Revue CréAtions en ligne "Art et maths" n° 184- octobre 2007 - SOMMAIRE

Octobre 2007

 

CréAtions "Arts et maths"

Revue en ligne annoncée dans le Nouvel Educateur n° 184

Publication octobre 2007

 

 

Ont participé à l'élaboration du dossier "Arts et maths" : Jacqueline Benais, Simone Cixous, Katina Iérémiadis, Maud Léchopier, Agnès Joyeux, Laurence Maurand, Hervé Nunez, Eliane Trocolo.

 

  titre de l'article niveau de classe thème techniques utilisées artiste
"Arts et Maths"   édito    

Sentier artistique et géométrique

collège: classes de 5ème Land Art au collège : invention dans un parc  land-art  

Atelier ICEM à l'espace Art concret de Mouans-Sartoux

Témoignages de congressistes
Congrès de Valbonne, août 2005
Découvrir des dispositifs libérateurs    

Adoptez un jardin


 

I.M.E Création de flaques de résine colorée au coeur du jardin du château d'Auvers-sur-Oise résine et fibre de verre
Xavier Boggio, plasticien

Tisser des liens entre les mathématiques et les couleurs 

élémentaire : CE2/CM1

Intersections de couleurs et résolutions de problèmes - Commutativité / Associativité- Se réconcilier avec les mathématiques

 

maths, couleurs

 

François Morellet

 

Un artiste contemporain dont le travail est étroitement lié aux
mathématiques

  François Morellet,
plasticien

James, deux ans de création-recherche en maths

élémentaire : cycle 3

 Géométrie

   

Une pratique, un outil : la cage à fils

élémentaire : CP/CE1

Tâtonnement autour d’un outil conçu par Paul Le Bohec
création de figures géométriques en volume  

Le carnet de la classe d’Eliane

maternelle : GS


collage, craie, encre

 

Les jardiniers de l'imaginaire

Association d’artistes : Collectif "Les jardiniers de l’imaginaire" (Drôme)

Terres naturellement colorées : un matériau nomade.
Création d’œuvres collectives in situ

dessins aux pigments naturels

 

Mon arbre imaginaire

élémentaire : CE1

Arbres géométriques et haïkus  dessin, écriture  

Créations mathématiques

élémentaire : CM1-CM2


Inventer « quelque chose de mathématique »…
Pourquoi, comment ? Une trajectoire dans l'enseignement des mathématiques

maths
géométrie
numération
 
Images vertigineuses
collège L’accueil d’un artiste permet de comprendre des attitudes et les pratiques spécifiques à chaque artiste. photographie   

Carte Blanche à l’Ecole Elémentaire Jacques Prévert, Bruges (Gironde)

élémentaire : CM1-CM2
Le blanc    

 


 

Édito - Art et math - Nouvel Educateur n° 184

   

Revue en ligne CréAtions n°184 "ART ET MATHS"
annoncée dans le Nouvel Éducateur n°184 - Publication : octobre 2007

Édito

 

Art et maths


Avertissement au lecteur

Dans ce numéro de CréAtions, le comité de rédaction a voulu montrer qu’on pouvait, dans notre pratique de tous les jours, faire des ponts et autoriser des liens entre l’art et les mathématiques, pour permettre à l’enfant « d’accéder au statut d’auteur en math comme en art » (Danielle Thorel), en développant l’exercice de sa créativité. Dans les articles de ce numéro intitulé ARTS ET MATHS, le lien avec les maths est révélé le plus souvent par la présence, dans les productions d’enfants, de formes géométriques et par le recours à la terminologie mathématique, lors des moments de verbalisation et de présentation des productions à la classe, selon une approche qui se veut globale.

Fait-on pour autant des maths au sens strict du terme ? Nous ne le pensons pas. Nous sommes sur ce point d’accord avec l’article de Rémi Jacquet paru dans le Nouvel Éducateur de février 2010, intitulé « Création artistique, création mathématique », dans lequel il rappelle que si l’émotion esthétique peut servir de ressort à l’apprentissage, par exemple dans une activité de traçage de rosaces qui nous émerveillent, l’apprentissage des mathématiques suppose la construction d’un langage et d’une démarche proprement mathématiques. C'est la raison pour laquelle, dans cet article du numéro ARTS ET MATHS, il n’est pas question pour nous de prétendre décrire une séance de mathématiques. De son côté, l’apprentissage de l'art suppose la construction d’un langage et d’une démarche proprement esthétique qui inclut la mathématique comme forme symbolique. Dans la rosace, l'émerveillement dont parle Rémi vient de la coordination des deux langages. 

Il nous semblait important, en créant ce numéro et en le rangeant sous « la rubrique Maths », de souligner l’intérêt « d’entrer » en mathématiques par l’activité artistique, conscients de ne pousser que la porte de l’antichambre! Selon nous, l’apprentissage devrait même débuter ou déboucher sur une production artistique, pour justement mettre les enfants en condition d’aiguiser leur regard et leur geste, de les rendre attentifs à une lecture mathématique possible du monde (faire des correspondances, comparer, réinvestir des savoirs, etc.); et ce en aval ou en amont des séances de créations mathématiques prévues pour : « développer la faculté à voir les mathématiques dans les objets et le monde, à entrevoir, prévoir, imaginer de nouveaux liens, de nouvelles relations entre ces objets, de nouvelles solutions. » (Rémi Jacquet).

En choisissant de laisser le référencement des articles de ce numéro sous la rubrique « maths » ou "géométrie", nous tenions à apporter cette précision nécessaire afin d’éviter les confusions. A l’époque de la publication de ce numéro, la question du référencement des articles selon des rubriques n’existait pas encore. Cette question se pose à présent sur le site. Nous espérons avoir clarifié les choses.

sommaire Arts et Maths

 

Sentier artistique et géométrique

 

Revue en ligne CréAtions n°184 "Art et Maths"
annoncée dans le Nouvel Educateur n°184- Publication : octobre 2007

Classes de 5ème, Collège Jules Vallès, Fontaine (Isère) - Enseignantes : Anne Voltolini et Emmanuelle Heidsieck

Sentier artistique et géométrique

 

Land-Art au collège - Invention dans un parc  

Le parc de la Poya, situé à Fontaine, dans la banlieue grenobloise, est devenu « vivant » depuis que des élèves du collège Jules Vallès y réalisent des sculptures de Land Art. Deux professeurs volontaires, enseignant les maths et les arts plastiques, ont eu l’idée de développer cet I.D.D. (itinéraire de découverte) auprès de deux classes de cinquième d’un R.E.P. (Réseau d’Education Prioritaire). Comment utiliser la nature : Comme un livre de maths ou un livre d’art ? La géométrie est née de l’observation de la nature qui a été ainsi modélisée. Elle intervient aussi beaucoup dans l’art. Pour raconter la géométrie et l’art, les élèves ont œuvré pendant huit séances (au total 23 heures).

 

Le Land Art, qu’est-ce que c’est ?

Les artistes de Land Art interviennent dans la nature, en utilisant la configuration des lieux, la saison à laquelle ils travaillent ainsi que les éléments minéraux et végétaux qui s’y trouvent : les pierres, l’eau, les feuilles, les branches, les fleurs, la neige, la boue, la glace, etc. Les réalisations évoluent avec le temps : les sculptures de glace et de feuilles mortes meurent en quelques heures, les structures en branches survivent à une saison, les installations de pierres résistent aux années. La photographie est le moyen pour l’artiste de garder une trace de chaque réalisation. Dans les livres, sur Internet, à travers la projection d’une vidéo, les élèves découvrent le Land Art et voient les artistes travailler (Nils Udo et Andy Goldsworthy). Ils sont très vite fascinés et émerveillés par ces œuvres et nous sentons chez eux une motivation immédiate.
Nous décidons, lors de la deuxième séance, de visiter un sentier artistique en Tarentaise. Depuis quelques années, pour promouvoir leur région, des communes invitent des artistes de Land Art pour réaliser des installations, le long d’un sentier de randonnée. Tout au long du sentier, les élèves voient « en vrai » des installations de Land Art qu’ils peuvent toucher, dont ils peuvent appréhender les dimensions et repérer les matériaux naturels utilisés.

 

La sculpture est un art imaginaire
          Art éphémère ou art de pierre
         Naturel ou fantastique, tout est dans l’air ou sur terre
      De l’invention à l’assemblage je réfléchis en solitaire
   Art nouveau ou art de l’eau, feuilles ou bien murs de pierres
Rudimentaire ou développée la construction se fait d’avant ou de notre ère
   Tout pour dire que la sculpture est un art artistiquement extraordinaire.
 
