprise vend-elle un produit comme un autre, ou assure-telle un service dans le fonctionnement social, avec la prise en charge des personnes en difficulté ?

 

Alibi ?

«Le dispositif de fourniture minimale d’électricité a permis de faire nettement reculer le nombre des suspensions d’énergie pour cause d’impayés: elles sont passées de 670.000 en 1993 à 189.000 en 2004 (soit 0,8% des foyers français)» donnée EDF, 2007.
La situation est si difficile que des réseaux de «désobéissance» se sont mis en place dans diverses régions de France, au sein même de l’entreprise EDF, en 2004 : des agents renommés «Robins des Bois» refusent de couper l’électricité (ou la rétablissent), en organisant un accompagnement des démunis. Certains maires font voter – pour le principe - des arrêtés « anti-coupures », arrêtés qui sont en général annulés par le tribunal administratif.
"Pas question de rétablir l'électricité pour le simple plaisir de rétablir l'électricité, insiste [la présidente des «Robins des Bois »] M.C. Musset, qui n'est pas agent EDF, mais assistante sociale. Notre objectif est d'abord de remettre dans le circuit du financement des gens qui n'y sont plus. Nous les incitons donc à verser tous les mois une somme à EDF, même symbolique, via un mandat postal. Il est très important de montrer qu'ils veulent payer. Pour les convaincre, nous leur expliquons que des Robins des Bois vont jouer leur emploi pour eux."

le Monde décembre 2005

Aucun respect...

Expulsion     

"Le 17 octobre 1995, une femme de 62 ans se retrouve à l'extérieur de son logement fraîchement muré et dont le contenu est emporté vers une destination qui lui est inconnue.
On ne lui a rien laissé. Elle n'a que les affaires qu'elle porte sur elle et son sac à main. Jamais elle ne pensait en arriver là : elle était soutenue par l'assistante sociale, elle allait toucher un petit pécule après le décès de son frère, et la préfecture n'avait pas accordé le recours de la Force publique.
Le 10 novembre, nous nous rendons à l'entrepôt où sont entassées ses affaires (…)
Pour récupérer le reste de ses affaires, l'huissier a fait savoir qu'elle devra verser une grosse somme d'argent. Autant dire que pour elle, tout ce qui lui reste est définitivement perdu, y compris la belle armoire en bois sculpté qui avait appartenu à sa mère
".   

Relation d'un témoin 17-11-95

avis d'huissier du 8 octobre 1994:  ►
une saisie pour une dette d'hospitalisation de 383 F…

montant minimum de la saisie : 100F

 exclus societe profit

Avril 2004 :
ETAT DES LIEUX DES EXPULSIONS LOCATIVES EN FRANCE

Au cours des 20 dernières années, les loyers ont doublé dans le parc locatif privé (euros constants), et augmenté de 50% dans le parc locatif social/public.
Conjugué à une progression de la précarité professionnelle, du chômage et de la pauvreté salariale, le renchérissement de l’immobilier et des loyers a alimenté la progression des expulsions locatives dans le pays.
Ces dernières années, environ 140.000 demandes d’expulsions ont été présentées devant les tribunaux chaque année. Un peu plus de 100 000 jugements d’expulsion ont été rendus. Depuis dix ans, 9 à 10% des locataires ont été l’objet d’un jugement d’expulsion.
Dans un contexte de crise de l’offre de logement bon marché, l’expulsion aboutit en général à des situations de grande précarité : hébergés dans des foyers ou des hôtels (quelques semaines avec l’aide sociale), hébergés chez des tiers, de la famille, contraints de squatter des logements vacants (nombreux dans les grande villes)… L’errance urbaine commence, qui va sanctionner le plus durement les enfants, déjà éprouvés par le traumatisme de l’expulsion. Le placement des enfants est fréquent.

Droit Au Logement http://www.globenet.org/dal

 

 

Source : 
BT2 N11 "Les exclus du Quart-Monde en France" (septembre 1997)
Crédit iconographique : 
DR (Archives de l'auteur)