Edito: Habiter

Edito: Habiter   Qu'il soit stable, évolutif, éphémère ou encore mobile, l'habitat nous renvoie presque toujours à la manière dont nous "habitons" et dont nous trouvons refuge. Au-delà de ses mille et un visages, l'habitat demeure le foyer, le cocon, l'abri ultime de l'être qui se cherche, qui se trouve, qui se retrouve... Les expériences et les réalisations présentées ici nous font découvrir à quel point le besoin d'abri et de repli sur soi-même est fondamental. Elles illustrent aussi comment ce besoin s'exprime, à un moment donné, chez l'enfant, l'adolescent et l'adulte.

"Le rêve de la demeure" trouve son écho dans la forêt abritant une maison igloo ou une cabane, sur un plateau de cinéma, dans le quartier, la rue, les vitrines de magasins, le recoin de la maison, ou dans l'agencement plus ou moins achevé de cartons et de planches. Il revêt des formes variées qui accèdent parfois, comme chez Hans Walter Müller, à la réalisation totalement habitable.

Loin de se réduire à une fuite hors du monde, ce repli sur soi, inhérent à l'acte d'habiter, permet au contraire de multiplier et de renouveler sans cesse les rencontres avec le monde. Habiter, c'est cohabiter. La réalité sociale, si elle n'est pas une source d'inspiration directe, joue par exemple un rôle déterminant dans le mode d'expression que choisiront les jeunes de Nevers pour évoquer cette nécessité cruciale de communiquer et d'ébranler certains clivages. Leurs portes décorées, plantées au pied des immeubles, deviennent alors "ces passages secrets inventés" pour montrer aux adultes la direction du rêve et de la poésie".

En soulignant la valeur symbolique et l'enjeu social de l'acte d'habiter, ces témoignages nous démontrent l'importance, voire l'urgence d'entamer ou de poursuivre, avec nos élèves, une réflexion sur l'habitat. Les hommes et les citoyens qu'il deviendront un jour seront sans doute mieux armés pour concevoir un cadre de vie respectueux de leurs aspirations profondes.

Katina Iérémiadis

	SOMMAIRE CREATIONS N° 85