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BREST a pris un tournant

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Avril 1965

Cinq jours déjà que le Congrès de Brest est terminé. C’est dans le silence de la Vallouise, au pied du Pelvoux que je revis et que je repense ces six jours de travail intense, au milieu d’une masse mouvante et exigeante de plus de mille éducateurs.

Disons-le dès l’abord :

Le succès de nos Congrès — et de celui-ci en particulier — nous le devons à la longue et minutieuse préparation dont nos dévoués organisateurs ont pris la charge et qu'ils ont conduite avec une calme méthode qui peut apparaître à ceux qui en ont bénéficié comme naturelle. Mais nous qui savons ce que représente leur réussite, nous leur adressons à tous, et au nom de tous nos Congressistes, nos meilleurs remerciements.

Une bonne organisation sert évidemment, et de façon déterminante, le succès pédagogique et social. Et pourtant, à ce tournant de notre mouvement, nous aurions échoué, sans rémission peut-être, si nous n'avions pris conscience de cette nécessité urgente de nous adapter aux incidences et aux conditions nouvelles qui nous étaient imposées par l’évolution technique, pédagogique et sociale.

PREMIERE PRISE DE CONSCIENCE

Une masse de 1 000 à 1 200 éducateurs, dont la moitié de nouveaux, ou du moins de non encore intégrés à notre mouvement, ne s’administre ni ne s'organise comme nos modestes Congrès de naguère, où les 5 à 600 participants se connaissaient et venaient à nos réunions pour y continuer le travail de l’année, tout en se retrempant dans l’atmosphère vivifiante de notre grande amitié.

Face à cette masse, nous avons été amenés à nous retrouver entre camarades travailleurs et responsables, entre « cadres », pour employer un mot aujourd’hui courant.

Nous avions donc prévu une sorte de pré-Congrès qui, pendant deux pleines journées, a pu examiner et étudier, entre 60 à 100 camarades, les diverses questions urgentes, et notamment tous les problèmes d’organisation et de direction que les difficultés de l'année écoulée imposaient à notre mouvement.

a) Nous avons été d'accord pour reconnaître que l’lnstitut Coopératif de l'Ecole Moderne (ICEM) organisme dirigeant de notre mouvement, a autorité sur la CEL qui en est comme la section commerciale, mais qu'il ne saurait y avoir en aucun cas séparation ni dualité, ICEM et CEL travaillant tous deux pour les mêmes buts : le succès de notre pédagogie.

b) Pour consacrer cette unité, il nous fallait mettre vraiment sur pied l’organisme central qu'est l’ICEM.

Une question délicate se posait à nous : l'ICEM doit avoir maintenant une organisation administrative légale avec adhérents inscrits et payant cotisation, qui nomment un CA et un Bureau. Allions-nous ouvrir nos portes toutes grandes pour que s'inscrivent à l’ICEM la masse des camarades qui peu à peu s'intègrent à notre mouvement? C'était courir le risque de voir un jour la ligne pédagogique imposée à l'ICEM par une large proportion de nouveaux non initiés à nos techniques.

Nous avons décidé que c'est le noyau de cadres d'environ une centaine de camarades qui constitueraient l’ICEM. Ce sont eux qui proposeront les membres du CA de la CEL, qui nommeront les organismes dirigeants de l'ICEM et qui prendront toutes mesures pour la bonne marche du mouvement. Des adhésions nouvelles pourront être prononcées sur proposition de deux parrains et après avis favorable du Délégué Départemental.

Les membres de l’ICEM devront être actionnaires de la CEL.

Cela ne veut pas dire que la masse des autres camarades qui viennent s’agréger, toujours plus nombreux à notre mouvement n’auront pas droit à la parole. Ils travailleront au sein du mouvement, participeront activement à l’édition des revues et notamment de L'Educateur, et se retrouveront au sein des groupes départementaux qui seront comme l’organisme de base du mouvement.

Ainsi sera assurée la direction vraiment coopérative de notre mouvement. Et de fait une situation administrative qui semblait difficile à définir a été réglée en toute camaraderie, sans élection, sauf pour ce qui concerne l’AG de la CEL qui doit fonctionner conformément aux statuts et aux règlements. Nous ne changeons d’ailleurs rien aux formules d’autogestion qui sont traditionnelles chez nous.

