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Compte-rendu groupe ACP ( Analyse Coopérative de Pratiques) - IDEM 44

Dans :  Région Grand Ouest › Techniques pédagogiques › 

lundi 21 décembre, école Anne Frank

PRESENTS : Paul , Dorothée , Karine , Claire , Claude , Christelle , Marie-Reine , Karine , Valérie .

EXCUSES :, Isabelle , Agnès , Mélanie , Marc , Céline , Chloé , François 

Aujourd'hui, Paul C, présente sa pratique des recherches

Mise en place d'une recherche

L'essentiel des apprentissages en histoire, géographie et sciences se fait à partir du travail de recherche. Le contrat de réalisation d'une recherche, du choix du thème à sa présentation en conférence est de 15 jours. Dans la semaine, le temps consacré aux recherches est de 3 fois ¾ d'heure, auquel il faut rajouter les temps de présentations.

 

Je recherche

→ se mettre à plusieurs

→ choix d'un thème : pour les plus jeunes, se limiter à 2 questions

→ écrire ce que l'on connait déjà sur ce thème, ses questions

→ chercher des documents qui permettront de répondre aux questions: BCD , BT, internet

→ faire le tri / lire la table des matières ou les titres de chapitre

→ repérer dans un document ce qui répond à la question que l'on se pose. ( surligner, reformuler avec des mots simples que l'on comprend, utiliser le dictionnaire si besoin )

→ se répartir le travail et les questions si c'est nécessaire.

 

 

Je présente

 

→ résumer ce qui est important pour répondre aux questions posées. Ne pas recopier un document .

 

Si on a des photos , des schémas / dessins ou cartes, on peut créer une affiche avec des légendes

 

créer une fiche recherche sur le thème choisi qui sera compilée dans un classeur de classe, d'école.

 

→ préparer la présentation orale à la classe : éviter la lecture d'un document , préparer un questionnaire, s'entraîner à répondre à des questions, matériel à prévoir.

 

→ présentation à la classe → critiques pour progresser

→ j'améliore

→ présentation en conférence devant un groupe d'enfants de l'école lors des conférences qui ont lieu les vendredis, tous les 15 jours. Chaque classe de cycle 3 propose la présentation de recherches qui ont été validées par la classe. 4 lieux de conférences sont déterminés dans l'école et le programme est affiché sur la porte de la BCD pour chacun des lieux. Des lectures, préparées par les élèves de cycle 2, et présentations de livres s'ajoutent aux recherches. Les élèves de chaque classe choisissent le programme qui les intéressent. La durée des présentations en conférences est de ¾ d'heure.

 

Place du maître

- créer les conditions propices au travail dans le calme / tous les élèves ne sont pas automatiquement en même temps sur un travail de recherches → ateliers

  • aide à la mise en place des groupes

  • établir un contrat temps: une moyenne de 10 jours faire le point sur les thèmes apparus lors des « Quoi de neuf ? »

- aide à la recherche de documents adaptés.

  • Veiller à la répartition des groupes dans les différents lieux de l'école en tenant compte du statut de chacun (droit de circulation ).

  • faire un point régulier de l'avancée et des difficultés rencontrées par chaque groupe.

  • programmer les présentations : temps, matériel, équilibre

  • mise en valeur : classeur de classe / échange correspondants

 

Au niveau de l'école, on se pose la question de la restitution de chaque recherhe, par un document “résumé” qui serait consultable par chacun des élèves : papier, document informatique ... Actuellement, c'est en débat.

 

 

Poursuivre l'analyse coopérative de cette pratique... (FLM)
Quelques réflexions sur “L'étude du milieu”
 
1 – Savoir en jeu à travers les recherches et conférences
 
Sur quoi reposent les recherches chez les enfants?
Il semble qu'elles soient souvent appuyées
sur leur expérience sensible , vécue ou/et encore
sur le questionnement (de soi, de soi avec les autres – questionnements groupe-classe, de proches, de moins proches, ...)
et sur la recherche (recherche documentaire...et/ou humaine).
Il semble y avoir un processus consensuel inhérent à la classe coopé sur la possibilité offerte à un enfant d’exposer un récit d’expérience à la classe après un travail préalable .
 
Mais comment passe-t-on à la phase de construction de connaissance ?
Quels sont les enjeux d’un travail de connaissance pour les enfants à l’école ?
Nous vivons souvent une multiplicité d'informations . Mais est-on dans une réelle production de connaissances? Les informations apportent-elles des connaissances?
Nous pouvons favoriser la multiplicité des informations pour constituer un arrière-plan commun à la classe, tout en privilégiant l’approfondissement d’une question.
La culture n’est pas seulement de l’information, elle est dans la mise en lien des informations et leur problématisation.”
Les notions de problématisation et de transformation sont au cœur des processus de connaissance.
 
Qu’est-ce qu’une question problématique dans le cadre de l’étude du milieu ?
-C’est une question qui va déplacer une question initiale.
-C’est une question qui va entraîner une autre question.
-Elle permet de passer un degré d’abstraction plus grand  (exemple des griffes des félins reliées au mode de prédation et du régime alimentaire.)
-Elle amène l’enfant, dans une démarche de tâtonnement, à faire des liens qui ne lui sont pas directement donnés.
-Elle se trouve à l’issue d’une construction intellectuelle, d’une recherche.
-Elle permet à l’enfant de vivre le plaisir et l’efficience d’une recherche réussie.
-Elle émerge parfois de la classe, des interactions aux moments informatifs...”
 