 
                  
  
Symétries et formes
 

Lors de la troisième séance, chaque groupe de deux ou trois élèves doit réaliser un croquis précis et détaillé en décrivant les matériaux prévus pour sa première installation de Land Art. Différentes contraintes mathématiques sont imposées :

"Dans votre installation on doit voir :
1- une des deux symétries.
2- un type de formes (parallélogrammes, triangles ou cercle
)."

Pour aider les élèves à construire leur projet, on peut leur donner des incitations telles que : "C’est la répétition qui fait ma valeur", "Enrouler, dérouler, construire", etc. Les élèves doivent aussi estimer les dimensions de leur œuvre et lui donner un titre. Lors de la séance suivante, les élèves arrivent au parc en possession de leur projet. C’est un vaste parc, peuplé d’arbres anciens et de bambous, traversé par un ruisseau. Ce lieu reste très naturel. De grandes étendues d’herbes alternent avec des zones boisées. Il n’y a pas de massif de plantations, les fleurs sont toutes sauvages. Cet endroit très riche permet une multitude de réalisations : en automne, les feuilles colorées, les marrons, les écorces et au printemps, les pissenlits, les crocus et autres fleurs. Les élèves peuvent exploiter les milieux secs et humides, le ruisseau, la forêt de bambous, les pierres, les branches, etc.
Après avoir déambulé dans le parc, chaque groupe de travail choisit son lieu "idéal", dans lequel s’intègrera sa réalisation. A l’aide de sécateurs et de scies mais sans clou ni colle, ils se mettent au travail. Ils ont deux heures pour réaliser et finaliser leur projet. Cette séance de travail, comme les suivantes, est clôturée par l’écriture d’une fiche récapitulant le travail de chacun au sein de chaque groupe durant la séance.

    

 

Volumes

Les groupes doivent réaliser la maquette d’un nouveau projet, avec des contraintes de volume (les prismes et les cylindres) et des incitations du type : "Enfermer le plus d’espace possible", "le plein de vide", "rendre visible l’espace", etc. Des contraintes de proportions (1/3 de minéral, 2/3 de végétal) où des proportions en terme de contrastes sont imposées par le professeur d’Arts plastiques. Ce travail nécessite deux séances.

 


 

Atelier à l'espace de l'Art concret à Mouans-Sartoux (congrès de Valbonne)

 

 

Revue en ligne CréAtions n°184 "ART ET MATHS"
annoncée dans le Nouvel Éducateur n°184 - Publication : octobre 2007

Témoignages de congressistes - Congrès de Valbonne - Août 2005

Atelier à l'espace Art concret de Mouans-Sartoux
 

Découvrir des dispositifs libérateurs -  Vivre les ateliers pédagogiques 

 

        

 
Après de multiples visites et animations menées auprès de mes élèves, j’ai rencontré pour la première fois l’équipe des médiatrices des ateliers pour enfants pour échanger autour de la pédagogie Freinet et de ses liens éventuels avec la démarche de l’espace de l’art concret. Peu à peu a germé dans mon esprit l’idée de quelque chose de possible à réaliser avec elles pour le congrès 2005, et le GD 06 m’a laissé carte blanche.

Il me semblait important d’intégrer ces animatrices à nos travaux car je sentais émerger, à chaque intervention pour ma classe, des "liens" au niveau de l’expression, de l’ "apprendre à regarder", de l’appréhension du monde…Le secteur Créations s’est greffé sur cette idée pour la faire évoluer et la travailler avec les médiatrices, afin de lui donner la forme que les congressistes ont connue.

Apparemment, tous ceux qui ont vécu les ateliers proposés pour le congrès en ont retiré pas mal d’informations, « scolaires » ou plus personnelles. Des réflexions sont en marche…


                                                                                Nadine Huver-Furling

 

 

Un espace riche de possibles

Créé par deux collectionneurs, Sybil Albers et Gottfried Honegger, ainsi que le maire de Mouans-Sartoux, André Aschieri, inauguré en 1999, l’Espace de l’Art Concret défend les enjeux d’un projet artistique et culturel lié à l’éducation du regard. L’Espace articule son action artistique, culturelle et éducative autour de trois pôles complémentaires :
- la donation Albers-Honegger, lieu de conservation et de valorisation d’une collection nationale,
- le pôle – recherche, avec ses expositions temporaires dans la galerie du château : pendant le Congrès, c’est l’exposition « Le chant rythmique de l’esprit », Art musulman et Abstraction géométrique, qui était proposée.
- le pôle expérimental, ateliers pédagogiques et Préau des enfants (musée des enfants), lieu d’éveil, de questionnement et de création pour enfants et adultes.
Les ateliers proposés aux congressistes ont conjugué des activités dans l’espace atelier et dans l’exposition.

 

Témoignages

 

"Douze joyeux congressistes ont été sévir au Musée de l’art concret de Mouans-Sartoux. Nous avons manipulé des formes, des couleurs et des idées. Nous avons visité le musée et illustré des œuvres avec des objets hétéroclites. Puis, nous avons peint. Mais, - last but not least – Hervé nous a tout dit sur l’art abstrait, voici comment :
"Voyez ce petit caillou ? Hop, je le cache, je l’ai abstrait. Voilà, c’est cela l’art abstrait. À ne pas confondre avec l’art concret, le figuratif, le non-figuratif…"."
  Chantal - GD 30

 


"Nous avons eu trois ateliers entrecoupés d’une courte visite de l’exposition Art musulman et abstraction géométrique".

Premier atelier :
Le jeu du viseur : c’est un jeu créé par l’artiste fondateur du musée, Gottfried Honegger. Il est constitué de formes géométriques (disques, carrés, triangles, rectangles) de tailles et de couleurs différentes (bleu, rouge, jaune, vert, blanc, noir, gris), rangées dans une file de 10 bacs alignés au centre d’une grande pièce blanche et nue.

Consigne : prendre au hasard 10 formes géométriques. On peut travailler avec ou sans support rectangulaire (d’environ 40 x 50, de mêmes couleurs). Puis assembler ces formes à son gré, en investissant le lieu.

Dernière phase : échanges et verbalisations, en faisant émerger les notions liées à l’activité plastique (telles que symétrie, équilibre, relief, empilement, etc.) que l’animatrice note au fur et à mesure sur des affiches. Puis nous avons repris le même matériel avec cette fois pour consigne de travailler sur l’une des notions affichées. A la fin, le groupe devait deviner de quelle notion il s’agissait. 

Deuxième atelier :
Deux jeux proposés à la suite de la visite de l’exposition, soit un "viseur", version mini, en mallette, soit les "objets insolites". Pour ce dernier, il fallait piocher 2 objets au hasard et les associer à une des œuvres de l’exposition. Pour le viseur, on choisissait une œuvre, on se plaçait au centre de la pièce et on assemblait les 10 éléments choisis au hasard. Puis le groupe devait deviner à quelle œuvre cela se rapportait.
Ensuite, nous avons eu 1 heure d’atelier peinture à la gouache et au pinceau. J’ai découvert des pistes de travail que je pense mener en classe.
Yseult - GD30


     

 

Des dispositifs libérateurs

A l’adresse des médiatrices du musée de l’art concret : Un vrai plaisir à être à la place de l’élève ou de l’enfant, et à me laisser surprendre par les situations, dispositifs, que vous aviez mis en place, bref, à jouer le jeu, quoi…
Avec le viseur : Je suis toujours étonnée de la différence des regards de chacun sur une même
Proposition : autant de personnes, autant de regard, et le groupe apporte donc un enrichissement au regard singulier et partiel de chacun.
Dans l’expo : l’obligation de mettre en relation 2 objets insolites avec une œuvre a retenu mon
attention sur 2 points :

- Pour le premier : spontanément, tout le monde a cherché à faire du lien entre les 2 objets par analogies/ressemblances (moi aussi), plutôt que par oppositions/contrastes. Question : pourquoi ? Est-ce notre tendance naturelle que de chercher du lien analogique ?

- Second point : cette obligation de mettre en relation nous a obligés à regarder plus, à regarder mieux, plus attentivement, plus longuement. Quelqu’un a dit : « plus je regarde (l’œuvre), plus je vois des choses nouvelles… ». Donc, là, c’est gagné, ça fonctionne, car c’est bien là l’intérêt du dispositif.
Pendant l’atelier peinture : pur plaisir visuel de cette palette de couleurs, ses contrastes et ses nuances ; pur plaisir physique du geste d’étaler cette couleur sur la feuille, d’étendre, de voir dégouliner, de tartiner, comme un petit enfant qui fait ses premières peintures et qui découvre la joie sensuelle d’essayer chaque couleur, de les juxtaposer jusqu’à recouvrir toute la feuille. Je suis vraiment restée là-dedans par plaisir : On en mang’rait ! »
Florence Cartier,  Professeur d’arts plastiques dans le 44.

