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Naissance d'une pédagogie populaire 1 - Le premier congrès : Tours 1927

LE PREMIER CONGRES
TOURS (1927)
 
    En fin d'année parut notre premier Extrait de «la Gerbe » : « Histoire d'un petit garçon dans la montagne ». Ce fut vraiment pour nous une grande joie. Nous en emportâmes tout un stock à notre premier Congrès de l'Imprimerie à l'Ecole, à Tours, les premiers jours d'août, où se tenait à ce moment-là le Congrès annuel de la Fédération de l'Enseignement, auquel Freinet participait comme secrétaire syndical des Alpes-Maritimes. Manuel Cluet venu de Madrid par autorisation spéciale de Primo de Rivera y assistait.
    Ce premier Congrès eut en réalité une importance considérable pour le mouvement de l'Imprimerie à l'Ecole. C'était vraiment la première fois que Freinet prenait un contact aussi large et profond avec ses adhérents qu'il ne connaissait pour la plupart que par correspondance.
    Minutieusement, on mit au point toutes questions concernant le matériel (presses, composteurs, caractères, papier, reliure, illustrations diverses). Mais surtout Freinet eut le plaisir de préciser, de dégager l'esprit dans lequel devaient être utilisées les techniques de l'Imprimerie à l'Ecole. Il mit en garde ses camarades, comme il le fit régulièrement à tous les Congrès, contre un emploi trop formel de l'imprimerie. L'Imprimerie à l'Ecole ne doit pas servir l'ancienne méthode par l'impression de textes d'adultes, de résumés scolaires ; elle est l'outil de libération de la pensée enfantine ; et déjà Freinet posait les exigences du texte libre. Il met en garde surtout les éducateurs des cours supérieurs, des écoles professionnelles, des E.P.S. contre l'usage de l'imprimerie asservie à un régime scolaire retardataire incapable de régénérer l'esprit de la classe. « Nous espérons que la voie montrée par nos écoles primaires élémentaires qui vivent, écrivent et lisent dans la joie, influencera les écoles formalistes et les aidera à faire triompher la vie sans laquelle il ne saurait y avoir d'éducation vraie ». Et, pour cette raison, il s'attache encore plus à faciliter les échanges interscolaires.
    Le soir du 7 Août 1927, à Tours, Freinet présenta aux imprimeurs un petit film Pathé-Baby, représentant les petits élèves de Bar-sur-Loup au travail. Tout cela intéressa prodigieusement les camarades. Il fut décidé que des films semblables pourraient être tournés par les divers camarades, et Boyau, chargé de la « Cinémathèque Coopérative », qui vit le jour, en fait, à ce premier Congrès, essayait d'en faire les copies.