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Les plans de travail

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Avril 1996

Nombreuses sont les classes qui uti­lisent les plans de travail. Mais ces mots recouvrent des réalités très différentes...Chez certains, cet ou­til est vraiment situé au centre de toute la vie scolaire. Chez d'autres, il n'est qu'un élément de gestion d'une ou plusieurs plages horaires définies. Chacun a son ou ses mo­dèle(s)... Annuel, hebdomadaire, quo­tidien... Quel est l'intérêt de cette technique adoptée déjà par C. Freinet ? Et surtout comment l'utiliser dans une classe de maternelle, de CM2 ou de collège aujourd'hui ?

Les témoignages qui suivent apportent des éclairages qui seront, nous l'espérons, utiles à qui désire in­troduire cet outil de gestion dans sa classe.
 
Historique
 
C'est en 1928 que le livre de C. Freinet "plus de manuels scolaires" est édité. Il propose que les enfants eux-mêmes réalisent leur "manuel" avec leurs textes composés à l'imprimerie.
En 1929, Freinet propose le fichier scolaire coopératif : 25 F les 500 fiches ! Mais pour travailler avec ce matériel, une organisation s'impose.
C'est en 1936 qu'apparaissent les premiers écrits sur les plans de tra­vail pour la semaine.
"Le lundi matin, chaque enfant note sur une feuille de contrôle polyco­piée et accrochée au mur le nombre et le numéro des fiches qu'il se propose de travailler au cours de la semaine : calcul, grammaire, sciences, géo­graphie. Une place spéciale est ré­servée pour que l'enfant y note ses lectures et autres travaux person­nels. Le samedi soir, en assemblée générale, on contrôle les travaux exécutés. Un plan non terminé n'entraîne aucune sanction. Cela n'empêche nullement, au contraire, l'intéressé de prévoir pour son plan, un travail aussi important et de faire effort pour le réaliser".
En 1937, dans la brochure d'Education Nouvelle Populaire "Plus de leçons", C. Freinet analyse le fait qu'un en­fant ne montre aucun intérêt pour un travail dont il ne voit pas le but. Il faut que l'enfant ait la sensation que son travail puisse servir à ses camarades. Le remède qu'il propose est le plan de travail annuel dans chaque matière, et qui comporte tout le programme.
Ainsi les enfants ont sous les yeux tous les sujets qu'ils doivent abor­der.
Tous les soirs, nous dit Freinet, chaque enfant vient annoncer le titre de l'étude qu'il a menée : ce peut être Louis XIV, ce peut être une ex­périence... Après cette annonce vient la "conférence" pour laquelle l'enfant a compulsé des livres, lu des articles, fait des enquêtes... pour intéresser ses pairs.
Donc l'enfant dispose maintenant de son plan de travail propre et des plans annuels. Chaque début de se­maine, il remplit son propre plan pour les fiches, puis va consulter le plan de travail annuel et voit ainsi quels sujets il peut travailler en histoire, géographie, sciences.
"Sur le plan, les sujets précédemment traités ont été hachurés en rouge, ceux qui ont été traités imparfaite­ment sont hachurés en clair. On peut prendre ces sujets mais seulement si on compte les approfondir en utili­sant les travaux mêmes des camarades qui s'y sont essayés".
En 1946, dans l'Educateur n° 2, Frei­net affirme sa conception du plan de travail :
"Pour l'établissement de ces plans, nous distinguerons deux sortes d'activités : les activités profondes qui sont plus particulièrement éduca­tives et visent au développement et à l'épanouissement des sens scienti­fique, artistique, mathématique, so­cial et les actic=vités techniques qui mènent à la maîtrise des méca­nismes lire, écrire, compter, mesu­rer..."
Il préconise également l'usage de plans de travail mensuels et de plans hebdomadaires.
Les plans de travail annuels et men­suels, qui sont des plans généraux établis avec toute la classe, sont affinés :
"Au lieu d'avoir, par exemple, "étude de l'air", nous porterons sur notre plan les diverses expériences et re­cherches dont l'aboutissement serait la connaissance des problèmes scien­tifiques de l'air".
Le plan de travail hebdomadaire et individuel se prépare au cours de la semaine précédente, selon ce qui n'a pas pu être fini, ce qui n'a pas été bien compris...
De plus chaque plan comporte un gra­phique sur lequel, en plus des acti­vités classiques se trouvent les ru­briques : "tenue", "caractère", "communauté", "attention". Les points dessinés à chaque rubrique sont, bien-sûr, octroyés en accord avec l'enfant, après discussion.
Chaque matin est également préparé le plan de travail journalier collectif :
"Nous examinons ensemble le travail à faire et nous inscrivons les tâches prévues : enquête à mener, expérience à faire... avec le nom du ou des tra­vailleurs".
Pour permettre le contrôle, demandé par les enfants, Freinet adopte la formule suivante : trois semaines axées sur le plan de travail, la qua­trième consacrée aux contrôles par brevets.
 