 

Merci à Sandra, Régine et Brigitte pour leur accueil et leur disponibilité. Merci aussi à Nadine, au GD 06, au chantier CréAtions et à la ville de Mouans-Sartoux d’avoir permis ce moment d’envol culturel.

Manifeste de l’art concret (1995)
L’art concret n’est pas un dogme, pas un isme, il connaît une pluralité vivante.
L’art concret est l’expression de l’esprit humain, pour l’esprit humain.
L’art concret s’oppose au sentimental, tout mysticisme salit notre esprit.
L’art concret est déterminé par la visualisation d’une pensée, non d’une méthode.
L’art concret a une tendance vers l’élémentaire, la transparence.
L’art concret n’est pas une interprétation, une copie. L‘ œuvre est l’objet réel, concret.
L’art concret n’est pas narratif, littéraire, il est proche de la musique.
L’art concret ne témoigne pas seulement du privé. Il confirme l’universel.
L’art concret ne différencie pas les beaux arts de l’art appliqué.
L’art concret est lié à l’architecture, au dessin industriel.
L’art concret veut mobiliser notre conscience, notre créativité, notre engagement social.
L’art concret veut éclairer, transformer notre milieu artificiel.
L’art concret renferme l’espoir, pour une autre culture, une pensée libérée.
Alviani, Aubertin, Brandt, Bell, Dubreuil, Fagerlund, Hafif, Honegger, Koliusis, Mohr, Pasquer, Perrodin, Rompza.

 

« Un moment très agréable et enrichissant…J’ai apprécié :
- le temps laissé à l’action et à l’expression personnelle.
- le jeu du viseur : en première partie, l‘expression qu’il permet, les échanges entre participants, la mise en action progressive et douce (mise en confiance en soi), l’émergence d’un premier vocabulaire plastique ; en deuxième partie, la lecture plus fine des œuvres exposées à laquelle il conduit.
- la partie pratique en peinture en fin d’atelier; j’aurais souhaité que ça dure longtemps, longtemps, longtemps…
- la luminosité, le calme, la douceur du lieu qui apportent comme une sérénité engageant à se laisser aller…
- l’accueil. »
  Jacky Gedem 91

« Une après-midi pleine de bonne humeur au musée de l’art concret* (à ne pas confondre avec l’art abstrait, lui même différent de l’art non-figuratif qui s’oppose à l’art figuratif, qui pourrait parfois être de l’art concret… ! Enfin en gros, car peut-être que je n’ai pas tout compris des explications d’Hervé, notre maître à tous en matière d’art… !)
Bref ! Manipulations, mise en situations riches et variées qui nous font comprendre pourquoi consignes, contraintes ou pas, peuvent parfois semer un léger trouble, principalement chez les adultes qui ont parfois tant de mal à se lâcher devant les petits copains. En trois heures, nous avons pu découvrir la richesse de ce lieu, les possibilités multiples offertes aux enfants grâce à la compétence de l’animatrice. »
Maryvonne

sommaire "Arts et Maths" 

 

Adopter un jardin

 

 

Revue en ligne CréAtions n°184 "ART ET MATHS"
annoncée dans le Nouvel Éducateur n°184 - Publication : octobre 2007

I.M.E., l’Isle Adam (Val d’Oise) - Intervenant : Xavier Boggio, plasticien

 

Adoptez un jardin

Création de flaques de résine colorées au cœur du jardin du Château d’Auvers sur Oise

 

Origine du projet
 

 En 1996, le ministère de la Culture avec les ministères de l’Education Nationale, de l’Environnement et de l’Agriculture lance une opération intitulée "Adoptez un jardin".

 

A partir de 2004, le Château d’Auvers sur Oise y participe en partenariat avec un artiste et l’Education Nationale. Une classe, accompagnée par l’artiste et des animatrices du service jeune public, s’empare d’une parcelle située dans le parc du Château et la transforme, alliant botanique et arts plastiques.

Le projet relaté se déroule en 2005. Il s’agit pour un groupe de jeunes d’un IME (Institut Médico-Educatif) de s’approprier le jardin réalisé en 2004 par une classe de CP/CE1 de La Villeneuve Saint-Martin puis de le transformer à partir de rencontres et ateliers avec un artiste local Xavier Boggio, plasticien, que nous avons présenté dans la revue Créations N°119.

   

 

Vers sommaire Arts et Maths

                                        

Appropriation du lieu - Emergence de la transformation

Atelier "Touches de couleur"

Les ateliers à l’lME

Passage de relais - Mise valeur du projet

 

 

Tisser des liens entre les mathématiques et les couleurs

   

Revue en ligne CréAtions n°184 "Arts et Maths"
annoncée dans le Nouvel Educateur n°184 - Publication : octobre 2007

Classe de CE2/CM1, école publique, Bonneveine 2, Marseille (Bouches du Rhône) - Enseignant : Jean-Noël Manouba

 Tisser des liens entre les mathématiques et les couleurs

 

 Intersections de couleurs et résolutions de problèmes
Commutativité / Associativité
Se réconcilier avec les mathématiques

 

Les couleurs nous entourent de toutes part. Elles alimentent notre perception, nourrissent notre sensibilité au monde et forgent notre sens symbolique. Elles agissent directement sur l’affectif. Les mathématiques, quant à elles, favorisent la conceptualisation et le raisonnement logique (formulation d’hypothèses, vérifications). Elles sont davantage de l’ordre du conceptuel et du rationnel. Elles entrent dans notre vie par la voie de l’école et du travail. Existe – t - il cependant, et malgré ces apparentes oppositions, des liens entre « mathématiques de l’homme » et « couleurs du monde » ? Quels tissages pourrait-on créer ?

Récemment dans l’histoire de l’humanité, l’homme s’est servi indirectement des mathématiques pour modéliser des couleurs grâce à l’outil informatique. C’est donc que la production de couleurs artificielles a besoin de mathématiques.

Inversement, aujourd’hui, les mathématiques pourraient-elles avoir besoin des couleurs ? Par exemple, les concepts mathématiques pourraient-ils être davantage circonscrits et ainsi davantage compréhensibles grâce à une approche basée sur les couleurs ?

Un premier usage des couleurs en classe de mathématique est déjà celui des éditeurs scolaires qui proposent aux enfants du cycle 2 des exercices de « coloriage » utilisant un codage des couleurs. A chaque couleur est associé un nombre et il s’agit alors de calculer correctement des sommes pour trouver la couleur que l’éditeur a choisie pour chacune des parties (toutes juxtaposées) du dessin.

Rien de bien créatif jusqu’ici, l’intérêt étant pour l’enfant qu’un coloriage juste permette parfois de découvrir ce qui se cache derrière une multitude de traits et de chiffres comme dans le très ancien jeu des points liés.

Intersections de couleurs et résolutions de problèmes

 

Une autre piste est donnée par le concept d’intersection.
Si A et B sont deux ensembles, A inter B est l’intersection des deux, c’est l’ensemble des éléments qui appartiennent à la fois à A et à B ou encore, qui sont communs à A et B.
Si l’on examine la question de l’intersection de couleurs, on s’aperçoit que certaines couleurs ont quelque chose de commun. Par exemple, le vert et le violet ont le bleu cyan en commun dans le cadre de couleurs lumière (RVB primaires). On se heurte cependant ici à un obstacle car le bleu ne peut pas être désolidarisé du jaune dans le vert ni du rouge dans le violet sans que le vert ou le violet ne perdent leur identité. Cette notion d’intersection trouve donc ici ses limites.

Cette difficulté peut cependant être contournée en définissant l’intersection de couleurs comme la superposition de deux ensembles qui s’interpénètrent ou se mélangent (définition de la couleur matière CMJ). Dans ces conditions, le jaune (A) et le bleu (B) donneraient le vert (A inter B).
 
Pour amener l’enfant à une démarche de résolution de problème, certaines couleurs peuvent être « effacées » (il suffit pour cela de photocopier un graphisme et de ne reporter que certaines couleurs). L’enfant aura alors à formuler des hypothèses qu’il lui faudra dans un second temps apprendre à vérifier grâce à un matériel approprié (crayons de couleur, peinture etc.) puis, à prouver (en se passant de tout matériel justement) en se basant sur des règles de mélange maintes fois vérifiées par tâtonnement et ainsi institutionnalisées dans la classe (processus d’appropriation).

