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Hier dans le métro...

De l’autre côté du quai, un homme est assis sur un sac de couchage, près de lui quelques affaires personnelles. Six hommes l’entourent, des policiers des transports. Sans doute, les six hommes lui demandent de les suivre, de quitter le quai. Une mesure d’utilité publique. L’individu dérange, il prend trop de place et agresse la vue et l’odorat des voyageurs. Il faut dire que chez ces gens là, la misère fait pitié certes, mais il ne faut pas qu’elle se voie trop, il ne faut pas qu’elle gêne.

Les six hommes lui parlent, on ne comprend pas les mots, mais la réponse de l’homme assis déchire la station : « Laissez-moi tranquille ! ». Les policiers se penchent, l’homme alors hurle : « Laissez-moi tranquille ! Laissez-moi tranquille ! ». Un silence violent pénètre la station.
Les quelques voyageurs présents regardent cet homme qui ne veut pas partir, qui ne veut pas quitter le seul endroit avec un toit qui lui reste : ce quai de métro. Il faut dire que même les stations de métro sont devenues hostiles aux pauvres : plus de bancs, quelques sièges très espacés ou très incurvés. Il ne reste plus que le sol pour s’étendre.
Certains regards fuient, d’autres observent gênés.
 
Surgit alors un gazouillis enfantin. Une classe bien rangée arrive sur le quai, puis passe devant le drame, les enfants ralentissent, regardent, la maîtresse les presse. Le rang s’éloigne.
Les enfants vont certainement questionner l’adulte sur le pourquoi et sur ce qui va arriver à cet homme.
Peut-être que l’enseignant de retour en classe prendra le temps pour en discuter avec les enfants ? Peut-être que ce moment de parole rendra un peu de dignité à cet homme ?
 
Peut-être pas.
 
Peut-être que l’enseignant ne répondra pas aux questions, pas le temps, pas l’affaire de l’école, mieux vaut préserver les enfants. Alors, l’homme sera perçu selon l’imaginaire de chacun comme un vilain, un hors-la-loi, un vaurien, un bandit…
Peut-être que la veille ou un autre jour, le professeur dans le cadre de l’éducation civique et morale a enseigné les valeurs de fraternité, d’égalité, de liberté. Mais le lien ne se fera pas, la leçon de classe ignorera la leçon de vie.
 
Les valeurs humanistes ne s’enseignent pas, elles se vivent et la vie offre quotidiennement des situations de réflexion, de remise en question comme celle que j’ai vécue hier dans le métro.
Une école ouverte à la vie et vers la vie, un essentiel de la pédagogie Freinet !
Le 23 mars 2013
 
 
 

 

On devrait multiplier les

On devrait multiplier les observations écrites de ce style. À l'Oulipo, on appelle cela des microévènements. De ces petites choses que l'on croise dans la ville ou ailleurs et qui ont leur pesant de signification...

texte très juste!!!

Tu publieras ça sur Mediapart aussi ou pas, Catherine?