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Lire Écrire en Sixième, témoignage de pratique

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Mars 2011
Lier la pratique de la lecture à celle de l'écrit ... Donner ou redonner le goût de l'écrit ... Permettre aux enfants d'aborder les problèmes de l'écriture ...
Les aider à réinvestir les découvertes ... Marjolaine Billebault témoigne ici que c'est possible, même dans les conditions de travail du collège.
 
 
Remarques préalables :
* J'aimis au point ce cycle de travail avec des classes d'élèves en difficulté.
* Je poursuis des objectifs divers, peut-être contradictoires : redonner à ces enfants un certain plaisir de l'écrit, introduire des apprentissages précis (connaissances, et surtout mé­thodes de travail)
* J'ai utilisé de nombreux travaux de camarades glanés dans les revues et au cours de rencontres.
* Ça se pratique aussi bien à plusieurs classes quand on trouve des collègues intéressés.
 
 
LE RÉCIT
 
On commence par l'écriture avec le jeu de l'histoire tournante.
Les élèves se mettent par groupes de 5 (il peut exister un groupe de 4 ou de 6 selon le nombre total d'élèves), chacun a une feuille de papier.
Consigne classique : on écrit un début d'histoire (4 ou 5 lignes), on passe au voisin qui écrit aussi 4 ou 5 lignes, pendant ce temps on écrit sur la feuille que le voisin a passée... et quand on retrouve sa feuille on écrit la fin de l'histoire (il faut s'en sortir en 4 ou 5 lignes toujours).
Puis chaque groupe lit ses histoires, choisit celle qui semble la meilleure et travaille collectivement à l'améliorer.
On continue à édifier la pyramide ; chaque groupe lit son histoire, la classe en choisit une et fignole la mise au point.
Je photocopie le résultat (pas brillant à vrai dire) et chacun le colle dans son classeur avec son brouillon personnel (corrigé en séance de " soutien " à effectif réduit avec mon aide et utilisation d'outils)
 
Passage à la " lecture " ... de bandes dessinées et dessins animés.
J'use largement de " Gaston Lagaffe » et " Boule et Bill " : les thèmes leur sont familiers, les histoires en une page existent à l'infini (et celles de Télé-Poche occupent 1/2 A4 d'où économie de photocopies) y compris les dessins animés courts qu'on peut passer plusieurs en 50 mn pour les analyser.
Manipulations variées : jefournis une planche en désordre et il faut la reconstituer, il manque le début ou la fin et on l'invente (chronologie et temps font partie des connaissances visées), les BD sont muettes et on invente les bulles,.... pour les dessins animés, initiation à l'analyse filmique : plans et séquences, bruitages et musique, mouvements de caméras. (la lecture d'image faisant officiellement partie du programme, toutes les découvertes sont reprises sous forme de " cours " et les apports des élèves sont les bienvenus)
On a découvert la chronologie, la notion d'indicateur logique, abordé le système des personnages ;
 
 
- Petit retour critique à l'histoire tournante pour en relever quelques incohérences et prendre la décision de s'attaquer à des textes.
 
 (Ouf, ces enfants qui disent détester lire -en fait ils en ont plutôt peur- demandent le passage à l'écrit : merci aux adaptations qui ont donné quelques clefs de lecture à travers des codes différents)

 On aborde donc la " vraie " (?) lecture, toujours en proposant des activités variées.

I1 y a le travail sur les extraits proposés par le manuel -comme on a effectué en début d'année des exercices de découverte et prise en main et que depuis je l'ai laissé soigneusement de côté, ils commencent à avoir envie de l'utiliser-.
 

 Je leur demande, par petits groupes, de sélectionner un texte qui leur plaît puis de le présenter rapidement par oral suivant une grille fixée : raisons du choix, application des apprentissages (système des personnages et résumé sous forme de syntaxe du récit), auteur, titre, genre.

 Puis, sur ces textes, on aborde les questions traditionnelles d'explication (avec pour objectif l'entraînement à la lecture de consignes)
 
Il y a aussi la préparation du travail sur " oeuvres complètes " : analyse détaillée d'un livre commun (plus ou moins long, les recueils de nouvelles sont bien utiles) et celle d'un livre personnel à présenter à la classe.
La forme en sera orale (3 minutes) ou écrite (fiche de lecture sous forme publicitaire).
 
 

Enfin, retour à l'écriture, élaborée et obligatoire

 

Je propose deux sujets. Le but est identique :

 

* Composer un récit en réinvestissant les apprentissages ; les critères d'évaluation explicites (je les rappelle car la classe les a élaborés en cours de travail) ; mais il y a deux supports variés : un sous forme d'image (bande dessinée muette ou illustration), l'autre sous forme d'écrit (début d'histoire ou données obligatoires) et dans ce cas .j'utilise des textes d'auteur. (Maupassant, Nerval. les fabliaux traduits et le Roman de Renart sont des mines à idées: textes courts , faciles et pas assez connus pour que les enfants travaillent de mémoire)

 

* Le " corrigé " consiste en analyse des indices, évaluation par l'ensemble de la classe de chaque travail (je .fournis une grille à remplir et les copies tournent), analyse du texte réel et comparaison avec quelques copies (pour voir comment des données fixes peuvent aboutir à des solutions différentes tout aussi justifiées)

 

Et c'est reparti pour de nouvelles " PP3 " et fiches de lecture.