La tâche problématique serait alors ainsi formulée « Comment obtenir une couleur donnée ? ». Dans le même esprit que les Sudoku japonais, qui sont d’autant plus difficiles à résoudre que le format des tableaux est grand, lorsque les mélanges de couleurs sont nombreux et complexes, retrouver la couleur d’origine de certains ensembles (délimités par une ligne fermée) peut devenir également un véritable casse tête.
Par exemple, comment, dans les figures ci-contre (où seules certaines couleurs originales auraient été reportées) pouvoir retrouver la couleur (couleur matière, CMJ) de chacun des ensembles non colorés ?
Le premier cas est assez simple : à quelle couleur ajoute-t-on du jaune pour avoir de l’orange ? Le rouge vient vite à l’esprit

 

Le deuxième cas est plus élaboré car des « nuances de couleurs » apparaissent. C’est ainsi que les deux verts obtenus sur l’ovale jaune ne peuvent l’être que par des bleus de ton différents, couleurs de l’ovale vertical et du polygone de gauche. On trouve de même que les deux autres ovales horizontaux ne peuvent être que rouges.
On se rapproche à cet égard de démarches (de type scientifique) fréquemment utilisées en mathématiques puisque certains choix de couleurs peuvent conduire à des contradictions et donc à des impasses, ce qui impose de modifier les hypothèses formulées, etc.


La question de l’éventuelle mathématisation d’un tel modèle de recherches de couleurs peut se faire dans un second temps, en associant simplement à chaque couleur un nombre avec une « règle » supplémentaire qui précise alors à quoi un mélange de couleurs correspondrait au niveau mathématique.

 

La production d'un élève après que le processus de traduction des couleurs en nombre et puissance ait été mis en évidence en classe entière. 

 

Commutativité/associativité

Il en résulte alors un certain nombre de principes que l’action mathématique correspondant au mélange de couleurs devrait vérifier. Cette action doit être commutative. En effet, mélanger du bleu et du jaune ou du jaune et du bleu est équivalent. Cette action doit être associative. En effet, lorsque je mélange trois couleurs, je peux en mélanger deux puis ajouter la troisième ou bien mélanger les trois en même temps.

Arrêtons-nous là ! : l’addition et la multiplication semblent déjà toutes deux convenir. Cependant, il n’est pas difficile de se rendre compte que la multiplication convient ici davantage que l’addition. Imaginons en effet que l’addition convienne. Le nombre 6 représenterait alors une couleur qui puisse être obtenue à l’aide des mélanges de 5 et 1, de 4 et 2 ou de 3 et 3. La couleur du 6 serait le résultat de mélanges divers pouvant être obtenus avec les couleurs des nombres 1, 2, 3, 4, 5 et 6. En généralisant, toute couleur (codée par un nombre n) « contiendrait » toutes les couleurs la précédant (n-1, n-2,…/… 2, 1) : on ne pourrait alors, et par exemple, jamais obtenir deux des trois couleurs primaires, ce qui ne nous conviendrait pas.

La multiplication en revanche permet de garder une trace des nombres (et donc des couleurs) par lesquels elle se réalise via une certaine forme de codage.

Ainsi, si on associe au jaune le nombre 2, au bleu le nombre 3 et au rouge le nombre 5, on obtient un système de représentation des couleurs permettant d’obtenir tout le cercle chromatique en considérant les multiples de 2 (contiennent au moins une couche de jaune), de 2m (contiennent davantage de jaune), de 3 etc.

La question de l’utilité d’une telle mathématisation du graphisme coloré se pose alors.

Nous laissons au lecteur le soin de réfléchir à toutes les possibilités offertes par un « milieu » où nombres et couleurs seraient tout autant régis par les règles de la chromatique que par celles de l’arithmétique PGCD (plus grand commun diviseur) et PPCM (plus petit commun multiple) ; notamment voir ci-après. Cela permettrait - il aux enfants de mieux comprendre les couleurs ? Les nombres ? les deux ? aucun des deux ?

En réponse à l’analyse du deuxième cas (ci - avant), on peut émettre l’hypothèse que le domaine numérique permet une discrimination plus fine des couleurs, évitant ainsi de fastidieuses recherches de couleurs.

La table de Pythagore (et ses variantes) donne d’ailleurs une clé de passage des nombres aux couleurs et inversement (coloriée comme ci - dessus dès septembre 2001, dans une classe coopérative de CE2, à Marseille).

 

Lisa et Garance réussissent une distinction non équivoque (séparation complète des couleurs et distinction entre les différentes puissances comme autant de bandes d'une même couleur). 

 

 

On peut montrer que, finalement, il suffit de considérer les nombres (2m x 3n x 5p).pour obtenir toutes les couleurs du cercle chromatique. Inversement, on remarque alors que l’on ne peut pas atteindre tous les nombres entiers naturels par une telle modélisation. Pensez à 7 par exemple !

A cet égard, parler de la décomposition de couleurs en couleurs de bases se transpose mathématiquement au niveau du codage d’un nombre par les nombres premiers. L’unicité d’une couleur obtenue à partir des mêmes quantités de peintures de base coïncide alors au niveau mathématique à l’unicité de la décomposition en facteurs premiers des entiers naturels.

Par exemple, il existe trois façons de mélanger deux doses de bleu (32) et une dose de jaune (21) : tout est mélangé en même temps (18x1 ou 1x18), les deux doses de bleu (32) sont associées à la dose de jaune (21) ou encore, une dose de bleu et une dose de jaune sont d’abord associées (3x2) puis sont mélangés à une dose de bleu.

On retrouve bien les différentes décompositions de 18 en produit de deux facteurs (18 = 18x1 = 9x2 = 6x3) et il y a concordance entre l’unicité de coloration du mélange final (quelque soit l’ordre de mélange) et l’unicité de décomposition de 18 en facteurs premiers élevé de leur puissance (18 =21 x 32 ).

Se réconcilier avec les mathématiques

Il est alors possible d’exploiter un tel système dans des activités très variées et de tout âge, à tout moment. Une telle démarche peut aider à concilier ou à réconcilier les enfants avec les mathématiques d’une part et avec la résolution de problème d’autre part, celle-ci étant trop souvent considérée comme l’apanage des mathématiques, dont elle ne constitue, encore aujourd’hui, pourtant pas assez souvent le cœur.

On propose ci-après deux exemples (figures a et b) à résoudre mathématiquement et/ou par une recherche de couleurs (cas valorisant les points de vue symétriques de PGCD et PPCM ainsi que deux autres (figures c et d) qui peuvent être à « mathématiser ».

- la figure (c) est « résolue » en couleurs.

- La figure (d) peut avoir la figure (c) comme solution mais possède une autre solution en couleurs et donc une autre solution mathématisée (que nous laissons à la sagacité du lecteur).

 

Une question mérite ici d’être posée : la mathématisation des couleurs peut-elle favoriser une coloration des mathématiques ?

sommaire "Arts et maths"

 

François Morellet, un artiste contemporain.

 

 

Revue en ligne CréAtions n°184 "Arts et Maths"
annoncée dans le Nouvel Éducateur n°184 - Publication : octobre 2007

François Morellet, artiste

 

 François, Morellet, un artiste contemporain

dont le travail est étroitement lié aux mathématiques

 

Dans notre article précédent nous avions voulu montrer que l’enseignement des mathématiques, tel que nous le souhaitions en classe, n’était pas très éloigné de la démarche artistique et qu’il pouvait être porteur d’émotions esthétiques, de sensibilité et de créativité.

Pour nous permettre de continuer notre propos, nous présentons ici un artiste contemporain dont le travail est étroitement lié aux mathématiques.
 
François Morellet est un artiste français né en 1926 qui cherche à évacuer de ses œuvres toute trace de subjectivité. Ses travaux abstraits ne semblent dépendre que de "systèmes" combinatoires. Les lignes et les courbes, pour se multiplier, obéissent à des "décisions mathématiques" de l’artiste ou au hasard de listes de nombres comme par exemple les décimales de pi ou les chiffres d’un annuaire téléphonique. Morellet vise à réduire au minimum le sens de l’œuvre d’art.
 

Même en obéissant à ces contraintes mathématiques qu’il qualifie lui-même d’ "absurdes", Morellet arrive-t-il vraiment à évacuer toute subjectivité et toute sensibilité? En regardant ses œuvres, ne ressentons-nous rien que froideur et indifférence? Ne ressentons-nous qu’une satisfaction intellectuelle?

 

Dans cette œuvre "géometree n° 85", Morellet s’inspire de la forme de deux rameaux de bois rectilignes pour construire deux carrés et d’un rameau de bois courbe pour tracer un arc de cercle. Les rameaux de bois, dans leur imperfection, nous apparaissent comme des trésors pleins de vie. Ils ne sont pas droits, ils sont "presque" droits. Ils ne sont pas courbes, mais "presque" courbes. Ils nous donnent l’impression que jamais la nature (et même la nature humaine) ne pourra se plier ou se résumer à des lois mathématiques. Malgré son apparente froideur, l’œuvre nous interroge sur les rapports entre nature, mathématiques et art.