Il n'est bien-sûr pas question d'appliquer aveuglément aujourd'hui les techniques de travail élaborées par C. Freinet. Cet historique ra­pide, la genèse de ses recherches nous permettent de constater que les questions qu'il se posait restent ac­tuelles et que les réponses apportées peuvent, à condition que nous sa­chions les adapter, nous être fort utiles.
 
Les plans de tra­vail aujourd'hui
 
Un outil de ges­tion
 
"Par outil, il faut entendre "objet fabriqué dont on se sert pour exécu­ter une tâche, un travail".
Un outil permet :
- d'accéder à l'autonomie.
- d'être responsable de ses appren­tissages.
- de mettre en oeuvre des démarches personnelles d'investigation qui mè­nent à la réussite.
- de s'approprier ou d'améliorer une notion.
- d'accompagner ou d'améliorer une démarche.
- de combler un manque
- de structurer des comportements vi­sant à comprendre, expliquer.
- de réinvestir ses acquis dans d'autres situations.
- de contrôler, d'évaluer des acquis.
- d'inciter les enfants à imaginer, à créer des travaux de même type.
- de stimuler différents comporte­ments face à des situations diverses d'apprentissage.
- de tenir compte des rythmes de l'enfant.
- de faciliter l'instauration de rap­ports de confiance."
P. Galland
Le plan de travail correspond tout à fait à ces données.
De plus, l'introduction des plans de travail apporte à l'enfant de nou­velles dimensions :
- Il a une perspective de l'ensemble des ateliers ou activités acces­sibles.
- Il a pour consigne de les fréquen­ter tous.
- Il constate donc au fur et à mesure dans quels ateliers il est passé et où il peut encore travailler.
- Il possède une mémoire du travail déjà réalisé.
- Il peut prévoir la suite de son travail.
La consigne du passage unique, lorsqu'elle existe, oblige à une ro­tation et crée ainsi une obligation de choix qui oblige parfois, par manque de place ou de matériel, à né­gocier avec d'autres enfants qui ont fait le même, ou à renoncer en atten­dant le moment propice. Des si­tuations de communication, d'apprentissage du respect de l'autre sont ainsi créées.
Mais le plan de travail n'est qu'un outil parmi tant d'autres et fait partie d'un ensemble :
"La pratique de l'individualisation du travail se fonde sur une organisa­tion réfléchie du temps et de l'espace, logiquement articulés avec l'utilisation d'un équipement maté­riel adapté et disponible : outils, machines, instruments, mobilier".
J. Terraza
La présence de ces outils ne suffit pas : il faut qu'ils soient utilisés à bon escient, au bon moment, dans un but réel et non fictif, et régulière­ment par tous les enfants. D'où l'utilité du plan de travail.
 
Le plan collectif
 
Dans une classe qui permet à la vie d'entrer, qui donne la parole aux en­fants, les projets sont légion. Pro­jets individuels, projets collectifs, projets de l'enseignant aussi. Tout cela doit être géré par le groupe si l'on veut éviter de trop s'éparpiller. Un plan de travail éta­bli collectivement est l'outil de gestion indispensable.
"Il est en quelque sorte "l'emploi du temps de la classe coopérative". Il est lié à la notion de projet du groupe : il permettra de planifier les travaux nécessaires pour les ap­prentissages, la répartition des tâches...
Dans ce plan transparaîtra une arti­culation entre les activités indivi­duelles (liées au plan de travail in­dividuel), de groupes et collec­tives".
P. Robo
Voici un exemple de plan de travail collectif dans une classe de CE2.
"Lundi matin, de 9 H 15 à 10 H. Les projets sont écrits au tableau, en vrac. Je note cette semaine là :
- Les propositions ponctuelles des enfants :
   des exposés prêts à présenter
   de la gymnastique en salle
   l'anniversaire de Gabriel
   le marché coopératif (tous les quinze jours)
   une réunion de coopérative (on a besoin de s'expliquer)
   une recherche de mathématiques (les battements du coeur)
- Les plages horaires déjà discutées et implicites pour le moment :
   une heure de travail libre le lundi matin
   des heures pour le plan de travail individuel
   une heure et demie d'animation théâtrale
   activités de français et ateliers de français
   contrôle du plan de travail de la semaine
- Mes propositions :
   histoire : l'échelle du temps
   géographie : la terre et ses cli­mats
   sciences : le squelette de l'Homme (radios amenées par les enfants)
   TV scolaire.
Les projets sont mis en place sur la grille vide tracée sur le tableau, en fonction : des décisions de mise en place des semaines précédentes, des impératifs horaires particuliers (heure TV...), des désirs des enfants (mon exposé sera prêt vendredi à 15 H).
La grille est recopiée et photoco­piée.
Ce projet est la référence pour notre rythme de la semaine. Il est globale­ment respecté. Les modifications sont décidées en réunion coopérative, sur proposition d'un ou plusieurs enfants ou de moi-même".
A. Camille
 
