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Au retour de l’Unesco, pour la célébration du centenaire de C. Freinet, les enfants de l’école Freinet de Vence entreprennent des démarches pour protéger leur école, la conserver et la faire inscrire à l’inventaire du patrimoine historique national.
Les textes qui suivent sont extraits des dossiers réalisés par les enfants et présentés lors des différents conseils d’école.

Il était une fois un groupe d’enseignants pratiquant la pédagogie Freinet. Dans leurs classes de nombreuses productions enfantines voyaient le jour. Ils en vinrent à rêver à un mode de diffusion plus large que les journaux scolaires locaux ou autres correspondances inter-classes. Ils en ont rêvé, et ils l’ont fait !
Ainsi est né J Magazine et le chantier qui lui est associé.

21 juillet 1998, 9 h 40 l’avion se pose sur les pistes de l’aéroport de Narita à 70 km de Tokyo. Les collègues japonais nous attendent dans le hall d’accueil avec beaucoup d’enthousiasme et d’effervescence, pour nous dire enfin «  ça y est  ».
La Rencontre internationale des éducateurs Freinet peut commencer...

Les aigles ne montent pas par l'escalier

On a beaucoup légiféré depuis deux ou trois décennies de manière scienti­fique et souvent à priori sur les pratiques pédagogiques. Pour faire face au désarroi de très nombreux en­seignants, enserrés dans des réformes successives parcel­laires induisant des "comment" normatifs mais jamais des "pourquoi", on a prescrit des so­lutions miracles, une ins­trumentation sophistiquée ou gadget, dénaturant souvent ainsi les apports des re­cherches en didactique, en psycholo­gie sociale, en psychologie cogni­tive.

L’adjectif accolé à l’ancien titre d’Éducateur rappelle le tournant tragique où, en octobre 1986, tout aurait pu s’interrompre avec la mise en liquidation judiciaire de la Coopérative de l’enseignement laïc. Seule la reprise des activités éditoriales par la nouvelle société des Publications de l’École moderne française (PEMF) a permis d’assurer la continuité. A la rentrée scolaire suivante, était lancée une nouvelle formule
de la revue pédagogique du Mouvement, afin d’assurer la pérennité du débat sur l’éducation. Cent numéros plus tard, le pari a été tenu, mais les difficultés économiques récentes ont rappelé que, dans le contexte actuel, aucun combat n’est définitivement gagné.
Comme la profondeur de l’ancrage permet de mieux résister aux tourmentes, et elles n’ont pas manqué depuis trois quarts de siècle, Michel Barré nous propose d’observer le cheminement accompli depuis l’origine. Non pas dans un esprit de célébration et encore moins de nostalgie, mais parce que l’analyse du passé est l’un des moyens d’envisager plus lucidement les actions présentes ou futures.

Jacques Lévine, le passeur de relais
Longtemps, l’initiation à la pensée de Freinet s’est limitée à la présentation des outils scolaires et des modes d’organisation de la classe. Actuellement, la demande des enseignants porte moins sur les méthodes de présentation des connaissances que sur l’acquisition de la capacité à faire face aux demandes réelles des élèves, surtout dans les collèges et les lycées. Ces demandes deviennent transparentes lorsqu’on réussit à les faire parler en confiance comme cela se produit souvent en séances de « conseil ». Même scénario chez les ensei-
gnants eux-mêmes.
La concertation ne s’improvise pas. Quand j’ai vu intervenir Jacques Lévine dans une école à Paris, ce qui m’a conquis c’est sa sérénité, sa capacité à faire éclore les sincérités d’analyse. Dimension du groupe ? Pas celles d’un public, mais d’un petit nombre, au début 2 ou 3 enseignants, essayant de préciser leurs difficultés, pas à pas. Le fait d’en parler amorçait déjà chez certains l’entrevue de solutions. Il y a incontestablement entre Lévine et Freinet des traits communs : la simplicité, la clarté, l’évidence et la chaleur du propos. Que ce soit devant une grande salle ou au milieu d’un petit groupe, Freinet et Lévine savent écouter beaucoup, plaisanter pour alléger les moments dramatiques, permettre l’écoulement lent et hésitant des témoignages. Cette vertu des psychanalystes, il est nécessaire de l’éclairer et de la transmettre aux enseignants en leur apprenant à casser, ne serait-ce qu’un moment, la dynamique de violence engendrée par l’effet masse de nos classes.
Roger Ueberschlag