Au cours des deux journées qui ont précédé le Congrès, nous avons étudié en commun et résolu au mieux toutes les questions. Dès le dimanche soir, après la réunion des Délégués Départementaux — présents dans leur grande majorité — nous savions dans quel sens devaient s’orienter nos travaux et ce que nous aurions à faire au cours de l’année à venir.

Et notre Congrès a fonctionné alors à merveille sans règlement, sans directeur, dans un cadre amical de plus de cent camarades qui ont assuré le succès complet de ces quatre journées.

L'AG de la CEL a été réunie conformément aux statuts. Elle a confirmé la nomination de Poitrenaud comme Directeur Général-Adjoint et de Pierre Rauscher comme Directeur administratif. Elle s’est réjouie d'un redressement spectaculaire de la situation avec un chiffre d’affaires doublé depuis six mois.

La CEL continue, plus solide que jamais. Un seul changement est intervenu. La CEL était administrée jusqu'à ce jour par un CA composé de 12 camarades de toutes régions de France. Mais, du fait de cette dispersion, il ne pouvait se réunir qu'en période de vacances. Entre temps, le Directeur responsable devait opérer de sa propre autorité, à ses risques et périls.

Le nouveau CA responsable, avec Février (Vaucluse) comme président et Menusan (Cannes) comme vice-président, comprend six camarades (dont le président) de la région du Sud-Est, et pourra ainsi se réunir sur simple appel de Cannes. Les ennuis qui nous ont handicapés ces dernières années seront évités.

Nous avons tout particulièrement étudié ensemble les conditions de la grande campagne de propagande BT que nous allons développer au cours des prochains mois et dont nous vous entretiendrons plus particulièrement.

 

TOURNANT AUSSI DANS I.A CONCEPTION MÊME DE NOS CONGRES

Nous étions 4 à 500 autrefois. Aujourd’hui c’est la masse qui nous rejoint, avec ses désirs, ses besoins, ses exigences.

Nous sommes trop nombreux, une telle foule n'est pas toujours facile à dominer et à orienter. Un tiers de cette masse seulement nous est familier ; un autre tiers assiste pour la deuxième fois à notre Congrès, a déjà participé à nos stages et nous est donc en partie familier ; un autre tiers est composé de nouveaux, parmi lesquels des jeunes et des normaliens, ce dont nous nous réjouissons,

Mais il résulte de cette évolution de nos Congrès que le travail de commission tel qu’il se pratiquait autrefois n’est plus possible et qu’il faudra trouver d'autres techniques de travail coopératif durant ou entre nos Congrès. Nous y pourvoirons, il ne nous était pas possible de laisser cette masse avide tourner en rond dans cette vaste foire qu'est notre Congrès. Nous avons innové par l’organisation d'importantes conférences qui réunissaient la grosse majorité des congressistes. La conférence sur la Dyslexie a été le clou du Congrès. Nous tâcherons d’en donner un important compte rendu. Ma conférence sur les Boîtes enseignantes et la Programmation a contribué à dissiper les malentendus qui inquiètent ceux de nos camarades qui n’ont pas encore expérimenté la technique nouvelle. Une discussion sur la Radio, la Télévision scolaire, le magnétophone, les BT sonores, avec Dieuzède, Directeur de la Radio scolaire, Bélis et Guérin a amélioré nos conceptions des techniques audio-visuelles.

La conférence du jeudi après-midi sur la Culture était comme la conclusion d’un Congrès qui apporte la preuve que, débordant largement les techniques, la pédagogie de l'Ecole Moderne apporte des solutions valables pour la formation en l'enfant de l'homme de demain.

Nous donnerons séparément les comptes rendus de nos séances plénières, tout comme nous parlerons plus longuement de nos longues réunions avec les étrangers (Allemands, Belges, Algériens, très nombreux, Italiens, Suisses, Hollandais, Canadiens, Afrique Noire, Tunisiens, Yougoslaves, Tchécoslovaques, Polonais, Chinois, sans compter une quinzaine de pays qui nous avaient envoyé leurs salutations).

Il a été décidé notamment avec eux :

— d’accélérer la mise en place de notre pédagogie, plus spécialement dans les pays en voie de développement ;

— de créer à Vence un Institut International de Formation des Educateurs Ecole Moderne, dont nous entretiendrons prochainement nos lecteurs ;

— d’intensifier les relations internationales par la création d’un Educateur International qui paraîtra tous les trois mois.