Le plan de travail individuel
 
"C'est un outil de programmation en fonction du projet individuel de l'enfant, du projet de la classe, du projet personnel de l'enseignant.
C'est aussi un outil d'évaluation permettant à l'enfant de mesurer l'écart entre le principe de désir et celui de réalité.
Le plan de travail individuel néces­site un contrat bipartite entre l'enfant et l'enseignant, ainsi qu'une prévision de créneaux horaires dans l'emploi du temps pour les acti­vités personnelles ou de groupes.
Le plan de travail aide à respecter les rythmes personnels de chaque en­fant et lui donne même le droit de ne rien faire à certains moments (à condition de ne pas déranger ceux qui travaillent !)
En conclusion, on peut dire que le plan de travail donne des possibili­tés d'initiatives librement décidées et des contraintes acceptées, éduca­tives et formatives.
Il n'y a pas de modèle d'utilisation ou de conception d'un plan de travail : chacun le conçoit et l'utilise en fonction de sa personnalité, au ser­vice de l'enfant.
C'est en général un tableau sur une feuille dans lequel sont inscrites des activités à réaliser dans la journée, la semaine, la quinzaine... Il permet de prévoir, de suivre puis d'évaluer ces activités libres ou obligatoires".
P. Robo
 
Les plans de travail individuels et collectifs sont indissociables les uns des autres et se complètent.
 
Un outil évolutif
 
Les plans de travail peuvent s'étoffer tout au long de l'année scolaire. Voici un exemple de plan de travail qui évolue, dans une classe maternelle de 33 élèves, selon les besoins des enfants et de l'enseignant.
"J'ai partagé les diverses activités proposées aux enfants en cinq do­maines, affectés chacun d'une couleur : lecture/bleu, graphisme/rouge, ac­tivités manuelles/jaune, activités mathématiques et scientifiques/vert, activités ludiques/brun. Chaque en­fant reçoit un cahier dans lequel j'ai collé des grilles hebdomadaires. Au moment de la récréation, ils vien­nent remplir leur cahier : ils colo­rent un carreau pour chaque activité faite en respectant la cou­leur.(encadré I)
Au bout de quelques semaines, nous avons regardé quelques cahiers et il est apparu que, sur certaines pages, il n'y avait presque que du rouge, sur d'autres beaucoup de brun etc... Je leur ai alors imposé un contrat minimum : au moins un carreau de chaque couleur par semaine.
Ne reproduire que la couleur des ac­tivités était trop vague. C'est alors que j'ai introduit le plan de travail : j'ai répertotrié la plupart des ac­tivités et les ai placées sur une grille : une colonne pour chaque do­maine. Au début, j'ai entouré chque domaine de sa couleur pour que les enfants trouvent plus facilement. Ce plan de travail s'étale sur quinze jours et les enfants cochent d'une croix l'activité faite. Le contrat minimum est de deux activités de chaque couleur par quinzaine. (encadré II)
Plus tard, j'ai compliqué pour que le plan de travail devienne un outil de lecture en même temps : le plan que j'ai donné ne portait plus que les noms des activités.(encadré III)
Conclusion : les enfants sont en po­sition d'initiative et de gestion d'une partie du temps et des activi­tés. Par contre, ce plan ne donne au­cune indication sur les acquisitions et réussites des enfants".
M. Thomann
 