 
 
 

UN P.A.E

"LECTURE - ÉCRITURE"
 
..... Ou les mêmes bases de réflexion appliquées ù l'ensemble des activités d'une classe pur une équipe.
Pour notre 2ième expérience avec une classe de 6ième regroupant des élèves en difficulté sur le plan de la lecture, nous avons décidé de présenter un P.A.E centré sur la constitution et l'exploitation d'une bibliothèque de classe.
Les conditions :
 
* classe à effectif allégé, 20 élèves issus pour la plupart de petits villages de montagne, tous (ainsi que leurs parents) connaissent les spécificités de la classe et sont volontaires pour l'expérience qui se déroule sur 2 ans avec la même équipe et le même noyau de classe. Objectif : amener le maximum d'élèves à passer en 4ième dans des conditions correctes.
* une équipe d'enseignants volontaires (LVI. Français, Maths, Hist-Géo, EPS)
* quelques moyens : une HSA pour étude dirigée et concertation, 5000 francs de PAE, et les 3 heures de soutien officielles. Nous nous sommes donné quelques principes de travail :
 
Le fonctionnement :
- interdisciplinarité (qui apparaîtra dans les explications suivantes)
- lecture méthodique avec :
emploi d'ELMO sur 2 séquences horaires par semaine prises alternativement sur l'horaire de Fcs, Maths, LV I , H-G. La salle du réseau étant vaste, toute la classe y est rassemblée et les élèves " tournent"  sur les M05. Ils arrivent à faire tous 2 séries dans l'heure, et des exercices écrits avec l'enseignant entre temps.
lecture de consignes systématique par " cycles d'intérêts " identiques dans toutes les matières concernées.
mise en place spatio-temporelle, transcodage : je fais raconter des images, dessiner des textes : ils rédigent les figures réalisées en gymnastique et les opérations de mathématiques ...
* mise en confiance, apprentissage du travail personnel, de l'autonomie, des activités d'équipe. Cela passe à la fois par
- une extrême rigueur de chacun d'entre nous : régularité dans le rythme des exercices donnés en dehors de la classe, exigence de date et présentation,
- une aide personnalisée pendant les temps de travail en petits groupes (soutien et la fameuse heure d'étude dirigée que nous assurons à tour de rôle -autant dire que lorsque c'est mon tour, 'je me fais expliquer les maths d'avance ... )
- la pratique systématique de l'évaluation socialisée et de l'auto-évaluation, activités décloisonnées souvent de type ludique, recherche documentaire ...
* (enfin parce que surtout) plaisir de la lecture : Cette année-là, chaque classe de 6ième dispo­sait de sa classe (minuscule hélas) et nous avions obtenu une armoire.
 
En Novembre, une fois le groupe un peu soudé, nous (plus exactement mon collègue de maths : professeur principal) avons demandé à chaque élève d'apporter un livre, de le présenter et de le laisser dans l'armoire (nous en avons apporté aussi).
Les présentations pouvaient prendre diverses formes : orales avec moi, affiches discutées en LVI, " théâtre "  en EPS ..., Ici règle du jeu consistant à inciter un maximum de copains à lire l'ouvrage. Nous avons eu au passage de beaux débats quand plusieurs autres élèves connaissaient déjà le livre !
Ensuite l'activité de lecture fonctionnait suivant les principes traditionnels de bibliothèque avec fiches, responsables et " heures d'ouverture " sans aucun contrôle adulte sur le nombre et la nature des ouvrages lus, juste une aide à la gestion pour éviter les trop longs emprunts et les dégradations. Par ailleurs nous avons préparé (en interdisciplinarité toujours) l'activité centrale du P.A.E qui consistait à emmener la classe une journée à Toulouse pour acheter des livres et visiter une imprimerie.
Les enfants se sont promenés dans les rayons de la FNAC, disposant d'un " budget " de 50 à 60F, pour choisir 1 ou 2 livres et revenir aux caisses où nous les attendions. Au retour, chacun a lu " son "  livre et l'a présenté à la classe avant de le mettre dans l'armoire pour relancer l'activité de lecture.
En .fin d'année, évaluation à l'aide de fiches (ci-jointes), traitées en cours de mathématiques, plus un petit questionnaire en Français où .je leur demandais les titres et un court résumé des livres lus. Bilan favorable quant au nombre (entre 3 et 7), à la mémorisation du contenu, à l'évolution des choix et à l'attitude .face aux livres.
 

Marjolaine Billebault