Recherche archives : Célestin Freinet, revue, novembre 1965

Sur ces bases de tâtonnement expérimental (1), nous pourrons alors établir une pratique effectivement valable. Mais au préalable, nous croyons utile de faire le point sur deux questions controversées :

De nombreux lecteurs ont compris la nécessité de chercher en commun la mise au point d’une pédagogie moderne qui nous servira de guide permanent pour les expérimentations en cours.

Nous verrions ce travail coopératif en deux étapes.

D'abord rechercher — et ce doit être assez facile — les principes généraux sur lesquels nous pourrions être bien vite d'accord :

— l’expression libre

— le travail individualisé et programmé

Les sciences ont pris incontestablement, dans le monde contemporain, une importance primordiale et quelques — unes de leurs conquêtes sont non seulement spectaculaires, elles sont en train de déterminer et de menacer parfois les destins mêmes de l’humanité.

Il serait donc normal et indispensable que l’Ecole prépare les enfants à s’y adapter certes, mais aussi à les comprendre et à les faire progresser.

On nous reproche parfois : vous ne parlez pas assez des classes de transition et des classes terminales ni de tous les enseignements spécialisés pour lesquels les récentes instructions recommandent notre pédagogie.

Nous avons rendu compte, en son temps, de la publication au Canada de l’important rapport de la Commission Parent, qui concluait à l’introduction des méthodes actives — de notre pédagogie et de nos techniques en particulier — dans toutes les écoles des divers degrés.

Notre Institut Coopératif de l'Ecole Moderne administre l’ensemble complexe de notre vaste entreprise pédagogique avec l'édition de nos revues, la propagande départementale et nationale, les stages et les Congrès.

Le problème n'est pas nouveau. Il a suscité une très abondante littérature. L'Institut de l’Unesco pour l’Education de Hambourg avait pris l’initiative de deux rencontres d’experts, l’une en mars 57, l’autre en mars 58. Entre temps une documentation avait été rassemblée sur le régime en vigueur dans une vingtaine de pays. F. Hotyat en a résumé l'essentiel dans un livre paru chez Bourrelier :

La mode est aujourd'hui à l'alphabétisation et à la lutte contre la faim dans le monde, deux maux, fruits du colonialisme et de l'exploitation qui pendant plusieurs siècles ont dominé les rapports entre Etats.

Y a-t-il des méthodes de travail et de vie qui abêtissent ? D'autres qui enrichissent et libèrent ?