Toutes ces différentes réunions, ainsi que les réunions de synthèse ont été extraordinairement suivies. Elles ont souvent fait salle comble. Et jusqu'au dernier soir, jusqu'à la dernière minute, les participants ont été attentifs et passionnés, preuve essentielle de l’intérêt supérieur de notre Congrès,

TRIOMPHE D’UNE PEDAGOGIE

TOUT A LA FOIS THÉORIQUE, PRATIQUE ET CULTURELLE

Jamais nous n'avions senti dans nos Congrès cette fidélité, cette participation, cette intégration qui faisaient de ces centaines de camarades, non point des participants passifs, mais des éducateurs conscients de la portée, pour leur classe et pour eux-mêmes, d'une pédagogie qui serait Technique de Vie. Et c'est dans ce sens que ce Congrès est plus prometteur encore que les précédents. Il n’est pas seulement une promesse. Il est déjà un acte. D'où peut venir ce réconfortant renouveau?

a) Il y a eu ces derniers temps les nouvelles Instructions ministérielles, notamment pour les classes de transition et les classes de perfectionnement. Elles ont posé à de nombreux camarades des problèmes urgents pour lesquels nous seuls leur apportions les réponses. Cela nous valait évidemment une nouvelle autorité ; nous étions sortis du stade de l'expérience pour présenter une pédagogie officiellement reconnue, avec tout ce que cela comporte d'avantages mais aussi de risques et d’inconvénients. Nous atteignons à une sorte de majorité qui donnait plus d'importance et de portée à nos travaux. Et c’est bien le sentiment que pouvaient avoir les nombreux camarades qui participaient pour la première fois à nos Congrès : le sentiment d’adhérer, de participer à une force, à un mouvement sûr de lui, qui sait où il va et qui fait autorité, ce que confirme encore la présence d’inspecteurs et de diverses personnalités.

b) Le milieu nous a aidés à consolider cette autorité : dans une ville tout entière admirablement reconstruite, nous avons bénéficié de conditions exceptionnelles :

Centre Universitaire Scientifique, avec des salles d'expositions fort bien aménagées, des amphis, nombreux et pratiques, des salles de réunion et de travail pour tous. Jamais peut être nous n’avions été si à l'aise, malgré le nombre ;

— le Restaurant Universitaire, où service et repas nous ont donné totale satisfaction ;

— les Expositions :

l'exposition artistique était doublée au CSU d’une exposition technologique jamais égalée.

Mais l’exposition de la Mairie était tout simplement admirable. Quand, dès l’entrée, dans ce sous-sol, on embrassait du regard la salle splendide qui accueillait nos chefs-d'œuvre, on avait tout d’un coup conscience que, dans ce domaine aussi, nous avons atteint une maturité dont nous avons raison d'être fiers,

Nous ne pourrons pas décrire cette incomparable richesse. Seules les diapositives essaieront de vous en donner une idée. Nous tâcherons de les mettre à votre disposition.

c) Nos incessants progrès techniques qui mettent à la disposition de nos camarades une gamme exceptionnelle d'outils nouveaux et de techniques parmi lesquels les éducateurs peuvent faire leur choix. Nous avions cette année nos boîtes et nos bandes enseignantes, nos BT et nos BT Sonores, en plus des outils déjà classiques, de l’imprimerie et du limographe aux cahiers autocorrectifs.

Ne nous y trompons pas : le vrai progrès de l’Ecole se situe à ce niveau des outils et des techniques, sans lesquels il ne saurait y avoir que verbiage scolastique.

d) Nous avons eu souvent à faire le point à ce sujet.

Dans le complexe psycho-pédagogique, il y a d’une part les professeurs et psychologues qui, de par les études qu’ils ont faites ont tendance à expliquer intellectuellement tous les faits de connaissance, de jugement et de comportement. Et ils les expliquent, non en fonction de l’expérience qu’ils pourraient en avoir, mais d’après les principes qu’on leur a enseignés.

Un dialogue serait évidemment souhaitable.