Elaboration, uti­lisation
 
Les plans de travail sont souvent élaborés coopérativement par les en­fants et par l'enseignant dès le dé­but de l'année scolaire lorsque les enfants connaissent pour l'avoir déjà utilisé cet outil.
Lorsqu'il est nouveau pour eux, c'est souvent l'enseignant qui le propose, en précisant bien qu'il pourra évo­luer au fur et à mesure des besoins.
Voici un exemple de conception et d'utilisation des plans de travail dans une classe de CE.
"Les plans de travail individuels et collectifs sont établis dès le pre­mier jour de classe, coopérativement avec les enfants (quand je les ai eus au CP).
En français, quels ateliers peut-on faire ? Une liste est établie, qui servira de référence. Même chose en mathématiques, en lecture, en éveil... Je me réserve des "ateliers obligatoires" (exercices d'orthographe, fiches de maths...). Bien sûr, les ateliers sont chan­geables : on peut, en cours d'année, en supprimer, les modifier ou en ajouter.
Quand tous les ateliers sont réperto­riés, la liste est photocopiée et sert de plan de travail individuel à la semaine. Les projets de groupe ou de classe figurent aussi sur ce plan et seront inscrits au fur et à me­sure, durant l'année scolaire.
Ces plans individuels servent de "pense-bête" plutôt que de contrats : ils ne sont et ne peuvent être entiè­rement remplis à la fin de la semaine ! Cela implique, pour chacun, de faire un choix judicieux en fonction de ses envies, de ses retards, de ses projets, de ses promesses aux autres".
M. Bertet
Quand, comment remplir ses plans de travail ?
En principe, c'est au début de la se­maine (ou de la quinzaine), lors d'une séance spéciale, que les en­fants, aidés de l'enseignant, pré­voient leurs activités. Il est évi­dent que, selon que les enfants sont plus ou moins "rodés", selon leur âge, l'enseignant devra intervenir de façon plus ou moins importante.
"Tous les lundis matins, vingt à trente minutes sont réservées à la composition du plan de travail indi­viduel de la semaine.
Les responsables des tableaux de ré­partition rappellent à leurs auteurs les projets en cours et leur degré d'avancement. Les projets arrivant à échéance sont notés sur le planning de la semaine, au jour de leur commu­nication. Les enfants qui gèrent des projets communs déterminent leurs plages de travail commun dans la se­maine.
Chacun note sur sa grille de travail personnel le contenu de son activité puis le reporte sur le tableau de re­groupement des programmes indivi­duels.
En composant son menu, chaque enfant manipule le temps, l'espace, la ma­tière de son activité. Il apprend à coopérer, à communiquer, à négocier avec d'éventuels partenaires, avec des responsables".
J. Terraza
Dans certaines classes aux niveaux très différents (classes très hétéro­gènes, classes uniques, à plusieurs cours...) il est souhaitable d' uti­liser différents plans de travail. Voici un exemple dans une classe de perfectionnement qui se sert conjointement de deux plans de tra­vail : un pour le groupe d'enfants non lecteurs, un autre pour le groupe d'enfants lecteurs.
"Les plans de travail sont établis sur quinze jours.
Ce qui est commun à ces deux grilles :
- la partie où l'enfant fait ses propres choix, en relation avec un contrat de base connu de chacun et affiché dans la classe.
- la partie bilan où l'enfant fait le point, évalue son travail lors des activités collectives, le samedi après le conseil.
Le contrat de travil, modulé en fonc­tion des possibilités de chaque en­fant est :
- deux fiches d'orthographe (ou jeux de mots, mots croisés, lecture)
- écrire et/ou corriger un texte libre
- apprendre une lettre majuscule
- préparer le club de lecture
- une fiche pour apprendre à utiliser le dictionnaire
- travailler deux fois dans le cahier de techniques opératoires et/ou d'opérations
Chaque matin, l'enfant détermine le travail de la journée. J'aide les in­décis, je rappelle les points à tra­vailler... L'enfant s'y réfère à chaque changement d'activité.
S. Kuehm
Le plan de travail peut être utilisé également comme un "pense-bête" , puis comme une mémoire pour l'enfant et pour le groupe. On peut introduire alors des plans de travail "spécialisés".
"Ce plan de travail ne concerne que les ateliers "artistiques". Les deux classes de l'école travaillent en­semble à ce moment là, par groupes de deux enfants.
Le plan sert à penser à tout prévoir (cuisine par exemple) la veille, puis sert de mémoire pour chacun : "qu'est-ce que j'ai fait en maquil­lage ? Ah oui, je l'ai inscrit sur mon plan !" et de mémoire pour le groupe : "qui a cuisiné les crois­sants fourrés ?"
M et C Bertet
Quand se sert-on des plans de travail individuels?
En général, pour les plus grands, deux plages horaires (une demi heure, plus pour certains) sont consacrées au travail individuel par jour. Une seule plage par jour pour les plus jeunes. Mais rien n'est figé : chacun détermine ces plages en fonction de ses objectifs.
Voici le compte-rendu d'une réflexion menée sur le thème "autonomie et plan de travail en maternelle" lors d'une journée de travail de l'I.C.E.M à Clermont l'Hérault :
"Le plan de travail individualisé est mis au point avec l'enseignant le sa­medi matin ou pendant l'accueil du lundi matin.
L'enfant fait le bilan des activités réalisées durant la semaine et décide de celles de la semaine à venir. Un contrat minimum d'activités peut lui être demandé.
Les plages horaires réservées à ces activités peuvent se répartir de fa­çons différentes : soit deux moments distincts dans la journée, soit un seul moment plus important. On peut aussi envisager de laisser à chaque enfant le soin de gérer tout seul son temps de travail autonome, sachant les difficultés matérielles que cela entraîne. L'organisation de ces temps réservés varie selon le type de classe que l'on a (classes à plu­sieurs niveaux ou à un seul), la pré­sence à temps complet ou pas d'une ASEM efficace et, bien entendu, le nombre d'enfants.
 
