Raccourci vers le contenu principal de la page

Aventure balkanique ou Le récit d’un travail à vingt-huit mains (Suite 2)

Mai 2002

 

Et la vidéo ?
Au début, je pensais faire des photos comme nous l'avions décidé dans le groupe. J'aime regarder, observer et le travail de l'image m'intéressait. Mais un problème se posait, je suis très timide, réservée, et aborder les gens me faisait un peu peur. J'avais aussi l'impression d'entrer dans la vie privée des Sarajéviens et cela me gênait.
En parallèle à ce projet photo, Jean Paul montait un projet vidéo avec pour thème “ Les coulisses du voyage ”, c'est-à-dire un reportage sur les impressions des participants au cours du voyage. Je me sentais plus apte à réaliser ce projet. Il était plus facile pour moi de filmer et d’interviewer les personnes du groupe, que j'avais appris à connaître au fil des réunions. Je pensais aussi que je n'aurais qu'à tenir le caméscope sans me soucier du reste. J'ai donc demandé à Jean Paul si je pouvais participer à ce projet et je me suis retrouvée à devoir prendre toutes sortes de décisions et de responsabilités.
Ce projet peut se diviser en trois phases : l'avant, le pendant et l'après voyage. L'avant consistait à apprendre les techniques du tournage et de l'interview, et à structurer notre reportage à s’interroger sur le cheminement les prises de vues indispensables. Pour cela nous avons été aidés par Bernard Malifot ; une petite semaine de cours (théorique et pratique) en condensé sur les connaissances de bases pour faire un reportage.
Puis le temps du voyage est arrivé. Premier interview et première prise de vue dans le train qui nous emmenait à Paris. Au début personne ne voulait être interviewé. Marie et Simon ont quand même accepté. Je ne savais pas trop quelles questions poser, il était trop tôt pour poser celles que j'avais préparées. De leur côté, Simon et Marie ne savaient pas trop quoi dire, mais ils se sont exprimés sincèrement. Les autres interviews se sont déroulés à peu près de la même façon, je posais quelques questions pour aider les interviewés et pour recentrer sur le sujet, mais je préférais les laisser parler sans les interrompre. Le séjour se partagea donc en interviews et prises de vue. Quasiment tout les interviews furent fait dans les chambres de la cité universitaire où nous logions. Je pense que j'aurais dû en faire plus dans les rues de Sarajevo, mais je les réservais pour les prises de vues. Je n'aimais pas me promener avec tout le matériel pour filmer sur le dos. Ce matériel représentait un voyeurisme morbide et un étalage de richesse pour les gens qui nous croisaient. J’ai été heureuse quand dans les montagnes au dessus de Sarajevo un paysan est venu nous saluer et nous montrer sa sympathie, mais j'étais frustrée de ne pas pouvoir lui dire plus de choses que Bonjour. Au début j'ai fait les prises de vues avec Jean Paul. A Dobrinja j'ai laissé Jean Paul filmer seul, j'était trop gênée, c'était pourtant la deuxième fois que nous y allions et cette fois ci avec M. Divjak J'ai quand même réussi à prendre des photos. J’ai aussi fait des prises de vues seule en me promenant dans les rues touristiques de Sarajevo. Par contre, pendant tout le trajet du retour, je n'ai pas touché au caméscope, ce qui a posé quelques problèmes pour trouver une fin au film. A Saint Nazaire, le travail du montage commença. Je ne pensais pas que se serait si long et si ennuyeux (d'autant plus ennuyeux que je n'aime pas regarder la télévision). Les bandes de papier nous on permis de faire un prémontage, une sorte de story board, avant de passer sur l'ordinateur. Là, c'était passionnant. Enchaîner des plans, ajouter voix, musiques, mélanger les sons des interviews avec des prises de vues de Sarajevo, jouer avec les effets, trouver des petites bidouilles quand on manquait de plans. Nous avons écrit et enregistré les commentaires au fur et à mesure que le film se montait. Il fallait parfois tout recommencer car nous avions oublié quelque chose. Mais le plus dur fut de sortir le film, l'ordinateur “ boguait ” avant que le film ne soit complètement enregistré sur cassette. J'aurai aimé que ce film soit diffusé dans beaucoup plus de lieux que ceux où nous avons exposé.

Claire

 

Ecrire ? mais quoi ?
Je pensais que ça n'allait pas posé de problèmes pour écrire mais, à Sarajevo, le fait d'avoir à écrire sur un thème précis m’a bloqué, je n'arrivais pas à allier mes sentiments à l'écriture de l'abécédaire. Dès le premier jour, j’ai pris des notes, balancé sur une feuille tout ce que je n'arrivais pas à dire mais, pour moi, c'était autre chose, ça ne faisait pas partie du travail que je devais effectuer. Au bout de quelques jours je me suis décidée à dire que je m'enfermais dans l'abécédaire mais qu’à côté de ça, je rédigeais un carnet de bord qui me permettait de me défouler, de raconter les journées plutôt bien remplies, pour ne pas oublier des moments forts de ce voyage. Le fait d'en avoir parlé m'a rassurée, Olivier m’a répondu qu'il ne fallait pas se bloquer sur l'abécédaire et que la forme du bouquin pouvait changer que toutes mes notes pourront servir. J'ai donc continué à tenir mon carnet et à oublier l'abécédaire, ce n'est qu'au retour qu'il a fallu reprendre les notes de chacun et en sortir le meilleur, pas sur la façon d'écrire mais sur le plus parlant.
Manue


Les textes sont de Olivier Caron, Emmanuelle Roux, Claire Nicolazo.
Les photographies sont de Alex Saget, Bérénice Willante, Geneviève Brillet, Emmanuelle Roux, Laure Mallet, Marie Robert, Sam Milson et Simon Desaire.

 

 

Sommaire CreAtions N°102 Début de l'article Tous les témoignages