Nous espérions l’établir par la revue Techniques de Vie pour laquelle nous n’avons pu obtenir les collaborations désirées. Nous tâchons de pourvoir nous-mêmes à ces recherches psychopédagogiques, avec l'aide de nos amis inspecteurs ou professeurs. La réussite de notre grande séance sur la dyslexie nous encourage à continuer notre travail, avec l’assurance que nos points de vue prévaudront un jour prochain, non seulement parce qu’ils sont fondés expérimentalement, mais aussi parce que les processus d’apprentissage qu’ils permettent sont plus efficients que ceux qui découlent des vieux enseignements. Si nous parvenions par exemple à prévenir et à guérir la dyslexie, nous ferons du même coup la preuve de la valeur théorique et pratique de notre pédagogie,

Dans ce domaine aussi, nous avons acquis une maturité à laquelle nos congressistes ont certainement été sensibles, surtout sur le plan de l’Art Enfantin, où notre réussite est désormais évidente.

TOUT L’AVENIR

DE L’ECOLE MODERNE

Notre Congrès a été dominé aussi par la prise de conscience de cette autre réalité nouvelle que nous sommes engagés dans une sorte de course de vitesse dont dépend le sort, et même la vie de notre mouvement.

Il y a deux aspects à ce phénomène :

a) Le succès de notre pédagogie commence à intéresser tous ceux qui sont à l'affût d’une bonne affaire pédagogique et commerciale. Tant que les chercheurs déblayent obstinément le terrain dans l’espoir de trouver le filon, avec les alternatives naturelles de découragements et d'espoirs, les aides désintéressées sont rares. Mais qu’apparaissent les premières richesses d'or ou de cristal de roche, et les aventuriers accourent, suivis des grandes compagnies qui savent exploiter la sueur des audacieux. Ceux-ci pourront s’estimer heureux si les sociétés d’exploitation ne les repoussent pas méthodiquement jusqu’à leur contester la propriété de leurs découvertes. Nous en sommes à ce stade. Il faut nous attendre — et le processus est déjà commencé en certains secteurs — à voir nos techniques et nos réalisations démarquées, et intentionnellement déformées d’ailleurs ; à voir nos ennemis d'hier emboîter le pas, puis prétendre nous devancer si nous n’avons en tous domaines pris définitivement la tête du peloton. Rien n'est plus délicat pour une œuvre que son entrée dans le domaine public qui risque souvent de la pervertir et de la déformer. Nous aurions pu, comme l'a fait Mme Montessori, faire breveter notre méthode et en subordonner la pratique à un certificat d’aptitude. Nous n'avons pas voulu en restreindre l'emploi, mais il ne faut pas nous dissimuler les difficultés que nous allons rencontrer.

b) Et il y a les récentes Instructions ministérielles qui, pour les classes de transition notamment font une obligation à ceux qui s’y engagent, de pratiquer les Techniques Freinet. Ils risquent de les pratiquer dans l'esprit traditionnel et de contribuer ainsi à leur scolastisation qui sera dégénérescence.

Nous avons étudié ensemble la possibilité de parer à ce danger:

— en organisant notre ICEM, association de cadres conscients qui sauront montrer la voie. Il faut que le nombre et la qualité de ces cadres aillent s’enrichissant pour que soit assuré l'avenir de notre mouvement ;

— en multipliant les stages dont nous perfectionnerons le fonctionnement ;

— en créant notre Institut de Vence pour l'initiation théorique et technique des Educateurs Ecole Moderne.

C'est une très grande entreprise qui marquera la prochaine année, et à laquelle nous devons intéresser tous les hommes inquiets des dangers de la civilisation actuelle créatrice de robots.

c) Course de vitesse aussi pour l'introduction de notre pédagogie dans les pays en voie de développement. On reconnaît aujourd'hui, officiellement, que les procédés d'alphabétisation par les méthodes traditionnelles ont fait faillite. On se préoccupe de les remplacer par des techniques audiovisuelles qui seront diffusées sans le secours de l'écriture et de la lecture.

Qu'on puisse distribuer ainsi une connaissance technique apte à former des robots, aucun doute. Mais il serait dangereux de tourner aussi radicalement le dos à toute culture. Et ne nous illusionnons pas : la réussite technique dans les pays en voie de développement nous vaudrait l'extension des techniques audiovisuelles intégrales dans nos propres pays.