Un outil d'évaluation
 
Un des mérites des plans de travail, et non le moindre, est qu'ils sont un excellent outil d'auto-évaluation pour les enfants : j'ai beaucoup ou peu travaillé, j'ai bien compris ou non, je dois apprendre ou recommen­cer...
Ils sont également un outil d'évaluation au moins quantitative pour le maître, et pour les parents (si l'on décide de le leur faire vi­ser).
Reste à organiser cette évaluation en en prévoyant les moyens matériels et en temps.
"La validation se fait le vendredi en fin de séquence de travail indivi­duel. Pendant une quinzaine de mi­nutes, les enfants font leur bilan personnel, le traduisant par une ap­préciation d'ensemble qu'ils notent au bas de leur plan de travail. Dans les cases mémoires de la grille, ils reportent les activités non réalisées et celles qui sont apparues en cours de semaine. En fin de semaine, les perspectives du nouveau contrat sont tracées. Ainsi se réalise la conti­nuité de l'activité dans le temps".
J. Terraza
Pour des enfants plus jeunes, voici une forme proche d'évaluation :
"Vendredi 13 H, c'est le jour de syn­thèse : chacun va terminer son plan, l'évaluer en dialogue avec l'enseignant, et tous deux vont convenir d'un nouveau plan de travail pour les deux semaines à venir. L'autocorrection et l'autoévaluation seront généralisés progressivement".
Document stage du GD 30
Mais le plan de travail sert aussi de "garde-fou" ainsi que l'explique le témoignage ci-dessous :
"Une grille de travail structure la semaine. Cette grille permet aux en­fants de se repérer dans le temps et de gérer leur travail personnel. Elle sert de garant pour l'administration et pour les parents. Avec les fiches de pointage et les plans de travail individuels, c'est un outil qui apaise l'inquiétude des parents de­vant la nouveauté que représente une organisation de classe Freinet".
Document Nouvel Educateur Oc­tobre 92
 
En conclusion
 
Appliquer dans sa classe les prin­cipes d'une pédagogie différenciée, organiser le travail individuel, per­sonnaliser les apprentissages, donner aux enfants la possibilité de gérer au moins partiellement leurs appren­tissages, tout cela transforme la classe en une ruche au travail.
Mais si cette ruche n'est pas parfai­tement organisée, gérée par le groupe et l'enseignant, très vite les résul­tats se révèleront non conformes et même contraires aux objectifs.
"Nous sommes à la recherche de l'ordre et de la discipline du tra­vail : nous retrouvons le sens vital profond qui pousse l'homme et l'enfant à se donner avec toute leur ardeur, avec tout leur coeur aux ac­tivités qu'ils estiment essen­tielles".
C. Freinet, "brochure d'éducation nouvelle populaire" 1948
 
Des outils de gestion doivent être introduits, et parmi eux, le plan de travail paraît incontournable.
Il n'existe pas de modèle idéal : à chacun de créer le sien, en fonction de ses conditions propres et de ses objec­tifs.
Mais laissons parler les enfants :
"On se fabrique ce qu'on apprend.
- On doit s'organiser.
- On peut choisir par quoi on com­mence.
- On peut chercher le support d'autres livres.
- On peut regarder la plan de travail de la semaine précédente pour refaire ce qu'on n'a pas bien compris.
- On se demande souvent si on a le temps de tout faire.
- On apprend à aller plus vite.
- Ce n'est pas facile de chercher dans plusieurs livres.
- On apprend à faire tout seul.
- On demande moins facilement au maître.
- On n'hésite pas à aller trouver un camarade pour une explication.
- Moi, ça m'aide encore.
- C'est vivant !"
 
Dossier de M. Bertet