Juin 2011
Rentrée 1988, deux professeurs de français et la documentaliste décident de travailler ensemble sur deux classes de 6ème en difficulté. Le collège est implanté dans la banlieue dijonnaise et une partie de nos élèves maîtrisent mal la lecture et ont parfois deux ans de retard. Les deux classes concernées ont, en parallèle dans leur emploi du temps, 2 heures de français.
Après un test de niveau au début de l'année les élèves sont partagés en 3 groupes. Le groupe 1 travaille avec le professeur de français d'une des classes sur la lecture intégrale d'un roman. Le groupe 3 rejoint le C.D.I travaille avec la documentaliste sur la recherche de l'information et la production d'un travail de groupe. Les groupes 1 et 3 changent d'activité après 8 semaines.
Pour moi, je travaille avec le 2éme groupe jusqu'aux vacances de février. II s'agit de 13 élèves ayant des difficultés importantes en lecture (compréhension difficile, vitesse autour de 500 signes/minute). Nous utilisons 3 outils : le logiciel Elmo, le fichier Atel 2 et "Je deviens un vrai lecteur" de J. Rémond. Les exercices ont pour but de leur faire acquérir une plus grande rapidité de lecture, un vocabulaire plus précis et d'exercer leur attention et leur mémoire, bref d'arriver à une lecture plus facile, donc plus agréable. Les élèves travaillent en autonomie grâce à une fiche personnelle sur laquelle ils notent leur travail et leurs résultats.
L'aspect positif de l'expérience :
Certains ont bien progressé (efficacité X3). Pour d'autres la progression est moins nette mais tous ont amélioré leur pourcentage de compréhension de texte.
Ils ont compris surtout comment lire. II a fallu se battre pour qu'ils n'articulent plus avec les lèvres, pour qu'ils fassent l'effort de comprendre ce qu'ils lisent, pour qu'ils différencient leur méthode selon les textes. Dans le groupe classe ils sont les premiers à reprendre leurs camarades, à donner des conseils. Mais je sens toutefois que ces acquis sont fragiles et qu'il faut sans cesse y revenir (les mauvaises habitudes sont tenaces).
Le danger était de créer un groupe qui se sente inférieur. Cela n'a pas eu lieu à cause de l'ordinateur, je crois. Les enfants sont contents d'apprendre d'une façon qui les valorise. "Maintenant je lis plus vite, je fais des progrès. Cela m'aide à survoler les textes et quand on me pose une question, je sais à quel endroit la réponse est" écrit Fatiha.
Problèmes rencontrés.
L'autonomie. Quant au rythme mais pas sur le travail proposé. Je sais à présent qu'Abdel Malek bute sur des problèmes de vocabulaire, que Makim comprend mal les consignes, mais cela veut dire 13 fiches à individualiser 2 fois par semaine ce que je n'ai pas eu le temps de faire.
Les objectifs :
Si je peux espérer que le premier objectif : perfectionnement dans l'acte de lire a pu être en partie atteint, le deuxième : leur donner le goût de la lecture est loin. Les enfants ont de trop grandes difficultés, en particulier de vocabulaire pour lire le livre que je leur proposais : encyclopédie sur la vie des animaux
limites du système :
Le travail présente le danger de rester limité à l'heure de lecture. Les exercices ne sont pas suffisamment intégrés à l'acte de lire dans toutes les situations, les mauvaises habitudes sont tenaces. Bref il faudrait que tout ceci fasse partie d'une action concertée d'une équipe de professeurs. Dans un premier temps il serait souhaitable que l'ensemble des professeurs d'une classe concernée soit au courant des objectifs visés par le professeur de français et des méthodes utilisées afin d'oeuvrer dans le même sens quand cela est possible. Surtout que les différents professeurs soient conscients des difficultés rencontrées par les élèves et qu'ils en tiennent compte dans le choix des consignes et des textes qu'ils leur proposent.
J. Perrin
Collège E. Herriot
21 Chenne
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