Nous apportons, avec le texte libre, le limographe et les bandes enseignantes une solution tout à la fois technique et culturelle aux graves problèmes d'alphabétisation. Hélas ! la valeur aujourd’hui éprouvée de ces techniques ne suffira pas pour gagner la partie. Nous avons contre nous les grandes forces d’argent pour lesquelles les pays à équiper sont d’abord un vaste marché ouvert, qu’on exploite et qu'on exploitera sans aucun souci de culture. Il nous faut là aussi agir sans tarder, aider nos groupes d’Afrique à diffuser notre pédagogie, accueillir des stagiaires dans notre Institut à créer, prévoir stages et congrès. Ce sera là aussi l’œuvre des prochains jours.

 

LA CULTURE

Ces recherches si diverses, dans tant de multiples directions, devaient nous amener tout naturellement aux problèmes de culture qui sont la raison d'être de toute éducation.

Nous en avions amorcé l’étude, notamment dans notre revue Techniques de Vie, par un article percutant d'Elise Freinet, auquel ont fait écho de nombreuses communications.

Nous croyions trop parfois que les éducateurs venaient à nous exclusivement pour chercher une réponse aux problèmes techniques qui leur étaient imposés, Ils cherchent cela, incontestablement, mais dans le complexe de leur vie, et ce complexe est toujours à base de sensibilité, d'affectivité, de culture et d'idéal. Nous avons révélé, par notre pédagogie, l'incidence parfois décisive de ces éléments vitaux. Cette incidence est tout aussi décisive dans les aspects divers de nos Congrès. Et c’est sans doute parce que nous leur avons donné cette année une place éminente que notre Congrès a mieux touché en profondeur la masse de nos congressistes.

Sans négliger nos techniques, nous accorderons dorénavant dans nos réunions et nos publications une place importante à ces problèmes de culture qui nous orienteront vers une philosophie, et si possible vers cette sagesse que, dans une conclusion à la séance sur la culture, j’ai préconisée comme but de tous nos efforts.

Et il y a là, pour tous, du travail sur la planche.

 

DES FINANCES COOPERATIVES

Pour toute cette action, nous sommes à pied d’œuvre, avec cette richesse incomparable de nos centaines de cadres de nos milliers de travailleurs intégrés dans une œuvre essentiellement coopérative dont ils se sentent les libres ouvriers.

Mais encore nous faut-il le nerf de la guerre : l'argent.

Nous avons l’avantage de ne jamais solliciter les fonds d’aucune administration, d'aucune firme qui s'ingénieraient à limiter nos initiatives. Les fonds dont nous avons besoin, ceux qui, au cours de 30 ans de création intense nous ont permis de réaliser une œuvre dont notre Maison de Cannes est comme la synthèse, ils nous sont venus exclusivement de nos efforts coopératifs. Des milliers de camarades y ont participé.

Mais il faut que des milliers encore de coopérateurs continuent cet effort généreux. C’est dans la mesure où nous aurons des fonds que nous pourrons promouvoir nos recherches coopératives, réunir les cadres non seulement à Vence mais dans les diverses régions, continuer nos éditions, en entreprendre de nouvelles, nous réaliser au maximum tous ensemble, comme se réalisent au maximum les enfants qui bénéficient de notre pédagogie. Pensez que la seule réunion de nos cadres en journées de-travail à Brest représente une somme de deux millions AF. Et c'est maintenant à notre Institut de Formation de Vence que nous pensons positivement. Des aides financières viendront sans doute — du moins nous l'espérons — mais elles ne viendront que lorsque l'œuvre aura pris forme. Pour la réussite de tous ces projets nous vous demanderons de participer nombreux à la campagne de propagande BT dont nous parlerons plus longuement. Nous avons une Encyclopédie scolaire de 600 fascicules, qui est unique au monde et dont la diffusion peut nous procurer une partie des fonds dont nous avons besoin.

Dans la conclusion à une de nos séances plénières, je disais : « Il n’y a pas de sauveur suprême. N'attendez pas que le salut vous vienne d’en haut. C’est à vous tous, à nous tous, à œuvrer ensemble, pour la réalisation d’une pédagogie qui nous délivrera de l’abêtissement et de la servitude. L'avenir est entre vos mains ».

Nous comptons sur vous tous pour la réalisation des promesses de ce grand Congrès fraternel, étape enthousiasmante dans l'histoire difficile mais réconfortante de notre mouvement d'Ecole Moderne.

C. F.