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Septembre 2001

Un florilège, une fatrasie provisoire de réactions spontanées, pleines de poésie ou de maladresses sous le coup d’une émotion mal contenue des amis de cœur ou de reconnaissance nombreux très nombreux qui se découvrent nus et démunis devant cette blague inattendue. Ça fait chier !

 

Une petite pierre pour marquer la disparition d’André Baur. Toute l'expression de notre peine à Laurence. Courage pour ceux qu'il laisse seuls. Salut et tristesse.

 

Quelle tristesse ce soir !

 

Passer brutalement des bouillonnements de la vie au silence définitif… donne à penser à l'injustice quand tombent les amoureux de la vie, ceux qui œuvrent pour le progrès de l'humanité et veulent faire tomber les frontières, les fanatismes sans oublier de sourire.

 

Cela faisait bien longtemps que je ne l'avais pas revu, ce Palestinien de Thionville. Je ne partageais pas toutes ses convictions sur l'issue du conflit qui fait rage au moment où il nous quitte, mais les gens de convictions - même discutables - sont tellement rares par les temps qui courent qu'André va sacrément nous faire défaut. Nous ne verrons plus André, notre funambule de la provoc utile, avec ses coups de gueule, ses convictions, sa générosité, son humour et son courage. Pas remplaçable, André !

 

Nous n’avons fait que nous croiser mais j’ai gardé de toi le souvenir d’un homme si vivant et si chaleureux que j’ai peine à te croire mort. Qui pourra maintenant défendre le point de vue des Palestiniens, dénoncer les intégristes de tout bord, choisir des dessins de presse sulfureux pour relever le niveau de nos BT2, provoquer les arrivistes et les bureaucrates de l'ICEM, nous narrer les cinquante premières années de sa vie, sa famille et ses amis, avec autant de tendresse.

 

Que de bons souvenirs. Je garde d'André des images, si nombreuses et toujours chaleureuses. Pas pensable de croire qu'André ne va plus apparaître parmi nous, avec sa générosité sarcastique, sa vigilance critique, sa manne de dessins d'humour.

Une phrase est revenue si souvent quand il fallait solliciter André, débordé, mais incapable de dire non : « les journées n’ont que 24 heures… ».

 

Mon souvenir à moi, c'est une ou deux AG, un militant qui ne mâchait pas ses mots et qui a perturbé maintes routines. C'est aussi quelques discussions informelles de bar et de couloirs, caustiques, humoristiques, vivantes, le doigt juste à l'endroit où ça déconne. Vêtu d'un machisme de façade, rigolard et provoc, sous une humilité profonde qu'on n'apercevait qu'à deuxième vue… Et ses dessins, j'en parle pas, j'en bavais d'envie... Je l'ai "badé" en train de dessiner, en plénière ou en ateliers…

 

Merci, monsieur André Baur, des traces que tu laisses. Certaines consciemment, et d'autres qui t' échappent... mais tout aussi réelles. Il est des gens qui ont appris à ton contact. Fellag a fait tout à l'heure un étonnant éloge d'André : la revue « Mieux vaut en rire » (dont il possède toute la collection), Les Palestiniens, Les Intégrismes : "remarquable".

 

J’ai souffert de la mise en retrait de l’ICEM d’André. C’était accepter l’idée que les forts en gueule gênent (gênassent !) même chez nous. Maintenant c’est dur à faire son deuil « extra muros » comme une mauvaise conscience collective. Tu n’avais pas que des amis parmi nous, tu avais même claqué la porte quand nos Ceausescu – qui osaient se réclamer de Freinet - refusaient d’engager l'ICEM dans la moindre position politique pour condamner la colonisation des Territoires palestiniens par les Sharon ou l’engagement de la France dans la chirurgie militaire pour quelques barils saoudiens lavés à l’intégrisme.

 

Les convictions, le courage et le talent d'André manqueront désormais. Son beau travail sur l'islamisme restera pour moi un moyen de garder vivant son souvenir. Je me dis qu’André existe toujours à travers les combats qu’il a menés, à travers les traces qui en restent et qui servent d’exemples à nous et à bien d’autres. Ne laissons pas les cons envahir les places qu’on laisse trop vite libres. A quelques heures près, André aura évité d’assisté au triomphe de Benito Berlusconnerie. Il reste encore des combats à mener !

 

(Le Chantier BT2 pour l’essentiel)