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L’œuvre au travail de Nathalie Charmot

Mai 2006

CréAtions n° 116 - Bestiaire - mars/avril 2005

Spectacle Ogres de la Compagnie « Le Dérailleur Machinerie Théâtrale ». Metteur en scène Mourad Haraigue

L’œuvre au travail de Nathalie Charmot

Spectacle Ogres de la Compagnie « Le Dérailleur Machinerie Théâtrale ».
Metteur en scène : Mourad Haraigue

 

Proposition: Créer des costumes, chapeaux, accessoires et des éléments de scénographie qui participeront fortement à l'identité du spectacle


"Il s'agira d'une déambulation poétique, onirique et fantastique en forme de visite guidée dans un espace extérieur : nature, serre...
J'entame ma recherche iconographique en parallèle à celle du metteur en scène ce qui donne lieu aux premiers échanges d'idées en lien avec l'univers des contes, du fantastique, de la nature, de la transformation des corps...

Un dialogue s'engage autour d'images, de représentations picturales ou photographiques qui nous inspirent.
La lecture de textes comme les contes de Perrault et «Le Livre des subtilités des créatures divines» d'Hildegarde De Bingen, l'observation des peintures de Jérôme Bosch nourrissent notre imaginaire. La trame du spectacle, les différents personnages et les scènes qui le composent n'existent pas encore : tout est à inventer.
Mes recherches de formes et de matières démarrent autour de la lecture des contes «Le petit chaperon rouge», «La belle au bois dormant», «La barbe bleue» et «Le petit Poucet». De ces histoires naissent les premières idées répertoriées rapidement comme des notes par de petits croquis ou schémas griffonnés sans souci de rendu esthétique.
Je passe dans un second temps à l'étape des maquettes abouties qui prennent en compte les silhouettes des comédiens et des danseurs telles que je les imagine en m'appuyant sur des silhouettes photographiques.
Ces peintures constituent une des étapes les plus importantes de mon travail de création car l'essentiel s'élabore à ce moment là, dans une concentration un peu méditative. Sur un papier recyclé vert qui m'évoque une atmosphère végétale, je dessine et peins le plus précisément possible chaque forme, chaque détail tout en sachant que les matériaux pourront au moment de la réalisation faire bouger et évoluer les choses.

 

Les maquettes seront présentées au regard du metteur en scène et des comédiens, qui vont se les approprier et les faire évoluer au fil des improvisations et de leurs suggestions.
Un choix est fait parmi mes différentes propositions avec l'idée de réaliser une première série de costumes pour la création du spectacle dans le cadre de la programmation estivale du Parc du Pilat et pour la seconde étape dans les Serres Municipales de Saint-Etienne.
D'autres costumes et une structure scénographique autonome seront construits pour une nouvelle évolution du travail lors de la Biennale Design de Saint-Etienne en novembre 2004.

Détail du carton d’invitation - Affiches et cartes

 

  Ch. IX : L’ÂNE (De asino)
L’âne est plus chaud que froid ; il est stupide et presque aveugle à cause de la surabondance de forces dont il dispose pour la fornication. Il ne tient pas plus à l’état sauvage qu’à l’état domestique ; il ne fuit pas l'homme et se trouve bien avec lui, car, par une partie de sa nature, il rejoint une partie de celle de l'homme. Mais sa chair n’est pas bonne à manger pour l’homme, car elle est souillée à cause de la stupidité qui est en lui.
Si quelqu'un est atteint de paralysie et d'une de ces maladies changeantes qui augmentent ou diminuent selon la lune, comme c'est le cas pour les lunatiques, il faut rechercher un endroit où l’on tue un âne ou bien il meurt (…)
Hildegarde De Bingen

 
 

 

Synopsis

Le public s'installe au cœur d'un «manège» à la morphologie instable ; rapidement il est confronté à de multiples apparitions. Il découvre un bestiaire poétique et grotesque à l'intérieur d'un parcours en forme de dédale. Dès lors commence un voyage onirique à la manière d'Alice, dans les jardins «voilés» de l'enfance.
Des scènes étranges, fragments de contes et de mythes, se succèdent dans un environnement qui ne cesse de se recomposer : images filmées, formes lumineuses, ombres portées.
Il s'agit pour nous de constituer une cohorte de personnages hybrides en expérimentant des métamorphoses possibles du corps :
- lorsqu'il se déforme au service des objets, des outils, des matériaux
- lorsque l'image l'absorbe, l'imprègne (au sens propre) partiellement ou totalement
- Lorsqu'il est transformé ou envahi par la végétation
Il est question de cultiver l'artificiel en testant des écarts possibles de la nature, des invraisemblances monstrueuses, burlesques ou merveilleuses. C'est un bestiaire fantaisiste en référence à la peinture de Jérôme Bosch et au cinéma fantastique (Murnau, Browning...), une aventure dans l'onirisme corporel."
Nathalie Charmot
Ménagerie du bizarre
«La tentation était si forte qu’elle ne put la surmonter : elle prit donc la petite clef et ouvrit la porte du cabinet.»
Charles Perrault, La Barbe bleue
              

Recherches iconographiques

   

 

 

 

 


 

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