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QUELQUES DECLARATIONS de l’actuel ministre de l’Education nationale en faveur d’une nécessaire modernisation de l’Enseignement

Dans :  l'Education Nationale › 
Juillet 1962

Actualités de l’Ecole Moderne

 
QUELQUES DECLARATIONS
de l’actuel ministre de l’Education nationale en faveur
d’une nécessaire modernisation de l’Enseignement
 
Au cours de la cérémonie anniversaire de la mort de Jean Perrin, M. Sudreau a tracé les tâches urgentes de l’Université :
 
« Notre avant-garde scientifique et technique pose déjà les problèmes du XXIe siècle, alors que le gros de la masse ne sait encore manier que les concepts du XIXe siècle. Regardez nos villes atteintes de gigantisme où les progrès du confort se payent par de multiples inconvénients qu’ignoraient les précédentes générations ; regardez notre université elle-même qui contribue, plus que toute autre institution, au progrès général mais qu’on administre encore dans beaucoup de cas avec des méthodes héritées d’un autre siècle.
Si nous ne parvenons pas à inventer de nouvelles formules pour organiser et administrer en fonction du progrès des connaissances et du progrès matériel, c’est l’avenir de la civilisation qui risque d’être définitivement compromis, victime de querelles périmée ».
 
A l’inauguration du Lycée Blaise Pascal à Clermont-Ferrand, le ministre a dit :
 
« Notre devoir est de former autant que d’instruire. Les enseignants, je le sais, en sont conscients, mais l’urgence est accrue et je souhaite que les parents aussi et tous nos compatriotes fassent retour sur eux-mêmes, en se demandant quelle civilisation, quel avenir en définitive ils veulent se préparer ».
 
Au cours de la séance de l’Université le ministre a exposé la situation de l’Education nationale et fait l’inventaire des moyens à mettre en oeuvre pour moderniser ses méthodes :
 
« L’Education nationale doit travailler dans. une perspective de 30 à 40 ans. S’il est vrai que nos connaissances sont trop livresques et nos programmes trop lourds, c’est qu’il faut transformer la classe passive où les enfants ne forment qu’un auditoire, en une classe laboratoire où l’enfant puisse percevoir l’actualité et l’utilité de ce qu’on lui enseigne.
 
Il nous faut un enseignement tourné vers l’avenir par ses objectifs, ses programmes, ses méthodes, qui doit nous permettre d’adapter notre culture au monde moderne, d’être de notre temps. Nous aurons à promouvoir un système d’éducation permanente pour remettre à jour nos cerveaux, pour les faire fonctionner au rythme de notre temps... »
 
Puis il poursuit :
 
« L’Education nationale est maintenue dans un carcan administratif. Il faut faire éclater ses structures vieillies. La concentration et la centralisation du siècle passé n’ont plus de sens aujourd’hui. Paris ne doit pas conserver le monopole des hommes et des dossiers ».
 
Et le ministre conclut que cette modernisation suppose un accroissement des moyens financiers et la possibilité d’élaborer des programmes d’investissement se déployant sur plusieurs années.
 
« L’argent n’est pas seulement le nerf de la guerre, c’est aussi celui du savoir et du progrès, dit en terminant le ministre. L’Education nationale devrait bénéficier de l’autonomie financière comme en bénéficient les Charbonnages de France ».
 
Et c’est même pour la modernisation dans les pays africains et malgaches, que le ministre insiste sur la nécessité d’une adaptation de l’Enseignement de style français aux réalités de l’Afrique « terre d’ancienne civilisation », et par conséquent d’utiliser au maximum les possibilités de formation des maîtres existant déjà dans les Etats, de manière à avoir des enseignants formés en Afrique pour l’Afrique. C’est ainsi, a dit le ministre, que vous parviendrez à l’indépendance, à l’autonomie du savoir.