Recherche archives : Pour les enseignants, Éditions de l'Imprimerie à l'École, Célestin Freinet, revue, mai 1933

Nous avons dit maintes fois ici combien il était urgent que les éducateurs en général, et les pédagogues d’éducation nouvelle en particulier, comprennent à quel point notre travail est conditionné par les nécessités matérielles, économiques et sociales dans lesquelles nous nous trouvons.

Au moment où les milliers d’instituteurs ont les yeux fixés sur nous, il est de notre devoir de tenter un puissant effort de propagande.
Nous demandons à tous nos adhérents de préparer, dans chaque département, une ou plusieurs expositions pédagogiques au cours desquelles on fera tout à la fois connaître la vérité sur les événements de St-Paul ainsi que la technique et les réalisations qui les ont suscités.

La presse réactionnaire a parlé longuement de la grève scolaire organisée à Saint- Paul par le Maire lui-même et qui a, pendant cinq mois agité la population. Grève toujours partielle malgré les pressions les plus scandaleuses puisque Freinet a toujours eu dans sa classe 15 élèves sur 28 inscrits.

On parle moins d’une autre grève, bien significative pourtant : la grève religieuse.

Au cours de la séance du 12 mai (Officiel du 13 mai), le Ministre de l’Education Nationale a été amené à répondre sur notre cas à divers interpellateurs. Voici ses paroles et actes.

Sur sa demande, M. l’inspecteur d’Académie m’a reçu le lundi 8 mai. II avait déjà entre les mains, au passage, le rapport que j’ai adressé au Ministre et intitulé : Réponse, à la dernière campagne nationale contre Freinet.

Il n’a pu faire sur ce rapport que quelques objections de détail sur lesquelles nous ne croyons pas utile de revenir.

Depuis cinq mois, en hutte aux forces réactionnaires de plus en plus agressives et jamais satisfaites, malgré les reculades des défenseurs habituels de l'école, je fais appel à ce qui reste de légalité dans la France républicaine.

En vain ! les hommes politiques se taisent ; les journaux déforment systématiquement les événements ; Monsieur le ministre lui-même donne la presse des communiqués erronés et tendancieux.

Instituteur freudien, communiste aux ordres de Moscou ! C’est sous ces titres cent fois repris au cours de l’immonde campagne que les journaux réactionnaires, et, hélas ! parfois aussi quelques journaux dits de gauche, ont mené l’attaque contre Freinet en particulier et, par-delà lui, contre l’éducation nouvelle prolétarienne dont il est un des promoteurs en France, puis contre l’école laïque elle-même.

 Je remercie tous les camarades qui, dans l’espoir de renforcer notre défense, ont manifesté à maintes reprises leur désir de se rendre à Sajnt-Paul.

Nous croyons devoir aujourd’hui porter à la connaissance de nos adhérents la proposition de notre ami Wullens, de Paris.

Wullens écrit :