 
Morellet a aussi expérimenté des bandes adhésives éphémères sur des supports les plus inattendus.

"Mes trames se sont échappées du lieu traditionnel de réunion pour se répandre sur les murs, fenêtres et autres sculptures qui se trouvaient sur leur passage. Tout cela grâce aux merveilleux rubans adhésifs qui se collent facilement et se décollent sans laisser de traces. J’aime l’interaction qui se crée dans la rencontre éphémère d’un système rigoureux et d’une surface accidentée."


Dans cette autre œuvre "Л puissant n° 4-1=30°-13 décimales", Morellet fait varier les angles de ses bandes adhésives en suivant les chiffres des décimales de Л. Il déclare dans les années 70 :

"En effet, si depuis 1950, mes œuvres flirtent avec le vide, c’est avec cette espèce bien particulière de vide dû à l’absence de "nature". Absence voulue de toute évocation de la "nature", de toute justification "naturelle", de tout principe naturel. Et bien, une justification de ces œuvres "dénaturées" c’est d’être en accord avec un monde comme je le conçois," dénaturé" lui aussi, débarrassé de Dieu et de son résidu: l’idée de «nature». C’est d’accepter un monde régi par le hasard et l’artifice, d’accepter un présent qui n’est plus refusé au nom d’un passé perdu ou d’un avenir à instaurer. C’est de tenter de réaliser un art "artificialiste" qui est aussi éloigné de l’art naturaliste que celui-ci a pu l’être de l’art sacré."

Pourtant, de ces œuvres ne surgit-il pas une élégance, une pureté, une énergie? Toute cette complexité, ces chemins qui se croisent au hasard, ces rencontres fortuites, n’est-ce pas la vie même ?

 
 
 
Ce "Л cheminement" ne nous fait-il pas penser aux traces d’un animal affolé? au chemin d’une vie faite d’errance, de brusques changements de direction remis en cause aussitôt? Sommes-nous nous aussi prisonniers d’un système, de notre destinée? Y a t-il quelque chose d’inéluctable dans notre propre cheminement?

François Morellet s’est aussi intéressé au dialogue entre l’architecture et l’œuvre d’art.

"Ce qui m’intéresse à l’heure actuelle serait plutôt une désintégration architecturale. C'est-à-dire trouver un autre rythme que celui de l’architecture et jouer avec les interférences de ces deux rythmes. Mes interventions ne plaisent pas aux architectes en général parce qu’elles semblent ignorer leurs esthétiques et les structures de leurs constructions. C’est normal puisque l’œuvre même consiste en un combat de deux structures: la leur et la mienne."

La brutalité de cette œuvre, intitulée avec humour "La défonce" (elle se trouve à La Défense) témoigne de son attrait pour la provocation et de son penchant pour la destruction. Une barre métallique, tel un pieu, transperce le bâtiment pour lequel elle a été créée. Elle déstabilise notre regard et fait tanguer les hautes tours de La Défense.

Dès les années 60, Morellet utilise les néons dans son œuvre.

"Les néons m’ont beaucoup occupé. C’est un matériau dur et froid qui me permet d’utiliser le temps et le rythme. On a compris qu’avec la lumière électrique, on pouvait obtenir une lumière constante et contrôlable. C’est un premier stade. […] Le second stade pour les artistes fut de jouer avec cette lumière comme leurs prédécesseurs l’avaient fait avec la lumière du jour. Nous arrivons maintenant à un troisième stade, c’est la source lumineuse elle même qui doit être considérée comme matériau plastique et non son reflet."

Dans ces installations, Il fait intervenir le spectateur qui programme l’allumage des néons. Il supprime à l’œuvre d’art son caractère immuable et définitif. L’artiste n’impose plus un moment privilégié qu’il a arbitrairement choisi; il propose une série de situations qui se développent en dehors de lui.

"La participation du spectateur à la création et à la transformation de l’œuvre d’art est sans doute la conception la plus éloignée du créateur tout puissant romantique. Les génies arbitraires, dont le 19ème siècle a fabriqué les légendes s’effacent devant le spectateur."

Dans les années 90, il entame la série des lunatiques, intitulées "lunatiques néonly". Ces formes rondes sont une référence à la lune et à son influence sur les comportements. Une spirale inscrite dans le cercle de départ constitue une grille qui sert de points d’appui aux arcs. Les segments de cercle, cette fois ci, obéissent aux chiffres aléatoires de l’annuaire du Maine et Loire comme dans la série "des relâches". Certains chiffres servent à déterminer les points d’appui sur la spirale et d’autres leur inclinaison.

 

Pourtant ces segments de cercle "obéissants" nous apparaissent au contraire indisciplinés, effrontés, frivoles, chahuteurs , épris de liberté, s’échappant même de leur "cercle cage" poussés par leur énergie lumineuse.

Ce détachement par rapport aux œuvres d’art habituellement réalisées, nous l’avons trouvé chez certains enfants qui ont pris goût à composer des dessins «obéissants». Ces enfants issus d’un milieu difficile prennent un énorme plaisir à se donner des règles dans leur composition, eux qui ont bien du mal à se donner des règles quand ils sont livrés à eux mêmes dans leur quartier. Cette recherche de régularité, de netteté dans les traits, de précision dans la réalisation est-elle le reflet de leur quête de repères, de système de valeurs qu’ils cherchent parfois désespérément dans leur famille, dans la religion, à l’école ?

Ou est-ce la peur de s’exprimer, peur qu’on les découvre ? Un refuge pour éviter la mise à nu ?

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James, deux ans de création-recherche en maths

 

Revue en ligne CréAtions n°184 "ART ET MATHS"
annoncée dans le Nouvel Educateur n°184 - Publication : octobre 2007

Cycle 3, école de Toreille, Vence (Alpes Maritimes) - Enseignant : Jean-Charles Huver

 James, deux ans de création-recherche en maths

James a effectué son cycle 3 dans deux classes Freinet de l’école Toreille de Vence : la première année dans la classe d’Éliane Hérinx et les deux autres dans la classe de Jean-Charles Huver.


Organisation de l’atelier créations-recherches

Les enfants travaillent en créations-recherches mathématiques tout au long de l’année. Chaque enfant réalise des créations ou des recherches qu’il peut présenter à la classe et qui deviennent donc « objet d’étude collectif ». Il n’y a pas de limite donnée à ces travaux : il s’agit simplement de travailler en mathématiques et tous les aspects du programme sont abordés (calcul et nombre, mesures, géométrie, résolution de problèmes, etc.). Chaque enfant chemine à son rythme, selon ses capacités, ses difficultés, ses envies, et ses créations/recherches ou celles présentées par ses pairs. Chacun peut présenter ses travaux à la classe, qui s’en saisira pour l’aider à aller plus loin, expliciter, corriger d’éventuelles erreurs, progresser, etc. Il n’y a pas de notion d’échec, mais plutôt le respect des rythmes individuels.
 

La première année

Au tout début de l’année, nous avions travaillé ensemble (le groupe classe) sur une recherche relative à un quadrilatère que les enfants connaissaient plutôt bien : le carré.

Au départ, il ne s’agissait pas d’une recherche sur la symétrie, mais plutôt d’une recherche sur le carré et ses propriétés. James a tout de suite été intéressé par les différents axes de symétrie.

Pendant l’échange qui a suivi les présentations des diverses réalisations, James a présenté son point de vue. Les enfants ont recherché les différents axes de symétrie. Ils avaient tous naturellement déjà travaillé les années précédentes sur la symétrie orthogonale. Il s’agissait donc d’un moment de réinvestissement de leurs connaissances. Chacun a cherché dans ses propres dessins les éventuels axes de symétrie.

Quelques jours plus tard, James présente à la classe cette création et pose la question suivante : « Cette figure a-t-elle des axes de symétrie ? » La réaction de la plupart des enfants a été de dire non. James lui même était d’accord avec cette réponse négative. En effet, les parties colorées ne peuvent se superposer par pliage. Il fait toutefois remarquer que si on enlevait ces couleurs, la figure avait même plusieurs axes de symétrie.

En fait au départ, il avait tracé une figure avec plusieurs axes de symétrie puis il s’était donné comme consigne de « colorier certaines parties sans qu’elles se touchent autrement que par une pointe ». Dès cette deuxième création, James va se fixer un objet de recherche : travailler sur la symétrie orthogonale. Il se lance alors essentiellement sur des feuilles quadrillées dans des recherches assez complexes qu’il présente régulièrement à la classe. Certaines ont quelques erreurs, qu’il découvre lui même (avec ou sans l’aide de l’enseignant) ou que le groupe classe fait ressortir.