La problématisation est une façon de penser, de poser les questions. Parfois, un enfant a besoin d’une réponse immédiate sous peine de frustration.
Il y a donc souvent des réponses immédiates à une question ; les questions d'ordre géographique, historique, scientifique, sont plus délicates mais apportent un nouveau registre de questionnements qui nous amènent certainement plus vers de réelles connaissances.
N'est-ce pas alors notre but d'amener ces questions problématisées...d'initier ce type de questions en tout cas dans le groupe-classe (formation des enfants au questionnement problématisé, émancipateur?)
Si une ou quelques réponses simples suffisent à répondre à un problème, c’est que ce n’était qu’une simple question, si on s’en satisfait.
Une problématisation implique une transformation. La recherche des réponses à un problème fait partie de la construction des connaissances : dans les livres, par l’expérience, par le questionnement des proches,…
Un problème résiste aux premières tentatives de réponses. Pour un enfant, le problème doit devenir une habitude : il faut apprendre à se poser des questions de type problématique .”
Dans les situations de connaissance, la problématisation est toujours liée à la transformation. “Pour qu’il y ait transformation il faut qu’il y ait processus, qu’il y ait de la durée, et une situation initiale affectée, altérée par la problématisation.”
 
L'enjeu d’apprentissage pour une conférence pourrait être de passer des questions de type informatif à des questions de type problématique, qui ouvrent sur de la recherche et de l’intelligibilité du réel ; pourrait-on aller jusqu'à poser la distinction entre un exposé, qui est serait à dominante d’enjeu social ou affectif et une conférence, à dominante d’enjeu cognitif : problématisation + enjeux multiples, complexes.
 
 
2- L'action du professeur
 
Notre rôle n'est-il donc pas d'éduquer les enfants à poser des questions émancipatrices qui sont celles qui les cultivent
“Il y a toujours un double enjeu pour l’enseignant : l’écoute de la situation clinique doit  être adéquate aux capacités réelles des enfants, ... et aller vers plus de culture.”
 
Quelle place lors de la recherche, de la conférence?
Non-intervention ? Elle consiste alors à mettre toutes les questions sur le même plan.
Intervention? On hiérarchise alors les questions.
Si une question est informative, une réponse suffit; si une question est un problème, alors une recherche doit s’engager.
Le professeur en relevant les questions les signale comme questionnement pertinent sur des objets de connaissance.”
En réinterrogeant l’enfant, on peut lui permettre d’accéder à ce qui se joue derrière sa propre question.
Le fait d’intervenir sur la question pertinente participe à l’élaboration du contrat didactique, tout en laissant ouverte la possibilité de poser les questions d’ordres affectif ou anecdotique qui participent à l’implication des enfants.
Notre attitude, notre questionnement dépend aussi sans aucun doute de l'enfant, des enfants en recherche : où en sont-ils dans leur construction de savoirs, dans leur phase de recherche? ...notre “écoute sensible “ est alors primoridale afin de ne pas brûler les étapes.
 
L’authenticité est une condition de la PF, et il ne s’agit surtout pas d’instrumentaliser l’expression sensible et l’expérience.
Nous devons accueillir et cheminer pour trouver la question pertinente du point de vue de ce qui est en train de se jouer.
 
 L’objectif à long terme est de savoir interroger de manière experte une conférence de géographie, d'histoire, de sciences, ... pour rendre intelligible le réel, le monde proche des enfants ..;et plus éloigné. leur donner un rapport d’intelligence à l’environnement.
 
 La qualité de l’écoute de l’enseignant doit maintenir la même valeur à l’écoute sociale, affective, informative, même si sa position sociale d’enseignant lui impose de mettre en valeur l’écoute cognitive, de maintenir « on est à l’école », on doit fabriquer des connaissances, ce qui ne nous empêche pas de rester humains.
 
 
3 – L'action du milieu ( coopération, groupe)
 

Coopérer c’est faire œuvre commune : il peut y avoir élaboration commune d’une problématisation, mais l’appropriation est toujours singulière.

La recherche sera créative si l’enfant modifie son mode de pensée au cours de la recherche.


L’émancipation “qui reste notre finalité en PF” passe par la relation sociale et par la connaissance.

Le problème de l’enseignant est de mettre les enfants au travail, dans un travail créateur, et qu’ils y restent. Le passage au travail créateur implique un effort. Cet effort correspond à une expérience cruciale, qui doit peut-être être provoquée par l’enseignant.

“Les réussites contribuent au déclenchement des processus de travail émancipateur, qui permettent au désir de se diffuser dans un groupe.”

“La coopération, c’est la relation qui permet l’amplification mutuelle des désirs singuliers. “


Le milieu permet d’élaborer progressivement les contraintes. Nous faisons partie du milieu, et en pointant : « ça c’est nouveau, ça c’est original ! », nous agissons sur la contrainte.

Nous devons veiller à l’explicitation la plus complète, par le discours, de ces attentes.

On n’agit pas sur l’élève lui-même, on agit sur le milieu : si le milieu contraint (au sens positif) le travail, il y a mise au travail désaliéné.

L’acte éducatif n’est accompli que lorsqu’on a permis à l’enfant de vivre une expérience jubilatoire experte d’un champ disciplinaire ; quand il est au chœur même de la culture, on a atteint l’enjeu de la culture ; si on a crée un milieu tel que l’enfant agisse dans l’essence de l’activité, alors on a réussi notre pari.


Pour libérer un enfant il faut le libérer de cette question : « Qu’est-ce qu’on attend de moi ? » et lui permettre d’accéder plutôt à cette question : « Qu’est-ce qu’être auteur ? »