Raccourci vers le contenu principal de la page

Le conseil. Échanges du mercredi 22.10.2012.

Dans :  Principes pédagogiques › coopération › 

 

Le conseil.
Échanges du mercredi 22.10.2012.

 

Pour amorcer le débat, chaque participant a écrit sur des petits papiers des réponses à la question « Pourquoi le conseil ? », une idée par petit papier. Les petits papiers ont été mélangés puis redistribués. Alors les échanges ont démarré sur une première question. Au cours de la discussion, chacun a pu lire un papier qui lui semblait correspondre au moment présent ou relancer une autre piste. À la fin, tous les papiers ont été lus.

Le conseil, c'est pour régler les conflits/Le conseil, ça n'est surtout pas pour régler les conflits.
Ces deux papiers ont été les premiers à être lus. Ils se répondent parfaitement pour bien lancer le débat. Si le conseil peut servir aussi à régler les conflits, plusieurs participants ont expliqué comment, en l’instaurant à cette fin, leur groupe s'est vite retrouvé dans une impasse dans laquelle les conflits prenaient de plus en plus de place.

Le conseil, c'est pour que les enfants puissent faire des propositions.
Pourtant... « Personnellement, le conseil est apparu dans ma classe pour gérer les problèmes d'activité : que faire de tous ces textes, dessins que les enfants produisent en quantité ? Il n'y avait pas de problème de conflit à gérer : je débutais et, en bon "Maître d'école sévère mais juste", je gérais personnellement tous les conflits avec la bienveillance et la justice nécessaires. » Ce qui n'empêcha pas, après un certain temps, que les enfants s'emparent du conseil pour régler les conflits personnels.
Il faut alors inventer des moyens de réguler le temps imparti aux conflits, éliminer les conflits mineurs qui pourraient se régler seuls, hors conseil. Des outils ont été proposés.
Le conseil permet de différer (pour les plus âgés), alors on ne parle que des problèmes datant de 24 ou 48 heures.
Utiliser un cahier de doléances, un tableau ou des papiers : en général, le jour du conseil, environ la moitié des demandes tombent et la moitié de la moitié restante ne demandent qu'une lecture sans discussion.
Ne pas rester dans la seule sanction : faire en sorte qu'il y ait toujours possibilité de réparation afin que chacun (accuseur/accusé) puisse clore le conflit.
Limiter le temps pour chaque conflit.
Externaliser le plus possible par des outils tels que les messages clairs et les médiateurs (références à trouver sur le site de l'ICEM).
Il a été discuté du cas d'élèves harcelés par un autre, par un groupe, par la classe. Ces situations comparables au racket ne vivent que du silence des victimes qui sont souvent dans le déni par honte ou par peur. Si l'adulte a connaissance de tels faits (qu'il les ait remarqués seul ou qu'il ait été prévenu par l'enfant victime ou par un copain de celui-ci), il faut faire en sorte que le problème puisse venir à la lumière en proposant à la victime de le dire au conseil, en lui proposant qu'un copain en parle, en lui demandant l'autorisation d'en parler.

Le conseil c'est un lieu de parole et d'écoute ouvert à tous.
De toutes façons, avant que le conseil ne règle ces problèmes, l'adulte est garant de la sécurité physique et affective de tous et se doit d'intervenir.
Mais il faut revenir le plus vite possible à un conseil de gestion et d'organisation de la vie de la classe. Si besoin en intervenant soi-même au conseil si le groupe ne prend pas ce chemin de lui-même (part du maître).
Le conseil, c'est pour créer du lien autour d'intérêts communs.
Plus on développera les possibilités d'activités vraies pour les enfants, moins il y aura de conflits personnels, plus il y aura de problèmes d'organisation et de propositions.
« T'interdir de les punir t'obligera à les occuper. » Fernand Deligny dans "Graines de crapules".

Comment se fait la mise en place des règles de vie ? Doit-on les mettre toutes en place dès le début ou est-ce que ça vient petit à petit ?
Certains ont eu des expériences où des règles mises en places avec les enfants dès le début répondaient en fait à ce que les élèves pensaient que l'enseignant attendait et n'étaient finalement pas respectées. C'est lorsque les règles sont mises en place avec les enfants, mais pour répondre à un problème, qu'elles sont effectivement investies.
On a fait la différence entre les lois qui ne sont pas négociables et les règles qui sont instituées, rediscutées et modifiées lors des conseils. Selon les classes, ces lois sont plus ou moins explicites, voire écrites. Elles tournent toutes autour du respect de la personne : pas de violence, pas de moquerie, droit de chacun à être dans le groupe et respecté...
Le plus possible, tenter de formuler les règles de façon positive : "Se déplacer en marchant" vs "Ne pas courir". "J'ai le droit de …".

À quelle fréquence le conseil doit-il se faire ?
Selon l'âge, l'enfant peut plus ou moins différer. En maternelle, on peut le faire tous les jours un peu ou uniquement si besoin. En cycle 2, soit tous les jours soit une ou plusieurs fois par semaine. En cycle 3, chaque semaine ou tous les 15 jours. L'important est qu'il réponde bien à tous les besoins, à toutes les demandes. Lorsque les enfants se trouvent en sécurité dans le groupe et dans le conseil, ils pourront exprimer leur insatisfaction quant à sa fréquence.

Comment se prennent les décisions ?
Dans la majorité des classes, les décisions sont prises suite à un vote à la majorité absolue.
Certaines classes ne prennent les décisions qu'au consensus. Lorsqu'un choix binaire est à trancher, on cherche généralement un compromis acceptable par tous afin que chacun puisse s'y reconnaître. Mais une troisième voie est souvent possible. Cela oblige le groupe à mettre en œuvre sa créativité.
On cherche toujours à ce que la majorité n'empêche pas les projets minoritaires ou n'impose pas un projet à une minorité. Dans la plupart des cas, la discussion permet d'éclairer les points de vue et de les rapprocher pour une décision satisfaisante... et une décision prise pour être rediscutée ensuite après confrontation au fonctionnement réel.

Le président est-il toujours le même ?
Là encore, selon les classes, selon les années, les réponses diffèrent. Soit on fait tourner pour que tous les enfants s'essayent à cette tâche, soit on garde le même président et le même secrétaire pour des tâches complexes qui demandent une compétence qui met du temps à se forger ; tous les enfants peuvent alors s'essayer à la présidence lors d'autres moments collectifs (quoi de neuf, présentations, choix de texte...).

Le conseil c'est le moment pour discuter et décider des métiers", des "responsabilités".
Certains en font un moment à part. D'autres incluent dans le conseil les bilans de fonctionnement des responsabilités.
Au cours de cette discussion s'est posée la question du type de responsabilités. Doit-on inventer des "responsabilités" qui n'en sont pas vraiment ? Soit on le fait car les responsabilités sont un moyen fort d'intégration des individus dans le groupe. Soit on reste sur une fonction purement utilitaire des responsabilités qui doivent aider réellement au fonctionnement de la classe (si la responsabilité n'est pas assurée, la classe ne fonctionne plus correctement).

Le conseil est-il le moment des débats philo ?
Si des thèmes de débat peuvent émerger lors du conseil, comme lors de tous les autres moments, le débat lui-même doit se tenir hors du conseil qui a une autre fonction.

 

Le conseil, c'est pour partager le pouvoir.
Quelle disposition matérielle pour organiser le conseil.

Compte-rendu partial et partiel (pléonasmes) écrit par Philippe Wain.