Les vérifications se font ainsi :
- photocopies d’une recherche,
- pliage,
- superposition,
- mesure, etc.

Des enfants s’essaient de leurs côtés à réaliser diverses symétries orthogonales qu’ils présentent également à la classe ou qu’ils vont montrer à James. Parfois, nous nous penchons tous plus particulièrement sur une recherche pour l’approfondir ensemble.

Un changement s’impose.

Petit à petit, les recherches de James se détachent de caractères figuratifs : (yeux, visages, personnages plus ou moins étranges, vaisseaux spatiaux, etc.) Il est, malgré l’investissement dans ses propres recherches, attentif et intéressé par ce que d’autres enfants produisent : il expérimente les « trouvailles » d’autres enfants en y ajoutant toujours sa touche personnelle, à savoir la recherche de symétries orthogonales. Il n’utilise plus seulement la règle ou l’équerre mais aussi le compas, compas qu’il se met aussi à employer pour vérifier l’exactitude de ses tracés. Les recherches se complexifient d’avantage.
Lors d’une présentation, un enfant dit : « Là, ce n’est plus des maths, c’est de l’art! ». Nous suivons ensemble (le groupe classe) cette piste pendant un moment : les enfants cherchent des oeuvres d’artistes qui font penser aux travaux de James. L’artiste qui a fait l’unanimité est Vasarely.
James, interrogé, explique que lui, quand il se lance dans une recherche, ne cherche pas au départ à faire quelque chose de beau mais plutôt à faire un travail compliqué sur la symétrie. Il explique aussi qu’il aime bien les « choses symétriques », l’ordre.

Quelques enfants ont aussi ramené des tableaux en fil. Ils les ont regardés mais cela n’a pas été plus loin. Ils ont continué à travailler sur des feuilles.

 


A la fin de la première année, James était devenu une « référence » en matière de symétrie orthogonale. Les enfants allaient le voir pour lui demander une explication, de l’aide, un avis ou même pour lui demander de préparer une symétrie à compléter. A chaque fois, James répondait positivement à toutes ces demandes. Sauf à une, celle du maître : toute la première année, de temps en temps, et sans trop insister, je lui avais proposé de travailler sur autre chose qu’une feuille quadrillée, sur une feuille blanche et il avait refusé. En y réfléchissant, ce refus était certainement lié au fait qu’il était toujours dans une phase active de recherche personnelle, d’exploration du quadrillage et de ses possibilités, de dépassement de ses propres limites. Il n’était tout simplement pas encore prêt et disponible pour les demandes du maître.

James découvre le papier millimétré qu’un groupe d’enfants de dernière année du cycle 3 utilisait pour réaliser des graphiques. Pendant un moment, il l’utilisera pour réaliser ses recherches de symétries orthogonales. Il reviendra ensuite rapidement au quadrillage « simple » de ses feuilles de classeur format Seyes.
 

La deuxième année

Au retour des vacances d’été, James reprend le fil de ses recherches. Interrogé, il dira que, pendant les vacances, il en a réalisé beaucoup ; qu’il en a aussi beaucoup données autour de lui car ses amis ainsi que des membres de sa famille les trouvaient très belles. Là-aussi, je note un réinvestissement de ses connaissances. Il nous dit également avoir parlé de Vasarely… tout content et fier de lui !

De nouveau la question de l’art et des mathématiques a été posée par un des enfants de la classe. Les « anciens » évoquent donc Vasarely et un « nouveau » parle aussi de Kandinsky. Le groupe classe repart dans de nouvelles recherches sur les artistes utilisant des symétries axiales. De nombreux noms d’artistes contemporains vont alors surgir, ainsi que d’autres remarques comme : « Il y a la symétrie mais aussi l’utilisation de nombreux polygones ». Les recherches s’orientent notamment vers le cubisme. Une question est alors posée par James : « Pourquoi dans le monde, sommes-nous nombreux à aimer la symétrie ? » Vaste débat !!!

De nouveau, de très nombreuses explorations personnelles et/ou de groupes, toujours présentées, prennent naissance autour de cette thématique : ce qui est symétrique dans le monde, dans la vie de tous les jours, etc.
Les recherches de James continuent de se complexifier et il est parfois difficile de les vérifier. Pour cela, on décide d’acheter une règle graduée avec zéro central. James se met à travailler sur des feuilles blanches et fait également varier la position des axes de symétrie.

Après avoir longuement exploré, expérimenté, il est prêt à réinvestir ses connaissances. Il n’a plus forcément besoin du support de la feuille quadrillée.

 

Résumé de la démarche

Le cheminement naturel suivi par James peut se résumer ainsi (et il se retrouve dans la grande majorité des cheminements suivis par les enfants de la classe).
1) Phase de sensibilisation au phénomène
Un événement de la vie de l’enfant, de la vie de la classe a
 été rapporté. Il a suscité l’intérêt. Il est devenu, dans l’exemple décrit ici, un événement mathématique. Une première emprise sur l’événement a lieu : essai de reproduction, recherche sauvage, etc.
2) Phase de reproduction du phénomène
Avec une « machine », une aide (dans le cas de James : le pliage, l’utilisation du quadrillage), on collecte les données, on les conserve. Les premières caractéristiques du phénomène émergent lentement.
3) Phase d’exploration du phénomène
L’activité du chercheur devient plus « méthodique ». L’objet de la recherche est maintenant défini. Les données sont organisées, des variants et des invariants découverts, une technique opératoire du phénomène construite (ici savoir faire une symétrie axiale).
4) Phase de reproduction du phénomène sans « machine »
La nouvelle technique opératoire est utilisée : on mesure l’étendue de son nouveau savoir, de sa puissance.
5) Phase de réinvestissement
Avec ce nouveau savoir, on peut traiter d’autres événements de la vie, classer et créer des équivalences d’événements.
6) Prolongements (non développés ici)
autres symétries et transformations : translations, rotations et homothéties.
7) Et surtout… la phase d’analyse
Une phase présente pendant et à la fin de la recherche, une phase primordiale dans la construction du savoir, à savoir l’analyse par tous les acteurs (enfants, groupe, adulte) des démarches :
- celles qui ont été abandonnées ou rejetées,
- celles qui ont réussi,
- et leur réinvestissement ultérieur possible pour des événements similaires (ou considérés comme tels et pour lesquels de nouvelles recherches s’imposent).

(*) pour aller plus loin voir le Nouvel Éducateur n°96.

 

 

 

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Une pratique, un outil : la cage à fils

 

Revue en ligne CréAtions n° 222 "Arts et Maths"
annoncée dans le Nouvel Éducateur n°184 - Publication : octobre 2007

Classe CP/CE1, École Marie Curie, Lisieux (Calvados) - Enseignante : Pascale Borsi

 

Une pratique, un outil : la cage à fils

Tâtonnement autour d'un outil conçu par Paul Le Bohec

Création de  figures géométriques en volume

Les enfants découvrent un outil conçu par Paul le Bohec : "la cage à fils".
 

La première cage à fils a été proposée aux enfants après les vacances de la Toussaint 2004. Ils pouvaient l’utiliser librement sur leur temps de travail personnel, seul(e) ou à deux. Le nombre d’élastiques blancs n’était pas limité.
Les premières créations ont consisté à tendre les élastiques entre les deux plateaux, verticalement ou en diagonales, au hasard ou selon un alignement choisi.
 
Ensuite sont apparus les croisements, les entrelacs, les ligatures pour obtenir des fuseaux ou des figures géométriques, les nœuds plus ou moins savants.

J’ai pu constater que les filles recherchaient plus l’effet esthétique lorsque l’une d’entre elles a apporté des fils à scoubidous colorés et pailletés : les créations se sont nettement orientées vers la recherche décorative tant au niveau des fils que des motifs formés par les clous sur le plateau supérieur.

Les algorithmes ont été suivis par les formes puis, un jour, un enfant a proposé son initiale avec les clous seuls et je lui ai demandé d’essayer de la reproduire à l’aide des élastiques tendus sur le plateau du bas. La lettre L ainsi obtenue en trois dimensions ayant beaucoup plu, certains se sont lancés dans la création d’une maison.

Aucune consigne ou obligation n’était associée à l’atelier cage à fils, les enfants observaient, imitaient, proposaient ou amélioraient. Sur les conseils de Paul, et pour réengager les créations vers le volume, j’ai supprimé les fils de couleurs et proposé des élastiques plus gros qui permettaient de mieux visualiser les créations obtenues. J’ai pu constater ainsi, comme pour le dessin libre au bic ou au feutre noir, qu’ une certaine « austérité » permettait de porter attention aux lignes, aux formes, d’entamer de véritables recherches originales alors que la couleur entraînait les enfants sur des pistes plus convenues. J’avais déjà fait ce constat en utilisant une pâte à modeler brune au lieu de leur fournir un choix de couleurs.

Je viens de proposer les cages à des enfants plus jeunes puisque j’ai cette année une classe de GS. Il semblerait que leur cheminement soit identique et, pour l’instant je ne limite pas le nombre d’élastiques. Ils m’en ont donc demandé plus. Le foisonnement des lignes les passionne et ils multiplient les diagonales.

Ce qui est intéressant car, parallèlement, sur le dessin au tableau noir et avec uniquement des craies blanches, j’assiste à des débauches d’enchevêtrements qui paraissent les enthousiasmer énormément….

« Les besoins réels et invariants des enfants ? S’exprimer, dire sous forme symbolique ses réactions au monde, ses découvertes, ses chagrins, ses peurs, ses émotions, ses expérimentations sur la langue, Ils auront toujours mille choses à dire. » Paul Le Bohec.  


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Les jardiniers de l’imaginaire

 

Revue en ligne CréAtions n°184 "Arts et Maths"
annoncée dans le Nouvel Éducateur n°184- Publication : octobre 2007

Collectif « Les jardiniers de l’imaginaire » (Drôme)

 

Terres naturellement colorées : un matériau nomade

Création d’œuvres collectives in-situ

 

Origine du projet


Notre collectif de peintres et de plasticiens «Les Jardiniers de l'imaginaire » est né à l’occasion d'un « cabaret mobile » - sorte de festival Drômois, en roulottes et chevaux produit par l’association Bizz’art - qui a accueilli Indiens Navajo, troubadours du Rajasthan, rockers Touaregs, artistes de tout poil, de toutes régions. Notre imaginaire est donc nourri de cette rencontre avec l’autre qui nous communique le sien à travers son art, sa façon de s’habiller, sa façon de dire le monde…Tout se passe aussi un peu comme avec la musique traditionnelle, qui se joue où l’on veut et qui part dans les airs en laissant des souvenirs enchantés.
A l’occasion de divers événements, nous proposons une scénographie et des ateliers ouverts au jeune public et aux adultes. Ces ateliers sont orientés vers la création d’œuvres collectives in situ, en sensibilisant les participants à l’environnement. Ces oeuvres ont pour vocation, d’une part de tisser une relation privilégiée avec la Terre et ses éléments (matériaux non polluants, productions éphémères inspirées du Land-Art), d’autre part d¹investir et de se réapproprier des territoires où l’art a encore du mal à se frayer un chemin. Cette activité nous permet de nous associer à diverses manifestations culturelles : la production des ateliers accompagne alors la scénographie de l’événement.

 

 

 

Les matériaux comme une terre riche en oxydes ou le blanc d’Espagne sont sans danger pour l'arbre : on peut donc oser.

 

Déroulement des ateliers


Le public ne s'inscrit pas : il vient quand ça lui chante, s’il a lu correctement le programme où sont inscrites les heures d'atelier. En s'associant à une manifestation culturelle, nous bénéficions d'un public large (familles, artistes invités, organisateurs, membres des collectivités locales, jeunes et moins jeunes). Ce fantastique moteur accompagne les ateliers tout le long de la programmation.

Dans un premier temps, nous préparons la saison en fonction du parcours et de la programmation choisie par l'Association La Bizz'art. Certaines ethnies invitées nous aident à définir un sujet : par exemple, « un jardin aux formes géométriques », sous l’influence des architectures yéménite, musulmane, hindoue o de l'arabesque chère à Louis XIV. Sont également pris en compte les ressources des villages traversés (galets, sciure, cours d'eau), les projets des communes (éolien, peinture murale) et le lieu dans lequel se déroule l'atelier (salle des fêtes, camping, berges, etc.).

Dans un deuxième temps, nous proposons une thématique par atelier et pour le lancement, nous produisons nous-mêmes avec les personnes présentes. Un court préambule oral décrit le thème, l'environnement, les matériaux, et ce qu'on va laisser après notre passage. Un « petit souk à matériaux » est alors préparé et mis à disposition, dans lequel chacun pourra se servir. Aucun atelier ne ressemble à un autre. Nous faisons attention au choix des termes déclencheurs (des mots simples) pour illustrer immédiatement le propos, une fois le matériel en main.

En extérieur, nous invitons les enfants et les parents à transgresser les conventions. Avec les matériaux éphémères et non polluants, tout est permis et les supports inattendus sont les bienvenus : arbres, berges, routes, bacs à fleurs, murs (les municipalités sont prévenues à l'avance) et cette trace va perdurer un peu après notre passage. Questions et réponses pourront fuser encore, pendant un temps, entre les habitants et les participants : c'est une phase importante de l'appropriation de l'endroit où l'on habite et du regard qu'on lui porte. C’ est notre objectif principal. A l’intérieur, nous fabriquons des éléments qui vont trouver une place en extérieur : cabanes de brindilles et d’écorces pour créer un village utopique à l'entrée d'un camping, véhicules fantastiques en silhouettes de carton peintes, pour guider le public vers les roulottes où les musiciens se produisent.

 

 

Pour le collectif : Jérôme Guerry
Contact de l’Association : Jérôme GUERRY et Christina BELLAGAMBA–GUERRY,                                                
Place de l'église,26160 St-Gervais-sur-Roubion. Tél : 04 75 53 88 93

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Mon arbre imaginaire

 

 

Revue en ligne CréAtions n°184 "ART ET MATHS"
annoncée dans le Nouvel Éducateur n°184 - Publication : octobre 2007

Classe de CE1, École Eugène POTTIER, Montpellier (Hérault) - Enseignante : Claudine Vaugelade

 

Arbres géométriques et Haïkus

 

 

 

 

Dessiner l’arbre de la cour et après…

 

Tout a commencé par une proposition de dessin, en février 2002 : « Dessiner l’arbre de la cour », en l’observant du premier étage. J’étais loin de m’imaginer où cela nous allait entraîner ! De retour en classe, surprise ! Aucun des dessins ne se ressemble. A croire que ce n’est pas le même arbre que chacun a dessiné.

« Pourquoi de telles différences ?

- Parce que nous n’avons pas le même imaginaire », me fut-il répondu.
C’était parti ! Je leur propose alors en arts plastiques de redessiner cet arbre à l’aide exclusive de formes géométriques (la géométrie m’ayant été allouée pendant le 1/3 temps que j’exerçais dans cette classe). Les résultats furent saisissants, la différenciation s’accentuant et les formes se personnalisant.

 

C’est à ce stade que j’intervins en faisant entrer dans la classe une reproduction de « L’arbre d’amour » de Niki de Saint Phalle. Le coloriage à la manière de Nikki de Saint-Phalle renforça les effets géométriques dans le choix des couleurs et leurs interpénétrations. Une photocopie avant coloriage fut faite de tous ces arbres.

 

 

Devant l’intérêt porté à ce travail, me vint l’idée d’aller encore plus loin en proposant à chacun de créer son arbre imaginaire, sous les mêmes contraintes. Chaque auteur donna un nom à son arbre et lui associa un haïku. Certains des premiers arbres firent l’objet d’une représentation en trois dimensions (en pâte à modeler), mais un accident de manipulation mit fin à cette extension.

Seules les diverses étapes d’élaboration de cet arbre imaginaire en deux dimensions firent l’objet d’une exposition de quinze jours dans le vaste hall de l’école avec édition d’un catalogue couleur de l’exposition, dont le prix de revient fut à l’origine d’une recherche mathématique afin d’en déterminer le prix de vente.

 

Quelle fierté pour les élèves que ce vrai catalogue, dont un exemplaire fut acheté par la BCD, quelques élèves des autres classes et qui figura dans la bibliothèque de la classe de CE2!

  

 

 

Titres et Haïkus des arbres

« L’arbre du monde » de Hanane

Qui vit tout le temps
Tu te moques du temps passé
En te laissant aller au vent

« L’arbre qui tourne » de Majouline

Qui tourne
Tellement vite
Que je m’envole

« L’arbre étoile » de Frédéric

Toi qui brille la nuit
Peux-tu me donner
Deux étoiles

« L’arbre de la paix » de Damien

Toi qui veux vivre en paix
Endors toi
Je te protégerai

« L’arbre de vie » de David

Fais tourner tes piques
Pour donner la vie
A tous ceux qui t’approchent

« L’arbre de la vie » de Paul

Toi qui respires la vie
Aide moi pour vivre
Aide moi pour vivre

 

 

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Images vertigineuses

 

Revue en ligne CréAtions n°184 "Art et Maths"
annoncée dans le Nouvel Éducateur n°184 - Publication : octobre 2007

Collège K. Thoueilles, Monsempron Libos (Lot-et-Garonne) - Enseignant : Hervé Nunez

 Images vertigineuses

 

Dans les précédents numéros de CréAtions, vous avez pu déjà lire des comptes-rendus de "résidences d’artistes" au Collège de Monsempron-Libos (*). Cette pratique qui existe depuis 8 ans, fait partie d’un dispositif qui permet à tous les élèves de fréquenter la production d’artistes contemporains. Ce dispositif complète la visite systématique de tous les élèves du collège aux expositions du Château Prieural (à 10 mn. à pied depuis le collège). Si l’intérêt de se rendre à des expositions semble plus évident, l’accueil d’un artiste permet de comprendre des attitudes et les pratiques spécifiques à chaque artiste.

Cet accueil, qui se renouvelle tous les ans dans l’enceinte du collège pendant une semaine, se fait sur le mode d’un contrat qui est passé avec les artistes, en ayant bien à l’esprit que ceux-ci ne viennent pas en tant que professeurs bis ou animateurs mais "en tant qu’artistes".




Un "contrat" avec l’artiste

- L’artiste dispose d’un lieu dans le collège :
- il sera «à lui» pendant la semaine de résidence,
- il pourra l’aménager à sa manière (ou le laisser en l’état),
- il pourra éventuellement y travailler,
- il sera intéressant qu’il y présente des productions ou des éléments de son travail (carnets de croquis, maquettes…). Au minimum, les élèves devront pouvoir consulter des documents qui puissent témoigner de sa pratique. Ce seront des reproductions, catalogues, press-books, séquences filmées...


- L’artiste s’engage à être à l’écoute des élèves :
- les élèves peuvent venir le voir pendant leurs heures de permanence ou aux récréations, dans le respect du travail en train de se faire et en limitant le nombre de contacts simultanés (les élèves s’inscrivent à l’avance et énoncent par écrit une ou plusieurs questions qui serviront d’entame),
- il accepte de leur parler, de répondre aux questions concernant son travail et d’être particulièrement attentif à ceux qui voudront lui montrer leur propre travail, leurs productions en cours ou lui parler de leurs idées. Il n’est pas obligatoire qu’il leur donne des pistes de travail.


- S’il l’accepte, l’artiste mènera pendant deux jours sous la responsabilité du professeur, un projet commun avec un groupe d’élèves (une quinzaine) qui eux aussi auront accepté de travailler avec lui à plein temps :
Ce projet sera défini comme :
- un projet à penser ensemble, avec les élèves, à l’avance (échanges dès le mois de novembre par Email, par courrier, par vidéo-Mel, etc.).
- un tâtonnement "sur le vif",
- une idée définie à l’avance par l’artiste et que les élèves ont accepté (échanges dès le mois de novembre par Email, par courrier, par vidéo-Mel, etc.).
L’investissement (finalisé ou non à la fin de la résidence) donnera lieu à une présentation à un public : exposition, installation, performance…, ou à un document (livre, vidéo…).


- l’artiste pourra éventuellement proposer à l’intérieur du collège, dans des lieux qu’il choisira, des "déclencheurs" ou "incitateurs":
Ce sont des dispositifs pour que les élèves soient sollicités à agir ou à réfléchir, à échanger. Ces propositions devraient prendre en compte le milieu scolaire et l’environnement du collège.
Ce dispositif est financé en grande partie par le collège (LOLF) et par la DRAC dans le cadre de l’atelier de pratiques artistiques. Le Conseil Général complète l’offre en accordant une subvention de fonctionnement à cette opération. Certaines années, d’autres partenaires sont sollicités comme le Foyer Socio-Educatif ou l’amicale laïque… C’est l’association "pôle ressources arts plastiques" du département, l’association "Pollen, artistes en résidence à Monflanquin", qui recherche l’artiste qui viendra en résidence en fonction d’une piste d’investigation que je leur propose (de plus en plus en relation avec les expositions du Château Prieural)
.

 

Un thème abstrait comme vecteur d'activité artistique



"Vertige" est devenu le thème fédérateur de l’année parce que c’était le thème du "Printemps de septembre" à Toulouse, manifestation à laquelle j’ai pris l’habitude d’amener les élèves de l’atelier pour créer ensemble, en début d’année scolaire, un patrimoine commun d’images et d’expériences qui seront la base de notre langage de l’année.
La résidence de l’artiste n’est donc pas séparée de l’activité de l’année, elle la complète.


« La première séance de travail eut lieu dans mon bureau quelques jours plus tard. Il m’a parlé d’emblée d’un prologue qui ouvrirait le film. A Tansonville, dans la chambre du narrateur, on verrait les roses sortir du papier peint, les oiseaux entrer à l’intérieur du mur et, dans le jardin, les arbres avanceraient, reculeraient, imperceptiblement, «comme une sensation de vertige au ralenti »…
Gilles Taurand, scénariste du film de Raoul Ruiz "Le temps retrouvé" à partir du roman de Marcel Proust. Tiré de « Synopsis » (été 1999).


Des productions en dehors de la résidence


En Itinéraire de découverte, 5ème

 
Elodie, 4e



Des projets individuels à l’atelier : le vertige est une expérience

Une semaine avant Noël :

 

- Toutes les vitres du hall peintes en bleu pour déstabiliser la perception du lieu par les élèves comme les élèves de l’atelier avaient été déstabilisés lors de leur leur voyage à Toulouse lorsqu’ils avaient appréhendé l’œuvre de Diana Thater "Psyché", un espace immersif.

Atelier. Les élèves recouvrent de pigment, d’eau et de sucre les vitres du hall du collège.

- Quelques lampadaires recouverts de calque rose pour donner l’impression d’étrangeté

- Une vidéo projetée sur un mur pour donner l’impression de neige qui tombe.
Cela donne l’occasion d’échanges pendant la séquence d’arts plastiques. Les élèves de l’atelier ne sont pas très contents du résultat des vitre bleues car l’effet est moins spectaculaire qu’à Toulouse.

- L’espace sidéral d’Aurélie :. sphères de différentes tailles (les plus grandes de 1m de diamètre) ; éclairages. Les élèves sont invités à visiter l’espace, un par un. Puis en sortant, ils livrent leurs impressions sur le cahier qui leur est proposé.

 

- Le trompe l’œil de Thomas : sur le mur de la salle d’arts plastiques. une rue en perspective…

- Les escaliers sans fin de Léa : prolongement de l’escalier en le dessinant sur le sol. Au départ, il s’agissait de faire des mélanges d’escaliers pour que tous disparaissent dans la profondeur de l’abîme, mais le projet s’est simplifié.


- deux élèves préparent une expo de leurs "dessins". Si leurs productions ne rentraient pas au départ dans l’idée de vertige, les derniers s’en rapprochent peu à peu, au fur et à mesure que l’année avance, au contact du travail des autres (cadrages, motifs).

 
- Les portes illusoires d’Amina et Loïc (5e): elles s’entrouvrent sur des espaces étonnants (pas forcément figuratifs) à l’identique de celles qui jalonnent les murs du collège. Leur multiplication, leurs changements d’échelles provoquent une sensation de déstabilisation et de vertige.

Des projets « libres » en classes de 3e

 - Audric veut recouvrir une salle de feuilles d'eucalyptus afin de donner une sensation de vertige par l'odeur... Il apportera les feuilles d'eucalyptus, demandera une salle au Principal de l'établissement mais sa performance ne se fera jamais malgré mes différents rappels...

 - idées de miroirs et de mise en abîme.
 
- beaucoup d'idées autour de l'art optique
 
- peu de choses autour du son, du toucjer, de la vidéo...
 
- Soumaya : je pense faire une maquette (une banquise qui se fend). Un homme aura les jambes de part et d’autre des deux parties fendues…

- Aouatif : le "jeu de l’élastique". Une personne tourne entre deux élastiques.

- Iker : je vais créer une chose qui n’a pas de fin, où l’on ne voit pas le bout comme un "trou noir"…

- Anthony : je vais faire un petit quadrillage noir et blanc pour que cela fasse mal aux yeux.

- Vincent : je vais faire une spirale avec une lumière au fond. J’ai décidé de faire ce projet car lorsqu’on regarde des choses comme cela, on est "hypnotisé" donc c’est une sorte de vertige.
 

- Paul : faire pivoter une porte.

 
Justine (3è) réalise un mannequin qu'elle voulait placer le toit du collège. interdiction pour raisons de sécurité.
elle le placera donc en faut d'un escalier... Le problème consistait à rendre l'expression de l'appréhension (et pas de la chute...).
pour tester la pertinence de l'attitude du mannequin, il a été aussi envisagé de placer ce personnage dans un endroit pas du tout propice au vertige...
 

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